🔴 [INVITE] « Ce qui nous unit, Burkina, Mali, Niger, (…), est beaucoup plus fort que ce qui nous unit avec ceux qui prétendent souvent venir nous aider… » (Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères du Mali)

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Le chef de la diplomatie malienne est l’invité de Radio Oméga ce jeudi. Dans cet entretien exclusif, Abdoulaye Diop estime que l’axe Bamako-Ouagadougou se porte bien. « Il n’est pas nécessaire de comparer », dit-il à propos des relations diplomatiques avec le Niger.
A propos du fédéralisme promu par le Premier ministre Apollinaire Kyelem, le ministre malien pense que les pays africains doivent se « donner les moyens d’arriver à fédérer le continent africain pour qu’il puisse un jour parler d’une seule voix et constituer une entité qui compte ».

Abdoulaye Diop est l’invité de la rédaction et répond aux questions de Abdoul Fhatave Tiemtoré. L’intégralité de l’entretien est à lire ici [Texte] ⤵️

Oméga Médias : La première question peut être simple ou complexe selon la situation : comment se porte l’axe Bamako- Ouagadougou ?

Abdoulaye DIOP : L’axe Bamako-Ouagadougou se porte comme il n’a jamais été. C’est un axe qui se renforce, une relation de confiance entre son excellence le colonel Assimi Goïta, président de la Transition, Chef de l’Etat et son excellence le capitaine Ibrahim Traoré, président de la Transition, chef de l’Etat du Faso. Aujourd’hui, le Mali entretient une relation bilatérale stratégique, très forte avec le Burkina, tant sur des questions de sécurité que sur des questions de développement. Nous regardons dans la même direction, nos peuples regardent dans la même direction et je pense que nous sommes dans une relation positive qui évolue et qui est très dynamique.

Oméga Médias : Est-ce qu’on peut en dire autant pour la coopération entre le Mali et le Niger, ou entre le Mali, le Burkina (d’une part) et le Niger (d’autre part)? Est-ce qu’entre les trois pays qui composent essentiellement le Sahel et qui partagent les même défis aujourd’hui, le courant passe très bien ?

Abdoulaye DIOP : Le courant passe très bien avec le Burkina. Je pense qu’il n’est pas nécessaire de comparer les relations entre nous et d’autres pays voisins. Chaque relation avec chaque pays est spécifique. La nôtre avec le Burkina, c’est excellent aujourd’hui. Avec certains pays, nous entretenons des relations normales. Même certains pays avec lesquels nous pouvons avoir des relations difficiles, au niveau gouvernant à gouvernant, ces relations n’ont jamais touché la qualité de l’interaction entre nos peuples. Nos peuples sont des peuples amis, des peuples frères, unis par l’histoire et par la géographie et la géographie demeure une réalité.

Je pense que même aujourd’hui, certains dirigeants de certains pays, qui posent des actes dans une autre direction, je ne pense pas que leurs populations les suivent. Nécessairement un jour, ils vont devoir revenir à la réalité que nous sommes unis par l’histoire et la géographie et que nous avons intérêt à travailler dans le sens de l’intérêt de nos populations, et surtout, à suivre nos populations. Dans le long terme, moi je pense que ces petits incidents qui peuvent exister entre les gouvernements seront dépassés par l’intérêt de nos populations et ce n’est pas notre choix. On choisit sans doute son ami, mais son frère, son voisin, on ne les choisit pas. Et ce qui nous unit, Burkina, Mali, Niger, Côte d’Ivoire, Sénégal, Mauritanie, est beaucoup plus fort que ce qui nous unit avec ceux qui prétendent souvent venir nous aider, mais qui, souvent, viennent créer la désunion, viennent créer des problèmes qui constituent des distractions.

Aujourd’hui, pour nos pays, il est important que nos dirigeants et nos populations comprennent que ceux-ci travaillent pour leurs intérêts et nous avons intérêt à comprendre que nous devons de plus en plus travailler aussi à défendre et à promouvoir nos intérêts.

Oméga Médias : Au Burkina, récemment, le Premier ministre Apollinaire Keylem était à l’Assemblée législative de Transition. Il est revenu sur ce projet de fédération qui lui tient à cœur, entre le Burkina et le Mali pour un premier temps. Il pense également à la Guinée, et c’est un projet qui pourrait être étendu plus tard à d’autres pays du continent. Ça tend à devenir l’une des priorités de la Transition en cours au Burkina. Est-ce que cette question est débattue également au Mali ? Est-ce que ça constitue une priorité de la Transition malienne ?

Abdoulaye DIOP : Sans répondre directement à cette question spécifique, je dois dire qu’avec le Burkina comme avec d’autres pays, le Mali travaille toujours à renforcer l’intégration de nos peuples et l’intégration physique de nos pays en mettant en place des infrastructures qu’il faut. De la première constitution du Mali adoptée le 22 septembre 1960 à aujourd’hui, toutes les constitutions du Mali ont prévu des dispositions qui indiquent très clairement que notre pays est prêt à céder tout ou partie de sa souveraineté, pour la réalisation de l’unité africaine. Aucun gouvernement au Mali ne s’est départi de cet engagement panafricain.

Maintenant, il reste à nos pays de trouver les voies et les moyens de travailler à renforcer nos populations, à renforcer la libre circulation, à créer les différents programmes d’infrastructures qui nous permettent de créer ce cadre qui nous amènera demain à avoir des entités fortes qui fédèrent nos pays et qui vont permettre aux voix de nos pays d’être entendues. Je pense que comme le Burkina, avec les autres pays, le Mali reste toujours disposé à cheminer pour renforcer l’intégration de nos pays. Mais pour cela, il nous faut poser les jalons concrets qui nous amènent vers la réalisation. Donc l’intégration de nos pays et l’unité de l’Afrique demeurent des objectifs stratégiques pour lesquels nous devrions travailler au quotidien, en ayant conscience du fait aussi que les partenaires non africains comprennent mieux les dangers que présentent pour eux l’unité de l’Afrique.

Ils font tout pour nous diviser. Donc nous devrions continuer ce chemin de façon méthodique, de façon organisée en faisant en sorte que nos populations soient partie intégrante de l’ensemble de ces schémas. Vous comprendrez que nous sommes sur des questions extrêmement sensibles et qu’il n’est pas nécessaire de dévoiler dans les détails ce que nous devrions faire. Mais je pense que nous connaissons l’objectif. Nous devons pouvoir nous donner les moyens d’arriver à fédérer le continent africain pour qu’il puisse un jour parler d’une seule voix et constituer une entité qui compte et qui est entendue sur la scène internationale, ce qui n’est pas le cas d’aujourd’hui.

Oméga Médias : Monsieur le ministre Abdoulaye DIOP, merci.

Abdoulaye DIOP : Je vous en prie.

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