🔴 Élections au Gabon : le gouvernement coupe Internet et instaure un couvre-feu

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Le gouvernement a coupé internet samedi « jusqu’à nouvel ordre et sur toute l’étendue du territoire » et instauré un couvre-feu de 19h à 6h à partir de dimanche, alors que la population gabonaise se rendait aux urnes pour désigner son président, ses représentants législatifs et ses leaders communaux.

Selon le ministre de la Communication, Rodrigue Mboumba Bissawou, qui s’est exprimé à la télévision d’État, ces mesures ont été prises pour faire face aux « appels à la violence » et aux « fausses informations » circulant sur les réseaux sociaux, ainsi que pour « prévenir tout débordement et assurer la sécurité » des populations. Il est désormais également obligatoire de demander une autorisation trois jours avant d’organiser toute réunion ou manifestation.

Quelques heures avant l’annonce de ces mesures, le principal opposant du président sortant, Ali Bongo, Albert Ondo Ossa, avait appelé son adversaire au pouvoir depuis 14 ans à partir, tout en garantissant sa sécurité, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Il avait également dénoncé des cas de fraudes « orchestrées par Ali Bongo et ses partisans » et exigeait d’être proclamé vainqueur.

« Albert Ondo Ossa doit être déclaré vainqueur à la fin de la journée », a-t-il affirmé.

Propulsé quelques jours avant le scrutin par la plateforme Alternance 2023, qui rassemble les opposants de Bongo, Albert Ondo avait exhorté les Gabonais à « ignorer » les législatives pour se concentrer sur la présidentielle, car le Centre gabonais des élections (CGE), qui organise les scrutins, avait introduit au dernier moment un bulletin unique pour les deux votes, liant impérativement le candidat à la députation au candidat du même parti à la présidence. Selon le candidat indépendant Albert Ondo, il s’agissait d’une manœuvre destinée à favoriser son adversaire et son parti, le Parti démocratique du Gabon (PDG).

Le scrutin tenu samedi s’est déroulé sans observateurs internationaux, africains ou européens, et aucun journaliste étranger n’a reçu les accréditations demandées ni n’a été autorisé à entrer au Gabon pour couvrir les élections, a regretté la veille l’ONG Reporters sans frontières.

La Haute autorité de la communication (HAC) du pays, citée par la télévision d’État, a également décidé « l’interdiction provisoire de diffusion au Gabon des médias France 24, RFI et TV5 Monde« , auxquels il est reproché un « manque d’objectivité et d’équilibre dans le traitement de l’information en lien avec les élections générales en cours ».

Ali Bongo, âgé de 64 ans, candidat à un troisième mandat autorisé par la Constitution gabonaise, modifiée le 6 avril dernier par une grande majorité du Parlement, souhaite poursuivre la « dynastie Bongo » à la tête du pays, une dynastie qui dure depuis plus de 55 ans, initiée par son prédécesseur et père, Omar Bongo.

 

Yaya Diomandé / Oméga Médias

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