🔴 EXCLUSIF (Texte) – Sécurité, Réconciliation, nombre de ministres, le PM répond à Oméga

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Après sa nomination vendredi soir comme Premier ministre, Me Apollinaire Kyelem de Tambèla est l’invité de la rédaction. Le nouveau chef du gouvernement dans cette interview exclusive accordée à Oméga médias, aborde entre autres la formation du prochain gouvernement, la crise sécuritaire, la réconciliation nationale, le partenariat militaire, l’économie… Le Premier ministre Me Apollinaire Kyelem de Tambèla répond aux questions de Lamine Traoré. 

Oméga: Bonjour Me Apollinaire Kyelem de Tambèla

Premier ministre : Oui Bonjour à vous

Oméga: Vous êtes le Premier ministre du Burkina depuis vendredi dernier, mesurez-vous l’étendue de la tâche qui vous attend ?

Premier ministre : Parfaitement ! Je suis conscient avant même d’être nommé Premier ministre je suis Burkinabè, je vis ici donc je connais les réalités du pays donc je suis parfaitement conscient de ce qui nous attend

Oméga: Les attentes sont nombreuses

Premier ministre : Tout à fait et donc c’est pour ça que nous parlons de refondation et c’est pour ça que le Président parle d’urgence. Le Président dit que tout est urgent

Oméga: L’épineuse question de la sécurité, le Président est un militaire, il connaît sans doute son rôle, quelle place pour vous en tant que premier ministre civil?

Premier ministre : Non, c’est de constituer un binôme avec le Président. Le Président est un militaire, il est homme de terrain, il m’a fait comprendre que lui, ce qui le préoccupe le plus, c’est la sécurisation du territoire et le retour des déplacés dans leurs localités d’origine et qu’il va s’en charger. Donc je pense que le Président va surtout se charger du volet sécuritaire et moi du volet civil, c’est-à-dire, la gouvernance du territoire

Oméga : Avez-vous déjà une idée de votre structure gouvernementale dont le nombre est limité à 25 membres par la charte de la transition?

Premier ministre : Je pense que 25 même  c’était beaucoup. Je ne crois pas qu’il y aura 25 ministres, je crois que nous en aurons un peu moins parce que vu le problème sécuritaire du pays, il faut faire des économies sur tous les plans donc je pense qu’il y aura moins de 25 ministres pour qu’on puisse faire des économies

Oméga : Comment comptez-vous y parvenir ? Des ministères seront scindés ?

Premier ministre : Attendez ! Vous allez voir, je pense que vous n’aurez pas beaucoup encore à attendre et donc vous verrez comment nous allons procéder

Oméga : On n’aura pas beaucoup à attendre, à quand la formation de ce nouveau gouvernement ?

Premier ministre : Ça, je ne peux pas vous le dire parce que vous savez que ça ne dépend pas seulement de nous, il y a aussi les nécessités administratives, il y a tout cela (…) sinon si ça ne dépendait que du Président et de moi, les choses ne sauraient durer

Oméga: Vous êtes également responsables certainement du dialogue politique et de la réconciliation, comment percevez-vous déjà l’environnement politique ?

Premier ministre : Je ne comprends pas bien votre question mais si c’est l’environnement politique je le connais très très bien, maintenant quelle sera la réaction des hommes politiques, bon ça, je ne peux pas vous le prédire c’est avec le temps qu’on  saura

Oméga : Je veux dire qu’est ce que vous attendez des acteurs politiques dans cette transition ?

Premier ministre : Bon je pense que les acteurs politiques sont des burkinabè, ce sont des patriotes, ils ne peuvent que soutenir l’action de notre régime de la transition qui consiste à donner les priorités à la sécurité des burkinabè. Chaque jour qui passe des burkinabè meurent, chaque jour qui passe des burkinabè sont chassés de leur territoire et donc actuellement c’est la période des récoltes, donc il faut la sécurisation du territoire. Si les acteurs politiques ont une fibre nationaliste, ils ne peuvent que soutenir maintenant notre action et à l’issue de notre action, ils pourront revenir sur la scène politique et recommencer leur jeu, mais en attendant, c’est une question de survie du Burkina Faso et des burkinabè

Oméga: Sur la question de la réconciliation nationale le MPSR1 avait engagé certaines actions, quelle est votre vision sur les actions entreprises par vos prédécesseurs, on a vu l’ancien président Blaise Compaoré qui était au Burkina

