Ceci est une dĂ©claration du Mouvement SENS qui dresse le bilan de la gouvernance du MPSR2 et Ă©numĂšre « certaines conditions fondamentales » qui doivent prĂ©cĂ©der la tenue de ses assises nationales annoncĂ©es pour les 25 et 26 mai prochain.Â
« Sans le respect de ces prĂ©conditions, les assises nationales qui sâannoncent ne seront quâune autre foire pour faire lâapologie (non mĂ©ritĂ©e) du pouvoir et pour donner un vernis de lĂ©gitimitĂ© Ă une gouvernance qui nâen a pas » prĂ©vient le mouvement.
Et parmi ces préalables, les plus urgents selon le SENS sont :
-La libĂ©ration immĂ©diate et sans conditions de toutes les personnes enlevĂ©es et mises aux arrĂȘts sans aucun respect des procĂ©dures en la matiĂšre ;
– LâarrĂȘt des rĂ©quisitions arbitraires des voix discordantes ;
– Le respect de la constitution en tout temps et en tout lieu par les autoritĂ©s de la transition ;
– LâarrĂȘt des menaces et intimidations des voix considĂ©rĂ©es comme critiques dont plusieurs sont aujourdâhui des exilĂ©s de fait ;
– La levĂ©e de la mesure de suspension des activitĂ©s des partis politiques et organisations de la sociĂ©tĂ© civile non affiliĂ©es au rĂ©gime ;
– La clarification de la nature et des objectifs des assises en amont ;
– La dĂ©finition inclusive des profils des potentiels participants aux assises.
L’intĂ©gralitĂ© de la dĂ©claration Ă lire ici đđż
DĂ©claration sur la tenue des assises nationales les 25 et 26 mai 2024.
Peuple du Burkina Faso,
Chers compatriotes,
De prime abord, nous affirmons notre soutien à toutes celles et tous ceux qui sont engagés sur les différents fronts pour la défense de la Patrie.
Nous affirmons toute notre compassion et notre solidaritĂ© Ă toutes les victimes du terrorisme dans notre pays ainsi quâĂ leurs familles. Pleinement conscients de lâengagement et du sacrifice de nos FDS et VDP au quotidien, nous leur affirmons nos encouragements et les exhortons Ă rester dignes et Ă rester Ă la hauteur des enjeux quâimposent la lutte contre le terrorisme dans notre pays.
Notre pensĂ©e va aussi Ă lâensemble des filles et fils du Burkina Faso qui sont aujourdâhui Ă©prouvĂ©s par des dĂ©rives de la lutte contre le terrorisme, accusĂ©s Ă tort ou Ă raison d’ĂȘtre du mauvais cĂŽtĂ© et massacrĂ©s. Notre compassion va enfin aux personnes victimes d’actes arbitraires dâenlĂšvements et autres formes dâarrestations pour des opinions et positions qui ne sâinscrivent que dans la dynamique dâapporter leur pierre Ă la construction dâun Burkina Faso de Paix et de cohĂ©sion sociale.
Lâhistoire nous enseigne pourtant que câest dans la diversitĂ© des idĂ©es et des opinions que se construisent les grandes Nations. Mais le pouvoir de la transition semble rĂ©solu et dĂ©cidĂ© Ă faire taire toutes les voix qui ne chantent pas les louanges des princes du moment.
Chers BurkinabĂš de lâintĂ©rieur et de lâextĂ©rieur,
Notre pays traverse des moments Ă©prouvants dus Ă une crise sĂ©curitaire sans prĂ©cĂ©dent et dont les effets continuent de bouleverser les socles de notre vivre-ensemble. A cette crise sĂ©curitaire est venue sâajouter une crise politico-institutionnelle avec lâintrusion de lâarmĂ©e, une fois de plus, dans le champ politique.
Si la gouvernance du Lieutenant-colonel Damiba fĂ»t marquĂ©e par des errements politiques et un refus du changement ; le constat est que le coup dâĂ©tat du 30 septembre 2022 nâa pas permis de corriger ses errements politiques. Bien plus, la gouvernance du Capitaine Ibrahim TraorĂ©, partie sur de mauvaises bases, est en train de remettre en cause tous les acquis de notre peuple en termes de construction de lâEtat de droit et des libertĂ©s civiques.
