A la suite de la rencontre entre le PrĂ©sident de la Transition Ibrahim TraorĂ© et les acteurs politiques, le journaliste Newton Ahmed Barry et ancien PrĂ©sident de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI), a demandĂ© au Capitaine IB de sâassumer que de se contenter simplement dâexposer la situation sĂ©curitaire aussi critique et dire Ă chacun dâen tirer les conclusions. « Câest Ă vous PrĂ©sident TraorĂ© de vous assumer », a Ă©crit Newton Ahmed Barry. Nous nous proposons lâintĂ©gralitĂ© de laTribune du journalisteđ
A la bonne heure !
Le drame de voir les choses avant le commun des mortels.
Le rĂ©cit de la situation nationale a semble-t-il Ă©mu jusquâau larmes certains grands acteurs du pays. Tant mieux!
Pourtant depuis 2017, réguliÚrement nous avions prévenu : « si nous refusons de mourir debout à Djibo et dans le Soum, nous allons mourir comme des poulets à Ouagadougou et à Bobo⊠». On ne nous a pas écouté.
Aujourdâhui le prĂ©sident Ă©voque ouvertement lâĂ©ventualitĂ© de perdre Ouaga et Bobo. Le gros du peuple est Ă©tonnĂ©, mais depuis plus dâun semestre maintenant, les groupes djihadistes le disent sur leurs sites dâinformation et le rĂ©pĂštent dans leur prĂȘche autour de Ouahigouya, Ă Djibo et autour de Fada. Quand en avril dernier jâavais osĂ© prĂ©venir des propos diffusĂ©s par les terroristes « nous allons fĂȘter Ramadan Ă Ouahigouya et la Tabaski Ă Ouagadougou », beaucoup, tout Ă leur « Damibalotrie » sâĂ©taient acharnĂ©s sur mon « doigt » au lieu de regarder la lune que je leur montrais. Une fois de plus la fumisterie de ceux qui croient aimer le pays plus que dâautres. Ils sont nombreux et se dĂ©portent comme des oiseaux mange-mil de tenants du pouvoir en tenants du pouvoir. Ce sont pour lâessentiel les mĂȘmes.
Aujourdâhui cette Ă©ventualitĂ© est clairement Ă©voquĂ© par le prĂ©sident de la transition. Jâai vu certains hommes politiques, la mine dĂ©confite Ă©couter le prĂ©sident TraorĂ©. Ces gens ne pensent pas aux pays. Câest inutile dâaligner les sermons peu importe le trĂ©molo dans la voix qui lâexprime.
Maintenant que faire ?
Le prĂ©sident dit quâil expose et laisse chacun choisir. Câest une erreur. Devant les situations de pĂ©ril, il a appartient au leadership Ă©clairĂ©, en sâappuyant sur les ressorts de la loi, dâindiquer la voie Ă suivre. La loi lui donnant les moyens de cette contrainte. Câest Ă vous PrĂ©sident TraorĂ© de vous assumer.
Cependant, deux choses importantes :
– la premiĂšre des choses, elle ne fera pas plaisir et pourtant nous allons ĂȘtre tĂŽt ou tard contraint Ă nous y rĂ©soudre: les militaires nâont pas vocation Ă faire la politique. Dans les conditions actuelles un militaire Ă la tĂȘte du pays avec toute sa bonne foi, ne nous sortira pas du bourbierâŠ
– Deuxio, le constat du prĂ©sident TraorĂ© sur lâabandon des populations est vraie. Cependant, la crainte câest quâon ne voit pas, mĂȘme avec les premiers (bientĂŽt) 60 jours du MPSR 2, une amorce de changement. PrĂ©sident TraorĂ© la faillite des prĂ©dĂ©cesseurs nâest pas une excuse absolutoire Ă votre Ă©chec. Elle peut justifier et rendre acceptable la raison de votre prise du pouvoir. Mais elle ne vous absout pas. Au contraire, elle accroĂźt encore plus votre responsabilitĂ©. Câest le dicton Dioula « mogo ma mogo welĂ© ».
Jâai lu, les premiĂšres sorties du porte-parole du gouvernement sur la situation de HoldĂš ( Soum). Je me rĂ©jouis de la prĂ©sence des prĂ©vĂŽts dans les unitĂ©s combattantes. Câest une idĂ©e que nous avons proposĂ© depuis 2017. Mais elle ne semblait intĂ©resser ni les politiques ni lâEtat major de lâarmĂ©e. Or pour gagner une guerre, contrairement Ă la thĂ©orie de lâarmĂ©e coloniale, on ne doit pas ĂȘtre plus cruel que lâennemi. Il faut ĂȘtre plus vertueux que lâennemi. Câest la vertu de lâarmĂ©e qui lui attire la sympathie et lâosmose de la population. Dans une guerre, câest connu, la partie qui gagne la population gagne forcĂ©ment la guerre.
Dans cette guerre contre le terrorisme, principalement dans les Ă©picentres du conflit, nous avons perdu les populations. Il est donc impossible, sauf si nous revoyons de fond en comble lâapproche, dâespĂ©rer une victoire.
Il est possible toujours dâexterminer les populations et de parvenir Ă une paix des cimetiĂšres. Mais tout le monde sait que ce serait une victoire Ă la Pyrrhus. Ăa veut dire que ce serait une fausse victoire.
Exhortations :
1) PrĂ©sident TraorĂ©, dire la vĂ©ritĂ© aux politiques câest bien. Mais vous ne serez pas jugĂ© Ă votre degrĂ© de sincĂ©ritĂ©. Mais au succĂšs que vous allez engranger sur le terrain de la lutte contre le terrorisme. Je vous souhaite de ne pas succomber au charme de la politique des chiffres. La guerre dans sa noblesse a un objectif. Pas celui dâaligner les maccabee, mais de rĂ©tablir le territoire et la dignitĂ© des habitants. Faites en sorte que dâici vos 90 jours, aucun BurkinabĂš ne fuit en voyant un militaire. Les populations doivent se sentir en sĂ©curitĂ© en voyant nos boys. Une fois que cela est rĂ©alisĂ©, le revers de lâennemi va commencer.
Enfin, il ne me semble pas appropriĂ© et publiquement dâexposer les dissensions au sein de lâarmĂ©e. Comme chef suprĂȘme des armĂ©es vous avez tous les moyens dây faire face.
Une derniĂšre chose, nâoubliez pas la parole. Câest elle qui fait lâhomme. Si vous nâabrogez pas le dĂ©cret sur la rĂ©munĂ©ration des hautes personnalitĂ©s dans les dĂ©lais raisonnables, ça va devenir un boulet qui va empĂȘcher tout le reste. Il ne faut pas minimiser le sens de la justice sociale des BurkinabĂš. Câest le dĂ©nominateur commun de ce pays, malgrĂ© nos hypocrisies !
Allah aide, ceux qui sâaident !
NAB