🔮 Damiba Ă  l’ONU demande de « l’aide qui tue l’aide » en faveur du Sahel 

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Comme Thomas Sankara le 4 octobre 1984 aux Nations unies, Paul-Henri Damiba a prĂŽnĂ© l’aide qui aide Ă  se dĂ©partir de l’aide. « Certes, nous encourageons l’aide qui nous aide Ă  nous passer de l’aide. Mais en gĂ©nĂ©ral, la politique d’assistance et d’aide n’a abouti qu’à nous dĂ©sorganiser, Ă  nous asservir, et Ă  nous dĂ©responsabiliser dans notre espace Ă©conomique, politique et culturel », avait dĂ©clarĂ© Sankara. Dans la mĂȘme lancĂ©e, Damiba a demandĂ©, vendredi, Ă  la communautĂ© internationale de davantage s’engager auprĂšs du Sahel pour faire face au terrorisme. « L’aide dont nous avons besoin, est celle qui nous aide Ă  nous dĂ©partir de l’aide », a-t-il dit et d’ajouter, « l’aide qui tue l’aide ». Retrouvez l’intĂ©gralitĂ© du discours du lieutenant-colonel Damiba👇

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire général des Nations-Unies,

Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation,

Distingués Délégués,

Mesdames et Messieurs.

Monsieur le PrĂ©sident Csaba KƑrösi,

Je voudrais, avant tout propos, Vous adresser mes vives et chaleureuses fĂ©licitations pour Votre brillante Ă©lection Ă  la prĂ©sidence de la 77Ăšme session ordinaire de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale de l’Organisation des Nations Unies.

J’ai l’assurance que Votre grande expĂ©rience, Votre bonne connaissance du SystĂšme des Nations Unies en particulier, et Votre engagement bien connu en faveur de la diplomatie multilatĂ©rale seront le gage du succĂšs de Votre mandat. Je puis, dĂšs Ă  prĂ©sent, Vous assurer du plein soutien de la dĂ©lĂ©gation du Burkina Faso dans l’exercice de Votre lourde charge et pour le succĂšs de nos travaux.

Mes fĂ©licitations vont Ă©galement Ă  l’endroit de Votre prĂ©dĂ©cesseur, Monsieur Abdulla Shahid, pour la maniĂšre remarquable avec laquelle il a prĂ©sidĂ© les travaux de la 76Ăšme session ordinaire de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale.

A Monsieur Antonio Guterres, SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de l’Organisation des Nations Unies, je rĂ©affirme, solennellement ici, la reconnaissance du Burkina Faso pour son engagement constant, rĂ©solu et renouvelĂ© en faveur de la paix, de la sĂ©curitĂ© et du dĂ©veloppement.

C’est l’occasion pour moi, de saluer, en ces lieux, la tenue du Sommet sur la Transformation de l’Education qui a permis une large mobilisation des acteurs du monde de l’éducation. J’ose espĂ©rer que l’engagement des uns et des autres dans la mise en Ɠuvre des conclusions de ce sommet contribuera Ă  accĂ©lĂ©rer, de façon significative, les progrĂšs vers une Ă©ducation de qualitĂ© pour tous, en particulier dans les pays du Sud.

Monsieur le Président

Mesdames et Messieurs

Le thĂšme gĂ©nĂ©ral de cette 77eme session de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, « Une nouvelle Ăšre : des solutions porteuses de changement pour relever des dĂ©fis interdĂ©pendants », rĂ©vĂšle, pertinemment, l’urgence et le devoir de responsabilitĂ© historique des acteurs politiques, Ă©conomiques et sociaux de notre temps, face aux multiples crises auxquelles le monde est confrontĂ©.

