Burkina : Tanghin-Dassouri: Un jeune homme en tricycle abattu par un policier mercredi matin

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La route nationale n°1 (Ouaga-Bobo) a été bloquée mercredi matin jusque dans l’après-midi. Sur une quinzaine de km, les camions et autres véhicules de transport étaient stationnés toute la journée. Des centaines de jeunes, en majorité des hommes, ont érigé des barricades et brûlé des pneus pour réclamer la lumière sur le décès d’un jeune homme de Kokologho abattu tôt le matin par des policiers, selon les témoignages recueillis par Radio Oméga.

 

 

« Il partait dans sa ferme ce matin. Quand il a vu les policiers, il les a contournés pour rejoindre sa ferme. Et ils l’ont poursuivi pour  l’abattre », a expliqué Souleymane Kiekieta, l’un des manifestants. « Nous ne savons pas ce qu’ils se sont dits parce que le jeune est déjà mort. Mais il n’a avait aucune arme contre le policier. Il n’y avait aucune raison de le tuer », a-t-il martelé, le ton menaçant. « L’enfant ne savait pas qu’il était poursuivi, puisqu’il n’a pas été arrêté », a ajouté Tibila Koala, un autre manifestant. « Nous voulons qu’on rende justice rapidement », a renchéri un autre. À en croire certains,  l’infortuné il aurait été assimilé à un trafiquant de carburant. Une version que nous n’avons pas pu confirmer auprès de la police. Le tricycle qu’il conduisait, traînait néanmoins encore sur les lieux du drame, vide.

 

 

Son jeune conducteur défunt avait au plus 15 ans selon des manifestants pour qui ce n’est pas la première bavure policière dans la localité. L’ancien adjoint au maire de Tanghin Dassouri Boniface Nana, retrouvé sur les lieux du drame, à 5 km de là, parle de 22 ans. Informé de la situation, le ministre de la sécurité, Ousséni Compaoré, est venu  de Banfora pour rencontrer les parents de la victime. A notre arrivée, le corps avait déjà été enlevé. « Le gouvernement est très très touché » a confié le ministre. « Ce qui s’est passé ne devrait pas arriver. Et nous devons faire confiance aux institutions du Faso. La justice est là pour mener des enquêtes et pour prendre les mesures qui s’imposent », a-t-il assuré. Le ministre était accompagné d’autorités policières et d’un représentant du procureur venu constater les faits.

 

En chemin vers Ouagadougou, la délégation a été stoppée par les manifestants qui s’opposaient au retrait du corps. « C’est notre frère. C’est nous qui devons l’enterrer », lançaient plusieurs manifestants. Après de longues discussions, et avec l’intervention de Naaba Ligdi, chef coutumier de Tanghin Dassouri et de quelques notables, les barricades ont été finalement levées autour de 15h50, malgré la résistance d’une poignée de mécontents.

 

 

A 16 heures, lorsque nous quittions les lieux, les esprits étaient encore surchauffés, mais les moteurs des nombreux véhicules stationnés à l’entrée et à la sortie de Ouagadougou commençaient à vrombir, en espérant réussir à se frayer un chemin avec les levée des barricades.

Abdoul Fhatave Tiemtoré et Ruth Zapsonré,  envoyés spéciaux

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