Burkina Education: «Il [Lionel Bilgo] a dit qu’il est au pied de la montagne, nous attendons de voir ce qu’il va faire au pied de cette montagne» Souleymane Badiel, SG de la F-SYNTER

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Souleymane Badiel, SG de la F-SYNTER

La Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER) attend le nouveau Ministre au pied de la montagne comme il l’a lui-même annoncé le 9 mars lors de son installation. Souleymane Badiel, secrétaire général de la F-SYNTER est l’invité de ce vendredi.

Radio Oméga : 3683 écoles fermées contre 3405 il y a un peu plus d’un mois, ce sont les données du rapport statistique mensuel d’éducation en situation d’insécurité. En tant qu’acteur du monde éducatif quel regard vous portez sur cette situation.

Souleymane Badiel : La situation de l’éducation dans notre pays est critique, je dirai même que le seuil que nous avons atteint aujourd’hui est un seuil assez alarmant parce que nous avons plus de 3000 écoles qui sont fermées plus de 700 000 élèves qui sont hors des classes. De nombreuses localités dont des provinces entières dans lesquelles il n’y a plus d’écoles qui fonctionnent à ce jour. Je crois que sur cette base on peut dire que dans certaines localités, la situation est à la limite du désespoir.

Radio Oméga : Cette situation ne va pas perturber durablement la situation éducative burkinabè ? Même si la quiétude revenait dans les zones rouges ?

Souleymane Badiel : Bien sûr, cette situation aura des répercussions assez durables sur le système éducatif et pour cela il suffit juste de prendre deux exemples. Quand vous avez plus de 700 000 élèves qui sont mis hors des classes et que vous avez des milliers d’écoles qui sont fermées, il va de soi que le taux brut de scolarisation a considérablement baissé. Pour le relever, cela va prendre du temps. Deuxième situation, le déplacement des élèves a créé une pléthore dans les autres zones alors que nous avons déjà un nombre assez élevé dans les classes. Cette situation est venue aggraver le non-respect de ces normes-là bien qu’on sache que ce sont des éléments qui jouent sur la qualité du système éducatif. Oui de façon durable la situation aura des répercussions sur la qualité de notre système éducatif et nous allons mettre du temps pour rattraper.

Radio Oméga : Avez-vous déjà pris langue avec les nouvelles autorités pour évoquer ce sujet particulier ?

Souleymane Badiel : Non, nous n’avons pas encore pris langue avec les nouvelles autorités, mais cela ne signifie pas que des discussions ne sont pas menées par le département sur cette question. Rien que la semaine écoulée, nous étions dans le bureau du directeur des ressources humaines pour discuter de la situation qui affecte les collègues dans le Sahel. La question n’a pas encore été discutée directement avec le Ministre, mais elle a été discutée avec les autorités qui était en place, mais je pense que le point va être fait au nouveau Ministre.

Radio Oméga : Un nouveau ministre en charge de l’éducation est en poste, en la personne de Lionel Bilgo, réaction ?

Souleymane Badiel : Il a dit qu’il est au pied de la montagne, nous attendons de voir ce qu’il va faire au pied de cette montagne. Dans tous les cas nous sommes face à un système et pour nous, les problèmes que nous vivons aussi bien dans l’éducation que dans d’autres domaines sont liés justement aux politiques globales qui sont développées avec ce système-là. Fondamentalement je ne vois pas les signaux qui me rassurent et qui peuvent me rassurer que fondamentalement la situation va changer et qu’elle va être différente de ce qu’elle était sous les régimes précédents.

Radio Oméga : Quelles sont selon vous les urgences qui attendent le nouveau ministre dans le département de l’éducation ?

Souleymane Badiel : C’est déjà la réouverture des écoles sur l’ensemble du territoire. La deuxième urgence c’est bien entendu l’amélioration des conditions de travail aussi bien des personnels que des apprenants. C’est le développement des infrastructures, le respect des engagements pris avec les organisations des travailleurs et c’est enfin une gouvernance vertueuse.
Radio Oméga : Vous avez longtemps mené des mouvements d’humeurs et grèves, les salaires de certains de vos camarades ont été coupés. Aujourd’hui l’un des vôtres, Bassolma Bazié est Ministre de la Fonction publique, la CGTB parle de trahison en ce qui le concerne.
Souleymane Badiel : A mon sens, le problème ne se pose pas en ces termes. Moi je crois qu’en tant qu’organisation syndicale, nous devons continuer à jouer le rôle qui est celui lié à la nature des organisations que nous dirigeons. Je rappelle que les travailleurs n’ont jamais arraché des acquis sensibles sur la base de la magnanimité d’un système, c’est plutôt sur la base de lutte constante quel que soit l’autorité qui se trouve en face de nous.

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