🔮 Interdiction de la marche du 1er Mai : l’UAS interpelle le Premier ministre

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Dans une lettre ouverte en date du 7 mai 2024, l’UnitĂ© d’Action Syndicale (UAS) a interpellĂ© le Premier ministre sur la « rupture de fait du dialogue social ».

Pour l’UAS, cette rupture se constate par la non tenue, depuis 2022, de la rencontre Gouvernement/Syndicats et le silence de l’exĂ©cutif face aux correspondances des syndicats. « La rĂ©pression engagĂ©e par le gouvernement contre le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral confĂ©dĂ©ral de la CGT-B et les pĂ©ripĂ©ties autour de la commĂ©moration du 1er mai 2024 illustrent la volontĂ© du gouvernement de bĂąillonner le mouvement syndical » s’indignent les secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux des centrales syndicales et des syndicats autonomes signataires de cette lettre ouverte de protestation.

IntĂ©gralitĂ© de la lettre Ă  lire ici 👇🏿

 

 

 

UNITE D’ACTION SYNDICALE (UAS) / BURKINA FASO

LES CENTRALES SYNDICALES :
Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B)
Confédération Nationale des Travailleurs du Burkina (CNTB)
Confédération syndicale Burkinabé (CSB)
Force Ouvriùre – Union Nationale des Syndicats (FO- UNS)
Organisation Nationale des Syndicats Libres (ONSL)
Union Syndicale des Travailleurs du Burkina (USTB)

LES SYNDICATS AUTONOMES :
SAMAE–SATB–SATEB–SBM–SNEAB–SNESS–SYNAPAGER–SYNAPIB–SYNATEB–SYNATEL–SYNATIC–SYNATIPB–SYNTAS–SYNTRAPOST–SYSFMAB–UGMB

 

N° 2024 – 56/CS-SA Ouagadougou, le 7 mai 2024

Les secrétaires généraux des centrales syndicales
et des Syndicats autonomes suscités
A
Son Excellence Monsieur le Premier ministre

