🔴 Burkina Transition – Le SG de l’ONU souhaite un délai acceptable (Interview)

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Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a souhaité, jeudi, « un délai acceptable ». « Je m’attends que ce soit possible d’avoir une solution au Burkina, qui soit acceptable en matière de délai de la transition », a réagi le patron des Nations unies, invité Afrique de Radio France internationale.

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RFI: Ce mardi lors de votre étape à Niamey vous avez demandé à la communauté internationale d’investir à fond dans le renforcement des capacités de l’armée du Niger est-ce que vous pensez au renforcement de la Task force européenne ou peut-être à l’arrivée d’autres forces internationales ?

  • Antonio Guterres : Non, Naturellement ces forces sont-elles bienvenues et elles sont importantes mais il faut renforcer la capacité du pays de se défendre lui-même. L’armée du Niger est une armée qui a démontré un courage exceptionnel alors vraiment cette année fort gigantesque pour une armée qui est mal équipée et il faut qu’elle ait la capacité de mouvement, la capacité de renseignement, des drones, des voitures blindées, climatisées parce qu’il y a des températures de 44 degré (…) Et d’autres instruments de vision nocturne, des équipements avec quoi aux combats contre des terroristes qui se mouvementent très rapidement sur les motos et en même temps renforcer l’entrainement, la capacité de ses forces. Naturellement la présence de Barkhane de Takuba sont extrêmement importantes mais mon expérience me dit que ce n’est pas possible de défendre un pays seulement avec des forces étrangères et quand on voit la situation au Burkina, quand on voit la situation au Mali, où il y a eu des coups d’Etat militaires, je crois qu’il faut vraiment transformer la frontière du Niger en une muraille, une muraille qui ne permet plus au terrorisme de pénétrer et pour ça, il faut que l’armée du Niger ait une capacité bien au-dessus de ce qui existe aujourd’hui.
  • RFI : Alors justement vous parlez du Mali, vous parlez du Burkina, lors de cette tournée vous vous êtes adressé aux trois pays d’Afrique de l’Ouest qui ont connu un coup d’Etat, vous les avez invité à rétablir l’ordre constitutionnel dans les plus bref délais. Mais regardez au Mali les militaires veulent rester au pouvoir pendant encore deux ans, au Burkina Faso et en guinée ils veulent rester pendant trois ans, est-ce que vous n’êtes pas en train de prêcher dans le désert ?
  • Antonio Guterres : Non je crois que les situations sont différentes. La Guinée, c’est peut-être la situation où le dialogue est plus difficile. En ce qui concerne le Mali c’est vrai qu’il y a encore une proposition de deux ans mais c’est vrai qu’ils ont commencé par cinq et que le dialogue continue, alors espérons que ce soit possible de trouver une solution et au Burkina je crois que le caractère du Coup d’Etat a été différent. Au Burkina il y a une situation d’extrême fragilité et le dialogue continue et je m’attends que ce soit possible d’avoir une solution au Burkina, qui soit acceptable en matière de délai de la transition.
  • RFI : Au Mali à la fin du mois de mars, plusieurs centaines de personnes ont été tuées à Moura dans le centre du pays à l’occasion d’une opération de l’armée malienne, mais depuis cette date, l’équipe de la Minusma qui voulait enquêter sur cette tuerie n’a pas été autorisée à se rendre sur place alors, est ce que les 14000 casques bleus de la Minusma servent encore à quelque chose et le mois prochain en conseil de sécurité est-ce que vous allez plaider pour le renouvellement ou pour la fin de leur mandat ?
  • Antonio Guterres : Il faut regarder la situation réelle, la situation réelle c’est que sans la Minusma je crois que le risque d’écroulement du pays serait énorme. La situation réelle est aussi une situation de coopération très difficile entre la Minusma et les forces maliennes. En ce qui concerne les questions de droits de l’homme pour nous ces questions sont essentielles et nous n’allons pas oublier ce qui s’est passé et nous allons continuer à insister, il faut une enquête internationale crédible sur ce qui s’est passé parce que naturellement la protection des civils est un aspect essentiel de la Minusma, si vous me demandez si je suis confortable avec cette décision, je dois vous dire qu’en tant que Secrétaire général des Nations unies, je constate que l’année passée on a eu des casques bleus tués au Mali, en plus grand nombre que dans toutes les autres opérations de paix, c’est pour nous vraiment une situation très très difficile et très dure et je rends hommage au courage des éléments de la Minusma. Je ne vais pas proposer qu’on termine cette mission parce que je crois que les conséquences seraient terribles mais elles se déroulent dans des circonstances qui vraiment ne demanderait pas une force de maintien de la paix mais une force robuste d’imposition de paix de la lutte anti-terroriste (…), il faut que cette force robuste soit une force africaine, de l’union africaine mais avec un mandat du conseil de sécurité sous chapitre 7 et avec un financement obligatoire, ce qu’on a fait avec le G5 Sahel avec un mandat très faible sans une supervision efficace parce que le mandat aussi ne le permettait pas et avec ses contributions volontaires qui ont largement échoué et c’est ce qu’on a fait avec le G5 Sahel doit être pour nous une leçon très forte. Il nous faut combattre le terrorisme avec des forces anti-terroristes robustes et je dirais que seul les africains auront la capacité de le faire, si le conseil de sécurité accepte une fois pour toute de garantir des fonds par des contributions obligatoires. Retranscription de Yasmina Ouili

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