🔴 Burkina : une longue série « d’enlèvements » de personnes

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Depuis quelques mois, le Burkina connaît une série de disparitions forcées de personnes, souvent emmenées par des hommes armés encagoulés, parfois devant les membres de leurs familles.

Le dernier en date, Me Guy Hervé Kam, avocat, a été conduit mercredi à sa descente d’avion à l’aéroport de Ouaga vers un endroit alors inconnu, alors qu’il venait d’arriver de Bobo. Il faudra une prospection de l’Ordre des avocats pour découvrir que Me Kam est gardé dans les locaux de la Sûreté d’État. Le communiqué du Barreau burkinabè précise qu’aucun des procureurs ayant competence sur la ville de Ouaga n’a été informé ou n’a ordonné l’arrestation de l’avocat.

Au Balai citoyen, dont Guy Hervé Kam a été porte-parole, il est question d' »enlèvement », de même pour le mouvement Sens, dont il est le coordonnateur national.

Ces derniers mois au Burkina, un certain nombre de personnes, des plus célèbres aux illustres inconnus, ont été – pour rester mesuré – emmenées vers des destinations inconnues.

Anselme Kambou a été l’un des tout premiers, le discret homme d’affaires a été enlevé en septembre dernier par les hommes de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Courant novembre 2023, jugeant l’enlèvement illégal, le Tribunal administratif avait ordonné à la même ANR de mettre fin à la détention de l’homme.

Mais il n’en a rien été. Jusqu’à ce jour, Anselme Kambou est encore détenu on ne sait où.

Bien avant le businessman Kambou, Issouf Nikiéma, ex-député maire de Komsilga, a été lui aussi enlevé en juillet 2023. De ses dires, il lui a été reproché de tenir des réunions pour déstabiliser le pays, accusations que l’homme politique dit avoir réfuter devant ses ravisseurs.

Après quelques jours de détention, il sera relâché.

Un mois plus tard, bis repetita, dans la nuit du 24 au 25 août vers 4h du matin, des hommes armés et encagoulés se présentent à son domicile selon ses dires. Il faudra le tact de son vigile et la réactivité de ses voisins pour que l’ex-maire échappe à ses étranges visiteurs.

Le Lieutenant-colonel Evrard Somda, lui, n’a pas bénéficié des égards de ses voisins. Le 14 janvier dernier, des hommes en armes font irruption au domicile de l’ancien Chef d’État major de la Gendarmerie nationale (CEMGN). Selon le récit de son épouse, l’officier supérieur a été emmené manu militari en présence de ses enfants.

Depuis, plus aucune nouvelle de lui. À en croire son épouse, le LCL Somda avait toujours répondu aux convocations de la justice militaire avant ces événements.

Ces derniers mois, de nombreuses signalisations ont fait cas de personnes emmenées par des hommes non identifiés. Parmi elles, Daouda Diallo, président du Cisc, était sous le coup d’une mobilisation par le Commandant des opérations du théâtre national (COTN).

Ablassé Ouedraogo, président du parti le Faso autrement, sera aussi pris et emmené vers une destination inconnue par, toujours, des hommes armés non identifiés alors qu’il rentrait à peine d’un voyage.

Et la liste est longue, Salif Taïta, ancien directeur de cabinet du ministre de la communication sous Roch, Prosper Bassolé, directeur de cabinet du richissime patron du groupe Ebomaf, ou encore Younoussa Sanfo, célèbre expert en informatique.

En dehors de ces personnes connues, des cas de disparitions sont signalés par des familles, cela concerne des personnes bien moins connues. Toutes emmenées vers une destination inconnue.

À ce jour, aucune communication officielle sur leur cas. Rien que des posts d’activistes, qui font état de leur supposée implication dans des coups d’État. Les autorités, elles, gardent le silence.

Ce que l’on sait, c’est qu’à la date du 18 janvier dernier un communiqué du gouvernement faisait état d’une nouvelle tentative de « déstabilisation du Burkina » mise en oeuvre par un réseau composé de civils et militaires. Faut-il y voir un lien avec les dernières personnes emmenées vers des destinations inconnues? La question reste entière.

Gildas Da / Oméga Médias

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