Le procès de l’affaire dite « charbon fin » s’est poursuivi ce mardi au Tribunal de grande instance de Ouaga 1, avec la poursuite du débat autour du rapport d’expertise judiciaire. L' »assistant technique » du Procureur, Arsène Yonli, qui avait contredit certaines conclusions de l’expertise judiciaire la veille, a été plus formel ce mardi.
« Ce rapport judiciaire n’est pas sincère« , a déclaré le Professeur en génie chimique et environnemental, Arsène Yonli, agissant selon le parquet en tant qu’« assistant technique ».
Selon lui, le rapport judiciaire établi à travers les deux analyses de deux laboratoires différents comporte des « discordances« .
« Manifestement, les experts judiciaires n’avaient aucun moyen technique de réaliser des analyses », et « il aurait fallu une troisième analyse » pour résoudre la discordance des résultats.
Cette position « n’engage » que le Professeur Yonli, selon le co-auteur du rapport, Joël Ilboudo, ingénieur métallurgiste. Avec Moussa Goumina, Docteur en sciences physiques et chercheur en sciences des matériaux, ils ont présenté les résultats de leurs rapports à la cour.
Ces experts nommés par le Tribunal disent avoir relevé à travers leurs travaux une teneur en or de 765 grammes par tonne, contre une teneur qui devrait être normalement de 63 grammes par tonne.
Pour obtenir ce résultat, Joël Ilboudo dit avoir utilisé, avec Moussa Goumina, « une méthode qui est appliquée dans toutes les mines au Burkina et partout ailleurs », avec des résultats de « laboratoires certifiés dans le domaine minier ».
Selon lui, l’analyse du Professeur Yonli est basée sur des « méthodes qui ne sont pas représentatives ».
Mais, « est-ce que le Tribunal tient compte de ce que dit le Professeur Yonli, ou passe outre ? », puisqu’il n’a pas la qualité d’expert dans ce procès, relève le conseil e Essakane, Me Pierre Yanogo.
D’autant plus qu’Arsène Yonli a, la veille, fait une présentation d’au moins « 1h 20 mn » sans que la défense n’ait eu accès au préalable aux éléments de cette présentation, conformément aux règles d’un procès, déplore l’avocat de Essakane.
Le Président du Tribunal a donc rappelé que « même l’expertise produite n’est qu’une source d’information pour le Tribunal, tout comme le témoignage du professeur Yonli ». Le Tribunal « va s’assumer » avait martelé le Président avant la présentation du rapport d’expertise judiciaire.
Les débats ont été suspendus dans l’après-midi pour être poursuivis mercredi. Il s’agira notamment question du procédé de traitement du charbon fin par la société IAMGOLD Essakane, avec le décalage entre la teneur en or de la saisine et la norme de 63 grammes par tonne. Le statut du Professeur Arsène Yonli devrait également être évoqué mercredi, selon Me Prosper Farama de la partie civile, qui souhaite donner son appréciation de la participation du Professeur.
Yaya Diomandé / Oméga Médias
