Burkina : « La lutte contre le terrorisme ne saurait justifier l’arbitraire », selon le Mouvement des intellectuels du Manifeste pour la Liberté

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Le Mouvement des Intellectuels du Manifeste pour la Liberté sur la situation nationale a dénoncé vendredi dans une déclaration l’utilisation de méthodes répressives contre les personnes qui dénoncent l’état de la gouvernance du Burkina et émettent des avis contraires à celui des gouvernants.

Le Mouvement des Intellectuels du Manifeste pour la Liberté estime que l’argument de la lutte contre le terrorisme, sert de prétexte pour « légaliser » la répression contre les voix discordantes.

Lire l’intégralité de la déclaration ici :

Déclaration du Mouvement des Intellectuels du Manifeste pour la Liberté sur la situation nationale

Et l’histoire se répète ; si l’on met le curseur sur l’avènement du MPSR 2, notre mouvement assiste à un recul démocratique sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme qu’attestent, sans être exhaustif, les faits suivants :
– la suspension de média nationaux et internationaux ;
– la relecture partisane de la loi organique portant création, attributions, composition, organisation et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Communication ;
– les brimades et menaces d’atteinte à l’intégrité physique de journalistes, leaders d’opinion, leaders syndicaux et d’OSC ;
– des enlèvements et disparition de citoyens ;
– les subterfuges pour interdire le meeting annoncé par une coalition d’organisations syndicale et de la société civile ;
– des réquisitions arbitraires et ciblées contre des citoyens parmi lesquels des responsables
d’organisations ayant annoncé la tenue d’un meeting pour commémorer le double anniversaire de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et de la résistance populaire victorieuse au coup d’État de septembre 2015, des journalistes et des hommes politiques critiques de la gouvernance du pouvoir du MPSR 2.

À l’évidence on se retrouve dans une situation où la défense de l’intégrité du territoire national, la restauration de la sécurité ainsi que la protection des populations et de leurs biens contre la menace et les actions terroristes servent de prétexte pour « légaliser » la répression contre toutes les personnes qui dénoncent l’état de la gouvernance de notre pays et émettent des avis contraires à celui des gouvernants.

Sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, le MPSR 2 s’installe de plus en plus dans une logique de fascisation à l’image de ses prédécesseurs. Pire, il emploie des méthodes répressives qui rappellent bien de régimes militaires tristement célèbres que notre pays a connus dans son histoire récente. C’est sous ces différents régimes, qui ont triché avec les lois et rusé avec les principes cardinaux de la démocratie, que se sont développées des mœurs politiques barbares et criminelles jusque-là inconnues dans notre pays. Ainsi ont pris corps dans la vie politique et sociale

Les assassinats, les cours martiales, les exécutions sommaires, l’organisation et la pratique de la torture physique et morale, l’organisation et la systématisation de la délation.

Notre peuple a dû faire face courageusement à ces différents régimes en payant un lourd tribut dans la conquête et l’élargissement des espaces de libertés ainsi que pour la démocratie et l’État de droit afin de tourner définitivement dos à ce sombre passé. À ces espaces de libertés nous y tenons particulièrement. Par conséquent, nous interpellons les autorités à garantir les libertés fondamentales pour tous les Burkinabè sans distinction aucune conformément à la constitution en vigueur.

La lutte contre le terrorisme n’est nullement incompatible avec l’exercice des libertés individuelles et collectives et la préservation de l’État de droit. Elle ne saurait justifier l’arbitraire et la répression contre des citoyens du fait de leur opinion. Bien au contraire, la lutte contre le terrorisme vise la promotion desdites libertés que les terroristes remettent en cause par leurs actions criminelles.

Notre mouvement est né justement du cri de colère de notre peuple suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo qui, par ses écrits, dénonçait, la gestion criminelle de l’État par le régime de Blaise Compaoré. C’est pourquoi, notre mouvement invite les intellectuels honnêtes et l’ensemble des démocrates épris de justice et de paix véritables à refuser ces mesures arbitraires et répressives. Nulle part ailleurs la répression et la dictature d’une pensée unique n’ont construit une véritable nation.

Non à l’arbitraire et à l’abus d’autorité N ’an lara an sara

Fait à Ouagadougou le 10 novembre 2023 La Coordination du Mouvement du Manifeste pour la Liberté

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