Sâil convient de rester juste en soulignant que des BurkinabĂš ont montrĂ© un certain optimisme vis-Ă -vis du discours du Capitaine Ibrahim TraorĂ© qui promettait le changement, la rupture et la fin du terrorisme en quelques mois seulement ; la vĂ©ritĂ© est quâaujourdâhui, plus dâun est rattrapĂ© par la rĂ©alitĂ© et sâen trouve dĂ©sillusionnĂ©.
Les assises tenues les 14 et 15 octobre 2022, qui ont permis de donner un semblant de lĂ©gitimitĂ© Ă la prĂ©sidence de Ibrahim TraorĂ© ont Ă©tĂ© loin dâĂȘtre ouvertes, inclusives et dĂ©mocratiques. La charte de la transition, censĂ©e ĂȘtre la boussole de la transition a Ă©tĂ© oubliĂ©e en cours de route. La constitution, notre Loi fondamentale qui est toujours en vigueur est foulĂ©e au pied au quotidien. En rappel, le Capitaine Ibrahim TraorĂ©, lors de sa prestation de serment, jurait en ces termes :
« Je jure devant le peuple burkinabĂš et sur mon honneur de prĂ©server, de respecter, de faire respecter et de dĂ©fendre la Constitution, la Charte de la transition et les lois. De tout mettre en Ćuvre pour garantir la justice Ă tous les habitants du Burkina Faso ».
La suite appartient Ă lâhistoire et chaque BurkinabĂš peut juger en Ăąme et conscience du dĂ©calage entre le discours et les actes, lâĂ©cart entre le « dire » et le « faire ».
Peuple du Burkina Faso,
Compatriotes de lâintĂ©rieur et de lâextĂ©rieur,
La vérité historique sur la gouvernance actuelle de notre pays est que des engagements ont été pris. Parmi ces engagements, il y a notamment les missions primordiales de la transition qui visaient à :
– RĂ©tablir et renforcer la sĂ©curitĂ© sur l’ensemble du territoire National ;
– Apporter une rĂ©ponse urgente, efficace et efficiente Ă la crise humanitaire ;
– Promouvoir la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ;
– Engager des rĂ©formes politiques, administratives et institutionnelles en vue de renforcer la culture dĂ©mocratique et consolider l’Etat de droit ;
– Ćuvrer Ă la rĂ©conciliation nationale et Ă la cohĂ©sion sociale ;
– Assurer l’organisation d’Ă©lections libres, transparentes, Ă©quitables et inclusives.
Câest le lieu pour le mouvement SENS de rappeler que sans respect des engagements, aucune Nation ne peut sâouvrir les voies de la paix et du progrĂšs de façon pĂ©renne. Sans avoir en haute estime le sens de la parole donnĂ©e, nous ne pouvons arriver Ă bout de nos nombreux dĂ©fis avec luciditĂ© et dans lâUnion sacrĂ©e. Et, câest aussi par le respect des engagements que sâillustrent les Hommes dâEtat !
Il ne sied pas de changer les rĂšgles du jeu en cours de chemin, sur la seule base du rapport de forces. La force Ă elle seule ne suffit jamais Ă donner une lĂ©gitimitĂ© pour conduire le destin de tout un peuple. Vouloir imposer cela relĂšve dâune posture qui est nuisible pour le Burkina Faso que nous aimons tous.
Chers compatriotes,
Le bilan du MPSR 2 relativement aux missions quâil devait poursuivre est sans Ă©quivoque : le passif dĂ©passe lâactif, lâĂ©chec global relĂšve dâune Ă©vidence.
Le dĂ©cor que prĂ©sente la gouvernance de notre pays nâest pas reluisant. En plus de la crise sĂ©curitaire arrimĂ©e Ă une crise humanitaire, nous devons aussi faire face Ă une crise politique systĂ©mique ; et de plus en plus Ă des difficultĂ©s Ă©conomiques ainsi qu’une anomie sur le plan diplomatique qui isole dangereusement notre pays. Le moins que lâon puisse dire est que la situation de notre pays est complexe et Ă©prouvante.
Câest dans un tel contexte que le gouvernement de la transition a annoncĂ© la tenue des assises nationales prĂ©vues pour les 25 et 26 Mai 2024 pour dĂ©cider de la suite de la transition. Lâannonce de ces assises nationale, bien que sans grands enjeux pour plusieurs compatriotes, suscite nĂ©anmoins des interrogations au regard de lâorientation de la gouvernance de la transition : Une gouvernance qui nie les dĂ©cisions de justice et qui exclut certains. Une gouvernance qui enlĂšve, rĂ©quisitionne, met aux arrĂȘts et licencie dâautres. Tout cela sans aucun Ă©gard pour les rĂšgles du droit et la loi.