LETTRE OUVERTE DE PROTESTATION

Excellence Monsieur le Premier ministre,

L’UnitĂ© d’Action Syndicale (UAS) fait le constat d’une rupture de fait du dialogue social. Pour preuve, il y a la non tenue de la rencontre Gouvernement/Syndicats depuis 2022 et le choix opĂ©rĂ© par le gouvernement de ne pas rĂ©pondre Ă  nos correspondances notamment celles qui l’interpellent sur un certain nombre de prĂ©occupations.
Face au choix du gouvernement de ne pas rĂ©pondre Ă  nos correspondances, l’UAS a dĂ©cidĂ© de lui adresser dĂ©sormais des lettres ouvertes qui prĂ©sentent l’avantage de prendre l’opinion Ă  tĂ©moin sur ce que nous entreprenons en direction de l’exĂ©cutif.
Excellence Monsieur le Premier ministre,
La répression engagée par le gouvernement contre le Secrétaire général confédéral de la CGT-B et les péripéties autour de la commémoration du 1er mai 2024 illustrent la volonté du gouvernement de bùillonner le mouvement syndical.
Pour la commĂ©moration du 1er mai de cette annĂ©e, l’UAS a rempli les formalitĂ©s relatives Ă  l’organisation de la marche-meeting et de la remise d’une plate-forme revendicative. Nous avions mĂȘme reçu de notre ministre de tutelle une correspondance annonçant que le gouvernement nous attendait le 1er mai Ă  9H Ă  l’immeuble de la RĂ©forme. Mais c’est la veille dans la nuit, que par appel tĂ©lĂ©phonique, Monsieur Mohamed SAVADOGO, Directeur de cabinet du ministre en charge de la fonction publique et du travail a informĂ© le prĂ©sident de mois de l’UAS qu’en principe, le PrĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation spĂ©ciale (PDS) de la commune de Ouagadougou, M. Maurice KONATE, devait nous notifier l’interdiction de la marche et que par consĂ©quent une dĂ©lĂ©gation gouvernementale se proposait de venir Ă  la Bourse du Travail pour rĂ©ceptionner la plate-forme revendicative. Effectivement, la mĂȘme nuit, la dĂ©lĂ©gation spĂ©ciale a appelĂ© un membre du comitĂ© d’organisation pour l’informer qu’elle avait une lettre destinĂ©e Ă  l’UAS. Cette lettre est arrivĂ©e Ă  la Bourse du travail le mercredi 1er mai, jour du meeting. Comme on peut le constater, la rĂ©action des diffĂ©rentes autoritĂ©s manquent de cohĂ©rence et traduisent une machination contre l’UAS.
L’UAS note, au regard de ces Ă©lĂ©ments, que visiblement la dĂ©cision d’interdire la marche a Ă©tĂ© prise en dehors de la dĂ©lĂ©gation spĂ©ciale. Elle a sursis Ă  la marche par esprit de maturitĂ© et parce que celle-ci Ă©tait destinĂ©e Ă  transmettre une plate-forme revendicative Ă  une autoritĂ© qui ne serait pas prĂ©sente.
Sur les motifs avancés par le PDS, nous faisons les observations suivantes :
le communiquĂ© N°3 du MPSR2 (qui du reste est en violation de la Constitution) ne peut ĂȘtre Ă©voquĂ© puisque le 1er mai 2023, l’UAS a organisĂ© une marche-meeting aprĂšs en avoir informĂ© la mĂȘme dĂ©lĂ©gation spĂ©ciale. Et vous Ă©tiez Ă  la tĂȘte de la dĂ©lĂ©gation gouvernementale qui a rĂ©ceptionnĂ© la plate-forme revendicative; et pour les organisations qui soutiennent le pouvoir, c’est comme si ce communiquĂ© n’existait pas puisqu’elles organisent rĂ©guliĂšrement des manifestations publiques, occupent l’espace public sans aucune restriction de la dĂ©lĂ©gation spĂ©ciale ;
le motif de la situation sĂ©curitaire non plus n’est pas recevable puisque d’autres organisations, notamment celles qui soutiennent le pouvoir, organisent dans le mĂȘme contexte des manifestations publiques ; du reste, la lettre d’information vise Ă  permettre Ă  l’autoritĂ© de prendre les dispositions utiles en cas de besoin pour protĂ©ger la manifestation et assurer la sĂ©curitĂ© publique. Par ailleurs, pendant que la marche du 1er mai Ă©tait interdite Ă  Ouagadougou, la Semaine nationale de la culture (SNC) battait son plein Ă  Bobo-Dioulasso en drainant des milliers de participants. A Ouagadougou, des organisations soutenant le rĂ©gime de la transition ont, en un laps de temps, organisĂ© un dĂ©filĂ© de motos et un sit-in devant l’ambassade des Etats-Unis avec un encadrement rapprochĂ© des forces de sĂ©curitĂ©.
Excellence Monsieur le Premier ministre,
Comme nous le dĂ©nonçons rĂ©guliĂšrement, votre gouvernement affiche, depuis un certain temps, une volontĂ© manifeste de bĂąillonner les organisations dĂ©mocratiques dont l’UAS. Nous estimons qu’il faut donner un sens au rĂ©tablissement de la constitution et au serment prĂȘtĂ© par le PrĂ©sident de la transition de respecter et de faire respecter la loi fondamentale. La crise sĂ©curitaire ne saurait justifier que les libertĂ©s individuelles et collectives soient prises en otage et que les droits n’existent que pour ceux et celles qui soutiennent le rĂ©gime. Le refus de toute critique et la rĂ©pression systĂ©matique de ceux et celles qui Ă©mettent des avis critiques sur la gouvernance ne peuvent que conduire au rĂšgne de l’arbitraire, des rĂšglements de compte et la destruction du vivre-ensemble. La communautĂ© existe et se renforce parce qu’il y a une loi qui s’applique Ă  tous et qui protĂšge tous les citoyens contre les abus, y compris ceux qui peuvent venir des dĂ©tenteurs du pouvoir d’Etat.
L’UAS vous interpelle encore une fois sur la nĂ©cessitĂ© pour votre gouvernement de respecter et de faire respecter les lois, ainsi que les dĂ©cisions de justice
Excellence Monsieur le Premier ministre,
L’UAS tient à protester vigoureusement contre les faits suivants :
le silence du gouvernement suite aux diffĂ©rentes correspondances que lui adresse l’UAS ;
la grave interdiction de la marche du 1er mai 2024, une interdiction dont le gouvernement est visiblement l’initiateur ;
les violations répétées des libertés démocratiques et syndicales ;
les discriminations opérées dans le traitement des organisations concernant les manifestations sur la voie publique.
Vous souhaitant une bonne rĂ©ception de la prĂ©sente, l’UAS vous assure de sa dĂ©termination Ă  dĂ©fendre les libertĂ©s dĂ©mocratiques et syndicales et les intĂ©rĂȘts matĂ©riels et moraux des travailleurs.

Pour les secrétaires généraux, ont signé :

Le Président de mois des Centrales syndicales Le Président de mois des Syndicats autonomes

Olivier Guy OUEDRAOGO Windyam ZONGO
Secrétaire général / CSB Secrétaire général / SYNAPAGER

 

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