🔴 Terrorisme : « Quand ça ne va pas il faut dire que ça ne va pas », (Hermann Yaméogo)

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L’invité de la rédaction est Me Hermann Yaméogo, le Président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD). Avec lui il est question de la situation nationale notamment l’insécurité dans le pays, marquée par le terrorisme. Selon Hermann Yameogo, la situation sécuritaire n’est guère reluisante et il faut le reconnaitre. Il prône la réconciliation nationale et une solidarité africaine pour faire face au terrorisme. Hermann Yameogo répond aux questions de Lamine Traoré.

 

Oméga Médias : Comment Herman Yaméogo se porte ?

Hermann Yameogo : Oui ça va. Herman Yaméogo se porte très bien.

Oméga Médias : Et votre parti l’Union nationale pour la démocratie et le développement ?

Hermann Yameogo : Le parti, il faut tenir compte des conditions objectives de la vie politique nationale (…) il faut tenir compte également des restrictions qui sont tombées par rapport aux partis politiques. C’est dans ce contexte que nous essayons de tenir. On essaie de vivre comme on peut, difficilement (…) au jour d’aujourd’hui, l’actualité, la priorité n’est pas du tout au monde partisan, la priorité est de travailler à ce qu’il y ait un sursaut populaire pour le sauvetage de la nation, un sursaut populaire qui nous amène à défendre les principes de laïcité, les principes de la république et les principes de la démocratie, de libertés religieuses. C’est sur ça que nous devons actuellement nous appesantir et non tellement sur le retour à un certain libertinage et partisan.

Oméga Médias : 2 coup d’Etat en 2022, comment avez-vous suivi ça ?

Hermann Yaméogo : Il faut dire que le premier coup d’Etat pour nous c’était un coup d’Etat de rectification, c’était un coup d’Etat salvateur dans la mesure où le régime qui était en place, nous avons tout fait (…) nous avons fait des appels du pied pour qu’on puisse vraiment avoir un dialogue qui aille dans le sens de la réconciliation (…) Cela n’a pas eu lieu finalement. Le second coup d’Etat, nous pensions que cela allait suivre la même ligne mais on voit plutôt qu’il y a des déviances, on voit que ce n’est pas pour revenir à la réconciliation, à la refondation mais c’est pour autre chose, c’est regrettable une succession de coups d’Etat et cela place le Burkina dans le hit-parade des coups d’Etat de ce genre. Ce n’est pas tellement honorable et cela ne nous aide pas au développement.

Oméga Médias : Le deuxième coup d’état celui du capitaine Ibrahim Traoré, vous sembliez accompagner au départ en lui demandant de s’assumer alors qu’il n’était même pas encore désigné comme Président de la transition ?

Hermann Yaméogo : Absolument, puisque le premier coup d’Etat, pour nous, il venait pour faire la réconciliation, pour faire la refondation, restaurer l’État et pour nous, il fallait soutenir, (…) cela allait ouvrir la voie après à la démocratie, rénover donc quand il n’a pas bien fait les choses et il y a eu des bisbilles entre eux et le second coup d’Etat est arrivé (…) la parole a été donné de respecter toujours les mêmes principes, la réconciliation, la cohésion nationale, c’est pour cela que nous avons donné notre accord. Le nom était préservé, le principe était préservé, nous avons donné notre accord pour l’appuyer qu’il soit là pour continuer le travail qui avait été entrepris mais qui n’avait pas été mené à son terme, voilà notre position.

Oméga Médias : Hermann Yaméogo, la raison de ces coups d’Etat, c’est l’insécurité. Comment vous jugez aujourd’hui cette situation sécuritaire ?

Hermann Yameogo : C’est l’argument qu’on avance, moi en tant que Hermann Yaméogo je me dis peut-être qu’il faut aller un peu plus loin, que la question sécuritaire qui peut être un alibi, peut être, qu’il y a d’autres raisons profondes (…) cela vous journalistes, hommes politiques, chercheurs (…) il faut creuser pour aller plus loin parce que ce n’est pas seulement à ce niveau-là qu’il faut voir les choses.

Oméga Media : Ce n’est pas à ce niveau mais justement ça nous renvoie à cette question, vous affirmez des choses, vous parlez de génocide c’est ça ?

Hermann Yaméogo: Absolument il faut voir les choses en face, je ne parle pas en l’air, je mets les gens au défi d’aller dans le sens contraire de ce que j’ai dit (…) moi je parle sur la base de textes.

Oméga Médias : Vous avez en mémoire les derniers évènements de Nouna ? les peulhs ont été massacrés

Hermann Yaméogo : Oui nous avons dénoncé ça depuis Yirgou, depuis Yirgou, nous avons dit attention on va au génocide, nous faisons face au terrorisme c’est déjà un problème grave qui nous prend au cou mais il y a également le problème de génocide.

Oméga Médias : Vous avez dressé le tableau peu reluisant du Capitaine Traoré, vous avez même tenté de faire une comparaison indiquant qu’en 3 mois la situation est grave que sous Damiba ?

Hermann Yaméogo : En 3 mois, regardez ce qui se passe, tous les jours, vous ouvrez votre radio, tous les jours, vous prenez votre journal, vous allez sur les réseaux sociaux, ce sont des villages qui se vident tous les jours (…) au jour d’aujourd’hui il n’y a pas une région au Burkina Faso où il n’y a pas une implantation de terroristes, y avait pas ça il y a 3 mois, y a 4 mois, 5 mois, il n’y avait pas ça (…) il faut dire la vérité aux gens. Quand ça ne va pas il faut dire que ça ne va pas et on n’est pas seul à avoir la solution, c’est ensemble qu’on va avoir la solution.

Oméga Médias : La solution ? Hermann Yaméogo, comment fait-on pour sortir de cette situation sécuritaire difficile?

Hermann Yaméogo : La question du terrorisme est une question qui est internationale. En national, il aurait fallu qu’on se mette ensemble, qu’on règle la question de la réconciliation, qu’on libère ceux qui sont détenus, les Diendére, les Zoungrana qu’on fasse sortir [ces gens] et les hommes politiques qui sont là-bas actuellement, Aristide Ouédraogo (…) pourquoi ce sont des gens qui, libérées, peuvent servir la cause nationale (…) c’est ensemble aussi qu’on peut lutter (…) L’initiative d’Accra pour moi est une bonne initiative (…) je fais un appel au président Ouattara, je fais un appel au Bénin, au Togo à tous ces pays qui sont membres du conseil de l’entente qui sont membres d’organisation de la sous-région (…) ils ont intérêt à aider à sortir de cette situation (…) en nationale, on a au niveau de l’armée, il faut faire d’abord l’unité au sein de l’armée, il faut réconcilier l’armée (…) je suis inquiet de l’intrusion de l’armée en politique, je pense qu’il faut fortement penser à ce qu’elle rejoigne la caserne.

Entretien réalisé par Lamine Traoré

Retranscription : Yasmina Ouili

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