En effet, alors que le monde se relĂšve progressivement de la pandĂ©mie de la Covid-19, d’autres flĂ©aux tels que le terrorisme, les conflits intra et inter-Ă©tatiques ainsi que les crises humanitaires et alimentaires qu’ils engendrent, les changements climatiques et leurs effets pervers continuent de marquer douloureusement la vie du monde au quotidien. Ces flĂ©aux viennent nous rappeler notre fragilitĂ© individuelle et collective, l’interdĂ©pendance des pays et des peuples et l’impĂ©rieuse nĂ©cessitĂ© d’une solidaritĂ© internationale. Si nous tenons Ă  prĂ©server l’humanitĂ© d’un pĂ©ril collectif et inĂ©luctable, nous ne devons pas ignorer ce rappel.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

La fin de la guerre froide nous a donnĂ© de rĂȘver, d’espĂ©rer en l’avĂšnement d’un monde consensuel et recentrĂ© autour des valeurs cardinales de paix, de justice, de libertĂ©, de dĂ©mocratie et de solidaritĂ©. Ce fut un leurre ! Car, nous assistons, hĂ©las, depuis un certain temps, Ă  une recrudescence du nationalisme et du repli de soi Ă  certains endroits de la planĂšte, Ă  un recul de la libertĂ© et de la dĂ©mocratie Ă  d’autres endroits, Ă  la volontĂ© de certains pays d’imposer leur vision du monde aux autres, au jeu des rivalitĂ©s et de la confrontation entre puissances pour le contrĂŽle politique, militaire ou Ă©conomique de certaines parties du monde.

Bref. Des acteurs de la communautĂ© internationale Ă©talent, aujourd’hui, au grand jour, leur vision d’un monde unipolaire, monocolore, conforme Ă  leur idĂ©ologie et Ă  leurs intĂ©rĂȘts.

Il est impĂ©rieux de se ressaisir et de dĂ©velopper en nous la force de ne pas succomber Ă  ces tentations. PrivilĂ©gions plutĂŽt l’esprit de solidaritĂ©, en faisant en sorte que la diversitĂ© du monde soit prĂ©servĂ©e, et que le principe de l’interdĂ©pendance des peuples oĂč chacun peut contribuer Ă  la gestion des affaires du monde, soit une rĂ©alitĂ©.

En effet, le Burkina Faso est profondĂ©ment convaincu que la chance de survie de l’humanitĂ© rĂ©side dans l’acceptation et l’usage ingĂ©nieux de nos diffĂ©rences et de nos diversitĂ©s. Loin d’ĂȘtre un facteur d’antagonisme ou d’hostilitĂ©, elles (nos diffĂ©rences et nos diversitĂ©s) sont une belle opportunitĂ© de complĂ©mentaritĂ© et de solidaritĂ© qui nous est gratuitement offerte pour promouvoir la coexistence pacifique et le dĂ©veloppement durable.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Les principaux défis auxquels notre monde est, de nos jours, confronté sont bien connus de tous. Ils ont, principalement, pour noms : paix et sécurité, démocratie et développement durable, changements climatiques et environnement, santé et éducation.

Nous pouvons, ensemble, et seulement ensemble, relever ces dĂ©fis. Pour cela, nous devons essayer d’aller au-delĂ  de nos intĂ©rĂȘts individuels et particuliers, souvent facteurs de crises, pour entretenir des relations apaisĂ©es les uns envers les autres. J’invite donc solennellement tous les acteurs de la communautĂ© internationale – qu’ils soient du Nord ou du Sud et quel que soit leur niveau de puissance politique, Ă©conomique ou militaire – Ă  s’inscrire dans une telle dĂ©marche.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Certaines questions reviennent, depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ , Ă  l’ordre du jour de chaque session de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale. Au nombre de celles-ci, on note les questions de la Palestine, du Sahara occidental, de la dette, des changements climatiques, de l’embargo contre Cuba, de la guerre en Ukraine ou encore de la rĂ©forme du Conseil de SĂ©curitĂ©. Pour la rĂ©solution de chacune de ces questions, le Burkina Faso, par ma voix, recommande vivement la prĂ©Ă©minence du droit, l’exaltation de la justice et de l’équitĂ©, et le triomphe du bon sens.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

A prĂ©sent, je voudrais dire quelques mots sur la situation de mon pays, les idĂ©aux de la Transition politique qui y a cours en ce moment, en lien avec le thĂšme trĂšs pertinent de la prĂ©sente session de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale et les objectifs poursuivis par la Charte des Nations Unies.

