« Pour lutter contre un rĂȘve morbide et obscur, il faut y opposer un rĂȘve lumineux et plein de vie », foi de Etienne Minoungou, qui s’inquiĂšte de l’ampleur que prennent « la fureur, la haine, la propagande et des appels au lynchage de burkinabÚ » dans l’espace public.
Le comĂ©dien dramaturge invite le BurkinabĂš Ă emprunter « le chemin de la parole sage, collective, ou la luciditĂ© courageuse de toutes nos ressources sociales ». Une solution selon lui Ă cette guerre « fratricide ». Nous vous proposons l’intĂ©gralitĂ© de cette tribune.
« Depuis quelques temps la fureur, la haine, la propagande et des appels au lynchage de burkinabĂš, inondent l’espace public au Burkina Faso.
Presque toutes les voix les plus raisonnables et lucides se sont tues, sauf encore (Dieu merci) quelques unes… A la place, les vocifĂ©rations les plus effrayantes sont diffusĂ©es via des audio et vidĂ©os Ă travers les rĂ©seaux sociaux. ShootĂ© par une sorte de drogue dure, on ne se parle plus, on ne discute plus, on crie, on insulte.
Une terrible rage chauffĂ©e Ă blanc grignotte progressivement les cĆurs et les esprits dans un triste mĂ©lange de peur, d’indiffĂ©rence, de lassitude et de propagande gĂ©nĂ©rales.
Vers quel abĂźme allons nous dĂ©sormais ? La demande ou la rĂ©clamation de sang quotidien devient de plus en plus pressante dans cette lutte contre l’insĂ©curitĂ©. Et cela nous est fourni avec une terrible froideur mathĂ©matique par les compte rendus de guerre. Soit. La victoire sera bien Ă©videmment, un jour, du cĂŽtĂ© de la vie. Mais quel goĂ»t aura cette victoire lĂ ?
Quelle que soit l’issue de cette guerre , son nom sera « Fratricide ». Et nous mettrons un siĂšcle Ă rĂ©parer ses dĂ©gĂąts.
Pour lutter contre un rĂȘve morbide et obscur, il faut y opposer un rĂȘve lumineux et plein de vie. Ce n’est probablement pas ce que nous sommes entrain de faire. Peut ĂȘtre faudrait-il retrouver le chemin de la parole sage, collective ou la luciditĂ© courageuse de toutes nos ressources sociales en retrait….Peut-ĂȘtre. »
Ătienne Minoungou