Chers compatriotes,
Au regard de la qualitĂ© et de la nature dâune telle gouvernance, le Mouvement SENS est convaincu que de vĂ©ritables assises dignes de ce nom (de type confĂ©rence nationale souveraine) doivent ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ©es de certaines conditions fondamentales dont les plus urgentes sont entre autres :
– La libĂ©ration immĂ©diate et sans conditions de toutes les personnes enlevĂ©es et mises aux arrĂȘts sans aucun respect des procĂ©dures en la matiĂšre ;
– LâarrĂȘt des rĂ©quisitions arbitraires des voix discordantes ;
– Le respect de la constitution en tout temps et en tout lieu par les autoritĂ©s de la transition ;
– LâarrĂȘt des menaces et intimidations des voix considĂ©rĂ©es comme critiques dont plusieurs sont aujourdâhui des exilĂ©s de fait ;
– La levĂ©e de la mesure de suspension des activitĂ©s des partis politiques et organisations de la sociĂ©tĂ© civile non affiliĂ©es au rĂ©gime ;
– La clarification de la nature et des objectifs des assises en amont ;
– La dĂ©finition inclusive des profils des potentiels participants aux assises.
Sans le respect de ces prĂ©conditions, les assises nationales qui sâannoncent ne seront quâune autre foire pour faire lâapologie (non mĂ©ritĂ©e) du pouvoir et pour donner un « vernis » de lĂ©gitimitĂ© Ă une gouvernance qui nâen a pas. En consĂ©quence, ce qui sortira de ces assises ne pourrait avoir une lĂ©gitimitĂ© pour les BurkinabĂš. La tenue mĂȘme des assises nationales dans un contexte oĂč des droits Ă©lĂ©mentaires de citoyens burkinabĂš sont niĂ©s et bafouĂ©s est la preuve de la mauvaise conscience des autoritĂ©s actuelles de la Transition ; qui ressentent le besoin de se lĂ©gitimer. Mais par qui et pour quoi ?
Peuple du Burkina Faso,
Chers compatriotes,
Le Mouvement SENS, fidĂšle Ă ses valeurs et principes, a toujours militĂ© pour lâouverture de consultations sincĂšres oĂč chaque BurkinabĂš sera reprĂ©sentĂ© et pourra faire entendre sa voix. Câest lĂ que rĂ©side tout le sens dâune construction nationale inclusive, participative et profondĂ©ment dĂ©mocratique. Nous sommes loin dâun tel schĂ©ma avec les assises nationales du MPSR 2 dont les conclusions sont connues dâavance et dont aucun acteur crĂ©dible ne devrait sâen rendre complice.
Le Mouvement SENS, inscrit dans la lutte pour le respect des libertĂ©s individuelles et collectives, pour lâEtat de droit en phase avec nos valeurs de Justice, de SolidaritĂ© et dâintĂ©gritĂ©, interpelle encore lâensemble des acteurs publics sur la forfaiture qui se prĂ©pare et qui nâa dâautre but que de donner un blanc-seing illĂ©gitime Ă des autoritĂ©s qui nâont que le mĂ©rite de la force arbitraire. Pour lâintĂ©rĂȘt de la Patrie, les acteurs publics (lĂ©gitimitĂ©s traditionnelles, coutumiĂšres, religieuses, organisations de la sociĂ©tĂ© civile, organisations politiques, organisations reprĂ©sentatives des travailleurs, du patronat, lâinstitution armĂ©e, etc.) gagneraient Ă prendre clairement position en faveur de la prise en compte des conditions prĂ©alables et de lâinclusivitĂ© des prochaines par le MPSR 2. Ă dĂ©faut, les acteurs qui seraient restĂ©s silencieux courent le risque dâĂȘtre complices de la forfaiture, de lâavĂšnement dâun pouvoir illĂ©gitime et des consĂ©quences qui pourraient en dĂ©couler pour notre Patrie bien aimĂ©e.
Ouagadougou le 21 mai 2024,
La Coordination Nationale
![](https://www.omegamedias.info/wp-content/uploads/2023/03/OMEGA-728x90px-Digital-VISA-V2-11.jpg)