Le 24 janvier 2022, un groupe de jeunes patriotes, s’est vu contraint de prendre ses responsabilitĂ©s dans la gestion publique des affaires de l’Etat, face Ă  la dĂ©rive de la gouvernance politique en place, Ă  l’insĂ©curitĂ© grandissante dans notre pays, Ă  la dĂ©sintĂ©gration progressive et continue de l’Etat, en mettant un terme Ă  un rĂ©gime dĂ©mocratiquement Ă©lu, mais chaotique. Loin de nous toute idĂ©e de nous justifier ou d’encourager des pratiques de dĂ©stabilisations ou de violations des ordres constitutionnels.

En effet, si dans l’absolu le mouvement du 24 janvier dernier est illĂ©gal, et peut-ĂȘtre rĂ©prĂ©hensible au regard des principes chers aux Nations Unies et Ă  la communautĂ© internationale dans son ensemble, nous pensons que cette interruption de l’ordre constitutionnel, au regard de ce qui prĂ©valait, Ă©tait nĂ©cessaire et indispensable. Elle Ă©tait surtout une question de survie pour notre Nation. C’est pourquoi, ce mouvement, axĂ© sur la sauvegarde du territoire et la refondation, a connu une lĂ©gitimitĂ© populaire rĂ©elle dans l’opinion publique dans notre pays. Ces enthousiasme et adhĂ©sion populaires prĂ©valent encore aujourd’hui Ă  l’endroit des autoritĂ©s de la Transition que je conduis depuis maintenant huit (08) mois.

En effet, la situation sĂ©curitaire, au Burkina Faso, a connu un dĂ©but de dĂ©gradation en 2015, avant de culminer en 2020-2021. Les rĂ©cents Ă©vĂ©nements qui ont perturbĂ© la marche dĂ©mocratique de mon pays sont donc le rĂ©sultat de l’absence de rĂ©ponses idoines Ă  cette crise sĂ©curitaire et d’une gouvernance politique calamiteuse qui ont engendrĂ©, entre autres :

– le plus grand nombre de dĂ©placĂ©s internes dans l’histoire politique de notre pays et de notre sous-rĂ©gion, soit 1 520 012 personnes, Ă  la date du 31 aoĂ»t 2022, dont 61,27% d’enfants, 22,13% de femmes, 16,6% d’hommes;

-une crise humanitaire et alimentaire, sans prĂ©cĂ©dent, dans l’histoire de notre pays ;

-la fermeture de plusieurs milliers d’écoles et un demi-million d’élĂšves privĂ©s d’enseignement et d’éducation ;

-un marasme Ă©conomique induit par le ralentissement, sinon l’arrĂȘt, de plusieurs activitĂ©s Ă©conomiques telles que l’exploitation miniĂšre, le tourisme et l’hĂŽtellerie, l’agriculture et l’élevage, le transport etc ;

Ces difficultĂ©s, sommairement dĂ©crites, s’inscrivent dans un contexte sĂ©curitaire sous rĂ©gional marquĂ© par les attaques des diffĂ©rents groupes terroristes qui Ă©voluent dans le Sahel, notamment le Sahel central qui comprend le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

NĂ©anmoins, et pour y faire face, le Gouvernement de la Transition, comptant a priori sur de nouvelles initiatives endogĂšnes, a pris ses responsabilitĂ©s, en Ă©laborant un plan d’action reposant sur les quatre (04) objectifs stratĂ©giques dĂ©clinĂ©s comme suit :

– la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intĂ©gritĂ© du territoire ;

– la rĂ©ponse Ă  la crise humanitaire ;

– la refondation de l’État et l’amĂ©lioration de la gouvernance ;

– et enfin, la rĂ©conciliation nationale et la cohĂ©sion sociale.

Pour atteindre ces objectifs stratégiques, le Gouvernement de Transition a pris les initiatives majeures ci-aprÚs :

– la rĂ©organisation du dispositif de sĂ©curitĂ© nationale et des actions fortes et vigoureuses sur le terrain contre le terrorisme et les groupes armĂ©s ;

– la lutte contre la radicalisation, les discours haineux et la stigmatisation ;

– la mise en place d’une politique de dĂ©radicalisation et de rĂ©insertion socio-professionnelle des combattants repentis des groupes armĂ©s ;

– le soutien Ă  la rĂ©installation et Ă  l’insertion socio-Ă©conomique des personnes dĂ©placĂ©es internes et des personnes affectĂ©es par le terrorisme ;

– la lutte contre la corruption ;

– la promotion de la justice et de l’équitĂ© ainsi que l’éducation Ă  la paix et Ă  la citoyennetĂ©.

