🔴 Décès de Ladji Yoro : Déjà un an!

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Il y a de cela un an que Soumaila Ganamé dit Ladji Yoro a été tué avec 40 autres personnes (Volontaire pour la Défense de la Patrie et d’autres civils). Un drame survenu lors d’une escorte des commerçants de Titao partis se ravitailler en vivres à Ouahigouya (Centre-nord).

 

Dernières heures de Ladji Yoro

Alors qu’une grande marche s’organise le 26 juin 2021 dans la ville de Titao, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Ouahigouya, pour réclamer protection et retour de l’État, Ladji Yoro fait l’objet d’un reportage du groupe Oméga médias. Un reportage du journaliste grand reportage Liradan Philippe Ada qui lui a valu le prix du Super Galian 2022.

Dans ce grand réportage Ladji Yoro a expliqué que « Nous devons dire à nos autorités que nous sommes en difficultés » avant de rappeler dans la foulée que « depuis le début de la saison sèche, nous n’avons vu aucun soldat venir appuyer les missions de sécurisation initiées par les VDP. Nous ne demandons ni de l’argent ni à manger. Mais qu’ils nous aident à sécuriser notre territoire le long de la frontière avec le Mali. Nous sommes partants pour faire un ratissage de trois mois »

Le 23 décembre alors que Ladji Yoro et ses hommes escortaient des commerçants de Titao partis se ravitailler en vivres à Ouahigouya. De retour, ils sont tombés dans une embuscade. L’un des compagnons d’armes de Ladji Yoro et rescapé de ces violents combats avait raconté que « les assaillants étaient très nombreux. On a compté plus de 500 personnes. Ils avaient des armes lourdes, des mitrailleuses 12.7 mm et 14.5 mm, des pick-ups, des roquettes, des PKMS [kalachnikov] et des gaz lacrymogènes. Quand ils voient que les combats durent, ils tirent des gaz. C’est là que beaucoup de combattants sont tombés parce que certains ont cherché à se replier. Les militaires sont ensuite arrivés en renfort. Cela a permis de repousser l’offensive, et c’est grâce à ça qu’il n’y a pas eu plus de morts dans la population ».

Deux semaines plus tôt, le 9 Décembre, 14 Volontaires pour la Défense de la Patrie selon ce dernier étaient déjà tombés sur ce même tronçon Ouahigouya-Titao. Censés escorter des militaires, ils étaient partis en éclaireurs sur cet axe très dangereux, drapeau rouge à l’épaule, pour être reconnaissable en cas d’appui aérien. « Mais l’appui a fait défaut. Le 23 décembre, on a eu l’appui d’un hélicoptère à l’aller, de Titao à Ouahigouya. Tout s’est bien passé. Au retour, cet hélicoptère n’a pas pu nous accompagner », précise ce VDP proche de Ladji Yoro.

 

Hommage rendu au disparu

 

Le jour de la levée du corps de Ladji Yoro à la morgue du Centre hospitalier universitaire régional de Ouahigouya, les parkings à moto étaient saturés. À l’occasion du dernier hommage à ce Volontaire pour la défense de la patrie mort au combat le 23 décembre à l’âge de 42 ans, la foule est compacte. Et elle s’épaissit encore pour escorter le cortège funéraire jusqu’au cimetière. Motos par centaines, tricycles, voitures rutilantes des officiels qui ont fait le déplacement de la capitale Ouagadougou, située à environ 200 kilomètres au sud.

Un ballet impressionnant, presque infini, le long du trajet bordé de latérite rouge. Les images du guerrier autodidacte, chapeau de cow-boy et ceinture de munitions autour du cou, abondent, et les louanges pleuvent : « valeureux combattant », « samouraï de la brousse », « édifice de la nation », ou « intrépide VDP », selon la formule du président Kaboré.

Parmi les officiels présents, le ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants Aimé Barthélémy Simporé, l’un de ses prédécesseurs, Chérif Sy, des membres de gouvernement, des députés, des officiers. Ladji Yoro a été inhumé au son de la musique militaire et élevé à titre posthume au rang de chevalier de l’ordre de l’Étalon.

Le président du Burkina Faso d’alors Roch Marc Christian Kaboré, a rendu un hommage appuyé à Ladji Yoro, considéré comme l’un des leaders des supplétifs civils de l’armée.

Bruno Bayala

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