Le parquet militaire a annoncĂ©, mardi, quâune quarantaine de militaires ont Ă©tĂ© entendus dans le cadre du dossier Inata.
Selon le communiquĂ©, aprĂšs lâattaque du dĂ©tachement de gendarmerie de Inata (Sahel) le 14 novembre 2021, Ă suite de l’enquĂȘte administrative menĂ©e; et au regard du contenu du rapport d’enquĂȘte, le parquet militaire a initiĂ© des poursuites contre X des chefs des infractions de mise en danger de la personne d’autrui, d’abstention de porter assistance Ă une personne en pĂ©ril et de refus d’obĂ©issance.
Le 1er janvier 2022, explique le parquet, le dossier Ă©tait confiĂ© Ă un juge d’instruction Ă charge d’informer par tous moyens de droit, de dĂ©terminer X ainsi que les charges qui pĂšseraient contre ce(s) dernier(s) sur le plan pĂ©nal.
« à ce jour, plus d’une quarantaine de militaires de la gendarmerie nationale et de la chaĂźne de commandement opĂ©rationnel a Ă©tĂ© entendue », annonce le procureur militaire poursuivant que l’instruction judiciaire se poursuit pour parvenir Ă la manifestation de la vĂ©ritĂ©.
Fin septembre 2022, soit quelques jours avant le coup dâEtat du capitaine Ibrahim TraorĂ©, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba – alors en sĂ©jour Ă New York – avait reconnu lors dâune rencontre avec la communautĂ© burkinabĂš, que la responsabilitĂ© de tous est engagĂ©e dans le drame dâInata (Sahel).
« Il faut savoir que tout le monde est coupable », avait dĂ©clarĂ© le lieutenant-colonel. Pour lui, le commandement est coupable dans lâaffaire dâInata, les hommes qui Ă©taient sur la position sont coupables, les hommes qui devaient les relever sont coupables. « Toute cette chaĂźne, tous ces gens peuvent ĂȘtre sanctionnĂ©s », avait affirmĂ© Damiba expliquant quâil y a eu des dysfonctionnements au niveau de la chaĂźne de commandement militaire.
« MĂȘme ceux qui Ă©taient Ă Inata au moment de lâattaque peuvent ĂȘtre sanctionnĂ©s. Les messages qui ont Ă©tĂ© communiquĂ©s nâĂ©taient pas la vĂ©rité », avait-il lĂąchĂ©.
Une certaine opinion fait un lien entre le coup dâEtat du lieutenant-colonel et le rapport dâInata. Des hauts gradĂ©s de lâarmĂ©e y compris Damiba seraient citĂ©s dans le rapport. Faux, avait rassurĂ© le PrĂ©sident de la transition de lâĂ©poque.
« Jâai lu le rapport dâInata parce que le rapport mâa Ă©tĂ© transmis et nous avons transmis le rapport Ă la direction de la justice militaire pour poursuivre. Mais le contenu que jâai lu, ce que nous avons comme donnĂ©es, ce nâest pas la vĂ©ritĂ© de ce qui sâest passé », avait dĂ©clarĂ© Paul-Henri Damiba et dâajouter : « les gens qui citent mon nom dans Inata, ils vont fouiller ça 1000 fois ils ne vont pas trouver mon nom lĂ -bas ».
« Les gens qui pensent quâil y avait des problĂšmes dâalimentation, le rapport dâInata montre clairement, les gens qui sont allĂ©s aprĂšs lâattaque pour enquĂȘter, ont vu du repas lĂ -bas », avait lancĂ© le PrĂ©sident. « Y avait Ă manger. Y avait du poisson sec, y avait des sardines », avait-il insistĂ©.
Lâattaque dâInata dans le Sahel a fait 57 morts dont 53 gendarmes et 4 civils et plusieurs disparus le 14 novembre 2021.
Lâattaque avait suscitĂ© beaucoup dâindignation au sein des populations. Plusieurs organisations de la sociĂ©tĂ© civile avaient rĂ©clamĂ© la dĂ©mission du PrĂ©sident du Faso dâalors, Roch KaborĂ©. Ce dernier avait reconnu Ă son tour que lâattaque est survenue Ă cause de nombreux dysfonctionnements au sein de lâarmĂ©e.
Le PrĂ©sident KaborĂ© avait immĂ©diatement demandĂ© un rapport dâenquĂȘte. RejetĂ© une premiĂšre fois car nâayant pas suffisamment dâĂ©lĂ©ments pour situer les responsabilitĂ©s, il a finalement reçu le rapport le 14 dĂ©cembre 2021.
Le PrĂ©sident KaborĂ© avait opĂ©rĂ© plusieurs changements au sein de lâarmĂ©e. Presque tout le commandement avait Ă©tĂ© renouvelĂ©. Le PrĂ©sident du Faso avait nommĂ© un nouvel exĂ©cutif, un nouveau Premier ministre et de nouveaux ministres. Un gouvernement dit resserrĂ© de 25 membres Ă©tait Ă la tĂąche.
Mais cela nâaura pas suffit. Le 24 janvier 2022, Roch KaborĂ© est renversĂ© par un coup dâEtat qui porte le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba Ă la tĂȘte du pays.
Lamine Traoré / Oméga médias