Toutefois, la seule volontĂ© et la simple dĂ©termination du Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme ne suffiront pas Ă  elles seules Ă  produire des effets durables ou irrĂ©versibles dans ce domaine. Le soutien de la communautĂ© internationale est indispensable et attendu, Ă  cet Ă©gard. Ce soutien est surtout urgent, car la position gĂ©ographique du Burkina fait de lui un verrou pour freiner l’expansion du terrorisme vers les pays cĂŽtiers comme le BĂ©nin, la CĂŽte d’Ivoire, le Ghana et le Togo.

En effet, la stabilitĂ©, la sĂ©curitĂ© et la paix au Sahel ne sont pas seulement une affaire des pays de cette rĂ©gion, dans la mesure oĂč la situation qui prĂ©vaut aujourd’hui dans les pays du Sahel est la rĂ©sultante, faut-il le rappeler, d’une migration du phĂ©nomĂšne du terrorisme du Nord vers le sud du continent.

 

Ce qui se passe aujourd’hui au Sahel, de par ses effets transfrontaliers, est un problĂšme qui met en jeu la paix et la sĂ©curitĂ© internationales.

DĂšs lors, il est impĂ©ratif que la communautĂ© internationale s’en prĂ©occupe et s’en saisisse davantage. Les efforts dĂ©ployĂ©s jusque-lĂ  sont certes salutaires, mais restent en deçà des attentes, au regard de la rĂ©alitĂ© du terrain.

Au demeurant, je salue l’initiative du PrĂ©sident de l’Union africaine et du SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral des Nations Unies de mandater le PrĂ©sident Mahamoudou ISSOUFOU pour conduire une mission d’évaluation stratĂ©gique conjointe UA-ONU sur la sĂ©curitĂ© au Sahel ; une mission qui devrait aboutir Ă  l’Ă©laboration de recommandations sur la maniĂšre de renforcer la rĂ©ponse internationale Ă  la crise sĂ©curitaire au Sahel et ce, en vue d’y trouver une solution globale et durable.

Je lance un appel aux Partenaires Techniques et Financiers, bilatĂ©raux et multilatĂ©raux pour soutenir le plan d’action de la Transition adoptĂ© le 6 mai dernier. Le Burkina Faso espĂšre un appui de ces partenaires au dĂ©veloppement afin de combler le gap d’environ 4 575 510 885 de dollars US sur un budget total de 18 064 024 104 de dollars US.

Le gouvernement a Ă©galement entamĂ© l’élaboration d’un Programme d’Urgence de la Transition qui sera consacrĂ© aux projets prioritaires, innovants et Ă  fort impact sur les conditions de vie des populations, pour lequel il compte sur la mobilisation des amis et partenaires du Burkina Faso.

Monsieur le Président

Mesdames et Messieurs

Les autoritĂ©s de la Transition au Burkina Faso sont conscientes de leurs responsabilitĂ©s devant le peuple burkinabĂš et de leur devoir vis-Ă -vis de la communautĂ© internationale. Qu’il soit clair pour tous : elles ne s’y dĂ©roberont pas!

Conscientes de leur responsabilitĂ©s, les autoritĂ©s de la Transition sont parvenues, le 03 juillet dernier, Ă  un compromis dynamique avec la CommunautĂ© Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la durĂ©e de la Transition, fixĂ©e Ă   24 mois Ă  compter du 1er juillet 2022, et la nĂ©cessitĂ© de mettre en place un MĂ©canisme de Suivi et d’Evaluation (MSE) de la Transition autour des indicateurs relatifs Ă  la sĂ©curitĂ©, au retour des services de l’Etat dans les zones occupĂ©es ainsi qu’au retour des dĂ©placĂ©s. Je reste convaincu que des avancĂ©es significatives dans ces trois domaines permettront de crĂ©er les conditions favorables pour la tenue d’élections crĂ©dibles et transparentes en vue d’un retour Ă  l’ordre constitutionnel normal.  Ces avancĂ©es ne seront possibles que grĂące Ă  un appui consĂ©quent de la communautĂ© internationale que j’appelle de tous mes vƓux, du haut de cette tribune.

