L’ONG Reporters sans frontiĂšre (RSF) dĂ©nonce, dans son dernier rapport intitulĂ©, « Dans la peau dâun journaliste au Sahel », la « zone de non-information », que devient cette partie du monde du fait de la dĂ©tĂ©rioration des conditions dâexercice du mĂ©tier de journaliste.
Ce rapport de 40 pages, publiĂ© lundi, relĂšve quâĂȘtre journaliste dans le Sahel câest « devoir faire face Ă des bandes armĂ©es radicales (âŠ) qui n’hĂ©sitent pas Ă assassiner des journalistes (âŠ) les enlĂšvent ». Il faut Ă©galement savoir composer avec de « nouveaux pouvoirs installĂ©s Ă la faveur de coups dâEtat et qui imposent Ă la profession leur conception du journalisme et leurs âinjonctions patriotiquesâ », dĂ©plore lâorganisation.
Ă cette situation, sâajoutent « les piĂšges des mercenaires de la dĂ©sinformation », les producteurs de contenu sur les rĂ©seaux sociaux qui vĂ©hiculent de plus en plus de fausses informations, auxquels doivent Ă©galement faire face ces journalistes.
Et en lâespace de 10 ans, ce sont 5 journalistes qui ont Ă©tĂ© tuĂ©s au Sahel, 2 rĂ©cemment portĂ©s disparus et des centaines dâautres menacĂ©s et ne pouvant plus exercer leur profession sans risquer leur vie, regrette aussi le rapport.
« Cette partie du continent africain est dangereusement en train de devenir une rĂ©gion privĂ©e de journalistes indĂ©pendants et dâinformations fiables, oĂč lâautocensure devient la norme », a dĂ©plorĂ© le Directeur du bureau de RSF pour lâAfrique subsaharienne, Sadibou Marong.
En rappelant aux pays du Sahel que la gestion complexe des attaques terroristes et la riposte des armĂ©es rĂ©guliĂšres ne sauraient ĂȘtre un motif pour violer le droit Ă lâinformation et la libertĂ© de la presse, Reporters sans frontiĂšres interpelle Ă©galement les organisations sous-rĂ©gionales sur la nĂ©cessitĂ© d’Ă©laborer un code de conduite sous rĂ©gional pour la sĂ©curitĂ© des journalistes en zone de conflits.
Ce rapport paraĂźt dans un contexte tendu pour les mĂ©dias au Burkina, avec les rĂ©centes expulsions des journalistes, AgnĂšs Faivre du journal LibĂ©ration et Sophie Douce de Le Monde. Des journalistes burkinabĂš y font lâobjet Ă©galement de menaces et dâintimidations.
Pour faire face Ă cette recrudescence des menaces, parfois de mort, dont ils font lâobjet, ces journalistes se sont rassemblĂ©s en une plateforme dĂ©nommĂ©e « Collectif des journalistes, activistes et leaders dâopinion victimes de menaces au Burkina Faso ».
Lâobjectif principal de cette plateforme selon ses membres « est de protĂ©ger leurs vies et celles de leurs familles, ainsi que leurs outils de travail que sont les mĂ©dias ».
Yaya Diomandé / Oméga Médias