🔴 Situation nationale : « Les justes » proposent un gouvernement d’unité nationale et le dialogue avec les groupes armés

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Le tout militaire « ne peut résoudre de façon durable » la crise sécuritaire au Burkina, selon « La Plateforme des Justes pour Défendre ensemble le Faso », qui se définit comme un mouvement citoyen. Dans un mémorandum fleuve publié lundi, ce groupe d’acteurs politiques et de la société civile ont estimé que la situation actuelle du pays est qu’une excroissance d’une crise généralisée sur certains de ses aspects.

« Nous sommes face à une guerre d’usure et de longue durée avec laquelle les Burkinabè vont devoir vivre encore un temps. Dans le meilleur des cas, et en restant optimiste, elle pourra être ramenée à une proportion plus contrôlée dans les années à venir, mais pas au point zéro », estime la plateforme des justes en s’appuyant sur la gestion de près de 8 mois du MPSR 2, suivant l’opinion militaro-centrée.

« Aucun des objectifs initiaux n’a été atteint dans les proportions souhaitées et dans les temps approximatifs prévus », juge la plateforme, tout en rappelant les 3 objectifs du MPSR : la reconquête du territoire, le retour des PDI dans leurs terroirs et le retour de l’administration dans les localités délaissées.

Au regard de « l’amoncellement des morts, l’aggravation des fissures communautaires et la souffrance des populations déguerpies en déshérence » que pourrait engendrer l’action militaire, la plateforme des justes propose aux autorités de s’appuyer sur la cohésion sociale. « La lutte contre le terrorisme n’a de réelles chances d’aboutir rapidement que si le peuple est uni et solidaire derrière les dirigeants », relève le mémorandum, qui précise que « l’unité ne peut être acquise dans l’exclusion, la division et la diabolisation que notre pays connait ».

Les autorités devraient, selon les signataires, recadrer l’extrémisme violent sous toutes ses formes, qui a été, toujours selon eux, source d’affrontements tribaux déchirants et de naissance du terrorisme sous d’autres cieux.

« Les justes » appellent à une « véritable réhabilitation de la Constitution et de la démocratie, en rendant justice à la république et à la démocratie des violations subies et contributives à la situation que nous vivons ». « Permettre à des organisations proches d’un bord politique d’organiser des manifestations à grande pompes et interdire à celles qui sont soupçonnées proches d’un bord politique opposé, de tenir de simples rencontres de concertation conduira tôt ou tard à la révolte des opprimés », met en garde ce mouvement selon lequel « aucune œuvre d’envergure nationale ne peut être réalisée dans la division et l’exclusion ».

Pour une sortie de crise, la plateforme propose 10 dispositions et actes à mener, parmi lesquels, la constitution d’un gouvernement d’unité nationale et de cohésion sociale. C’est le meilleur moyen, selon le mémorandum, de disposer des compétences de tous bords qui vont être utiles dans la lutte contre le terrorisme d’une part, et d’autre part à la réconciliation nationale et la cohésion sociale. « Un tel gouvernement aura l’avantage non seulement de renforcer la cohésion entre les composantes sociopolitiques et les militaires, mais aussi de mettre tous les membres au même niveau d’information sur la situation réelle de la Nation », peut-on lire dans le mémorandum.

Dans la suite de cette idée, « les justes » invitent la Transition à convoquer une concertation nationale représentative, autour des « grandes questions nouvelles ou évolutives du pays, surtout relativement à la conduite de la guerre ». Cette concertation pourrait statuer sur le choix de dialoguer ou pas avec les « groupes armés », comme le propose le mouvement dans son mémorandum. Selon les signataires, « le Burkina Faso a atteint ce seuil où les gouvernants doivent donner une chance au dialogue avec les groupes armés ». Et pour ce faire, l’exécutif doit satisfaire à certains prérequis.

La Transition devrait parallèlement, selon la plateforme, concentrer ses efforts sur les missions qui lui sont assignées dans la Charte. Car, pour elle, la dispersion des efforts de la Transition en direction de nouveaux objectifs sans rapport avec ses missions, notamment « la croisade du Premier ministre pour la Fédération Burkina Faso-Mali », pourrait prendre de court la fin de la Transition fixée officiellement le 1er juillet 2024.

« La Plateforme des justes pour défendre ensemble le Faso » est né en janvier 2023, regroupant des acteurs politiques et des organisations de la société civile. Elle avait publié un manifeste comportant un millier de signatures, appelant le pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré à un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Yaya Diomandé / Oméga Médias

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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