Je saisis, par ailleurs, l’opportunitĂ© que m’offre cette tribune pour remercier tous les Partenaires Techniques et Financiers, bilatĂ©raux, multilatĂ©raux et privĂ©s qui nous accompagnent ou qui ont promis de nous accompagner. Je voudrais Ă©galement inviter ceux qui ne l’ont pas encore fait, Ă  se dĂ©cider pour nous rejoindre et nous accompagner dans notre Ă©lan de reconstruction et de consolidation de notre tissu Ă©conomique, social et sĂ©curitaire.

Monsieur le Président

Mesdames et Messieurs

Les populations de nos pays, qu’elles soient riches ou pauvres, puissantes ou faibles, ont besoin d’un monde sĂ©curisĂ© et en paix oĂč chacun peut vivre en toute quiĂ©tude et exercer pleinement ses droits.

Or, la rĂ©gion du Sahel, aujourd’hui, est un concentrĂ© des groupes armĂ©s qui sĂ©vissent Ă  travers le monde. Ces groupes constituent une menace qui pĂšse non seulement sur la sĂ©curitĂ© de cette rĂ©gion, mais aussi sur la sĂ©curitĂ© du reste du monde. Si rien n’est fait pour venir en aide, de maniĂšre dĂ©cisive et urgente, aux pays de cette rĂ©gion, l’on court le risque d’une dĂ©flagration du terrorisme dans les pays du Golfe de GuinĂ©e, puis sur le reste du monde, Ă  commencer par l’Europe, continent le plus proche de l’Afrique.

Aucune mesure de prĂ©caution ou de prĂ©vention ne pourra empĂȘcher le terrorisme de s’inviter outre atlantique, si le sahel est abandonnĂ© Ă  lui-mĂȘme. Et rien, absolument rien, ne pourra retenir la jeunesse des pays du sahel et ses environs contre la tentation des immigrations pĂ©rilleuses en Europe Ă  travers le Sahara et la MĂ©diterranĂ©e, si cette jeunesse n’a plus d’espoir sur ses propres terres.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Le Sahel, dans les malheurs que lui inflige le terrorisme, est devenu le thĂ©Ăątre de rivalitĂ©s stĂ©riles et de convoitises indĂ©centes qui exacerbent la situation. Mieux que ce spectacle dĂ©solant, les pays du Sahel ont plutĂŽt besoin de solidaritĂ© et de l’aide. D’aide, mais pas n’importe laquelle. L’aide dont nous avons besoin, est celle qui nous aide Ă  nous dĂ©partir de l’aide. L’aide qui tue l’aide. Cette forme d’aide est celle qui est conforme Ă  nos convictions, et celle qui respecte notre dignitĂ© !

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais terminer mon propos, en invitant encore tous les acteurs de la communautĂ© internationale Ă  plus de solidaritĂ©, les uns envers les autres, car c’est la meilleure façon de relever les dĂ©fis de notre temps et de prĂ©server les intĂ©rĂȘts de tous. Raoul Follereau disait que nul n’a le droit d’ĂȘtre heureux tout seul. Alors, faisons en sorte qu’il n’y ait plus d’enfants mal nourris et sans Ă©ducation, ni instruction ; qu’il n’y ait plus de jeunes sans formation et sans emploi ; qu’il n’y ait plus de paysans sans terres pour vivre dignement ; qu’il n’y ait plus de travailleurs opprimĂ©s dans leurs droits; que l’abondance des uns ne soit pas la cause du dĂ©nuement des autres ; que la force ne prĂ©vale pas sur la vĂ©ritĂ© et la justice ; et enfin, que les raisons de notre Ă©goĂŻsme ne l’emportent jamais sur les exigences de la dignitĂ© de l’homme et des peuples.

Le Burkina Faso, je vous en conjure, ne mĂ©nagera aucun effort pour apporter sa contribution Ă  l’édification d’un monde meilleur, paisible, solidaire et prospĂšre.

Je vous remercie.

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