Premier ministre : Vous savez, je n’ai pas encore réellement pris fonction en tant que Premier ministre nous sommes encore au stade des négociations donc je ne connais pas encore l’étendue exacte de ce que faisait le MPSR1 mais je me suis déjà prononcé par rapport à l’arrivée de Blaise Compaoré ici au Burkina Faso. Je vous ai dit que le pardon tout le monde est pour le pardon mais il y a un cheminement pour le pardon, le pardon exige l’humilité de la part de celui qui demande pardon et la sincérité de la part de celui qui demande pardon et je vous avais dit que je n’avais pas perçu ces deux éléments dans l’arrivée de Blaise Compaoré ici et dans la proclamation de sa demande de pardon, parce que ça, c’est une proclamation. Voilà donc mon point de vue. Cette façon de procéder n’était pas conforme et je me suis déjà prononcé. Aussi, sur la réconciliation, pour moi, la vraie réconciliation du Burkina Faso consiste à réconcilier l’ensemble des burkinabè avec l’ensemble des burkinabè parce que vous savez que la réconciliation, généralement les gens parlent de réconciliation, ce n’est pas une question de vision politique, c’est-à-dire la réconciliation entre les acteurs politiques de différents régimes, mais ça concerne une minorité des burkinabè. Nous sommes 22 millions de burkinabè, il faut faire en sorte que chacun des 22 millions se sentent burkinabè. Vous avez des gens qui vivent en dehors de l’Etat pratiquement parce qu’il n’y a pas de structure de l’État à leur niveau. Ces gens ne sont pas réconcilier avec l’État. Donc il s’agira de faire en sorte que tous ces gens puissent se sentir burkinabè, puissent savoir que nous avons une cause commune à défendre, c’est ça la vraie réconciliation.

Oméga: On connaît votre penchant et vos idées proches de Thomas Sankara, est-ce que cela va se sentir dans votre gouvernance ?

Premier ministre : J’ai déjà eu à dire qu’on ne peut pas développer le Burkina Faso en dehors de la ligne tracée par Thomas Sankara. Ce n’est pas possible parce que nous sommes un pays sous développé avec peu de moyens donc nous ne pouvons que compter sur nos propres forces. Si nous voulons nous en sortir. Actuellement vous avez remarqué qu’on patine depuis longtemps pourquoi ? Parce que nos propres produits, ce que nous produisons n’est pas consommé et nous consommons ce qui vient d’ailleurs. Regardez les vêtements, regardez les chaussures d’occasions qui inondent nos marchés… Comment voulez-vous que nos cordonniers puissent s’en sortir si cela continue ? Comment voulez-vous que nos tisserands puissent s’en sortir si cela continue ? Si par exemple la poubelle des pays occidentaux vient se déverser sur nos territoires

Omega : L’économie est au ralenti Monsieur le Premier ministre, le pouvoir d’achat est faible, quelles mesures urgentes ?

Premier ministre : Écoutez, comme je vous ai dit, je n’ai pas encore réellement pris fonction, il faut connaître les réalités pour savoir maintenant quelles mesures urgentes nous allons procéder. Nous allons commencer par abroger la décision du Président Damiba qui consistait à relever le traitement des ministres et du Président du Faso mais ensuite nous essayerons de voir si c’est possible, si on peut jouer sur le prix du carburant parce que tout compte sur ça, je dis si le prix du carburant augmente tout augmente parce que tout fonctionne à partir du carburant, nous essayerons de voir, je ne peux pas vous dire si on pourra le réduire ou pas mais nous essayerons de voir si c’est possible de revenir sur ces décisions là afin de relancer l’économie

Oméga: Vous êtes entrain de dire que les salaires des ministres qui ont été augmentés, ces salaires là vont être revus à la baisse ?

Premier ministre : Écoutez, le Président est d’accord, moi je suis d’accord aussi donc je pense qu’ensemble, nous essayerons de revoir cette décision pour réconcilier les burkinabè avec eux-même

Oméga: On termine sur la question du partenariat dans cette lutte contre le terrorisme. Des voix se lèvent pour réclamer un partenariat avec la Russie parce que le partenaire français ne produit pas de résultats, selon elles, quel est votrre avis sur ce sujet ?

Premier ministre : Mais nous sommes déjà en partenariat avec la Russie je vous l’ai déjà dit. C’est mon propre oncle, Pierre Claver Damiba que le Président Lamizana avait envoyé en Russie pour négocier les relations entre la Russie et le Burkina Faso donc c’est depuis la prise du pouvoir du Président Lamizana . Depuis les années 60, nous sommes en relation avec la Russie, nous sommes déjà en partenariat avec la Russie et même vous savez qu’il y a des armes que nous achetons de la Russie, de l’Ukraine… Donc le partenariat avec la Russie existe maintenant peut être qu’on pourra renforcer le partenariat en tenant compte des réalités actuelles mais quoi qu’il en soit, il ne sera pas question pour le Burkina Faso de se laisser dominer par un partenaire quelconque, ça doit être clair

Oméga: Que ce soit la France ou la Russie ?

Premier ministre : Quelque soit le pays, quelque soit le pays, il ne sera pas question pour le Burkina Faso de se laisser dompter et dominer par un partenaire quelconque nous negocierons avec tout les partenaires en ayant en vue l’intérêt d’abord du Burkina Faso et c’est ce qui est important pour le Burkina Faso qui sera pris en compte si nous estimons qu’il y a un partenaire qui n’est pas loyal avec nous, nous attirerons son attention et s’il persiste dans son comportement nous reverrons nos relations avec ce partenaire. Cela doit être clair et compris par tout le monde. C’est la souveraineté du Burkina Faso qui sera prise en compte et en première ligne.

Oméga: Merci Me Appopinaire Kyelem de Tambèla

Premier ministre : Je vous remercie

Entretien réalisé par Lamine Traoré Retranscription: Yasmina Ouili

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