🔴 [DIGNE D’INTÉRÊT] : « Quelle que soit l’issue de cette guerre, son nom sera « Fratricide » », Etienne Minoungou

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« Pour lutter contre un rêve morbide et obscur, il faut y opposer un rêve lumineux et plein de vie », foi de Etienne Minoungou, qui s’inquiète de l’ampleur que prennent « la fureur, la haine, la propagande et des appels au lynchage de burkinabè » dans l’espace public.

Le comédien dramaturge invite le Burkinabè à emprunter « le chemin de la parole sage, collective, ou la lucidité courageuse de toutes nos ressources sociales ». Une solution selon lui à cette guerre « fratricide ». Nous vous proposons l’intégralité de cette tribune.

« Depuis quelques temps la fureur, la haine, la propagande et des appels au lynchage de burkinabè, inondent l’espace public au Burkina Faso.

 

Presque toutes les voix les plus raisonnables et lucides se sont tues, sauf encore (Dieu merci) quelques unes…  A la place, les vociférations les plus effrayantes sont diffusées via des audio et vidéos à travers les réseaux sociaux. Shooté par une sorte de drogue dure, on ne se  parle plus, on ne discute plus, on crie, on insulte.

Une terrible rage chauffée à blanc grignotte progressivement les cœurs et les esprits dans un triste mélange de peur,  d’indifférence, de lassitude et de propagande générales.

 

Vers quel abîme allons nous désormais ? La demande ou la réclamation de sang quotidien devient de plus en plus pressante dans cette lutte contre l’insécurité. Et cela nous est fourni avec une terrible froideur mathématique par les compte rendus de guerre. Soit. La victoire sera bien évidemment, un jour, du côté de la vie. Mais quel goût aura cette victoire là ?

Quelle que soit l’issue de cette guerre , son nom sera « Fratricide ». Et nous mettrons un siècle à réparer ses dégâts.

 

Pour lutter contre un rêve morbide et obscur, il faut y opposer un rêve lumineux et plein de vie. Ce n’est probablement pas ce que nous sommes entrain de faire. Peut être faudrait-il retrouver le chemin de la parole sage, collective ou la lucidité courageuse de toutes nos ressources sociales en retrait….Peut-être. »

 

Étienne Minoungou

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