Les ouvrages de franchissement de WoussĂ© sur lâaxe Koungoussi-Djibo et de NarĂ© sur lâaxe Kaya-Dori, ont Ă©tĂ© dynamitĂ©s quasi-simultanĂ©ment vendredi dernier, par des individus armĂ©s. Du coup, Djibo et Dori, les deux principaux centres de consommation de la rĂ©gion du Sahel sont momentanĂ©ment inaccessibles par la route, Ă partir de Ouagadougou.
 C’est le nouveau mode opĂ©ratoire des groupes armĂ©s terroristes qui s’en prennent Ă la Nation burkinabĂš depuis des annĂ©es, pour des raisons que l’on a du mal Ă connaĂźtre, faute de revendications. Mais la mĂ©thode de dynamitage des ponts lĂšve complĂštement le voile sur le projet d’isolement de la rĂ©gion du Sahel, portĂ© par ces hommes armĂ©s difficilement indentifiables.Â
Et ils passent Ă la vitesse supĂ©rieure Ă une pĂ©riode de l’annĂ©e oĂč les pluies rendent incontournables ces ponts ; oĂč les populations de la RĂ©gion du Sahel ont le plus besoin d’ĂȘtre approvisionnĂ©es en produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, et oĂč les évacuations sanitaires sont plus frĂ©quentes, plongeant ainsi la rĂ©gion dans une situation humanitaire des plus catastrophiques. A titre dâexemple, un convoi logistique et de ravitaillement sous escorte, en direction de Djibo a dĂ» replier sur Kongoussi vendredi, lorsqu’il sâest retrouvĂ© face Ă une gigantesque crevasse créée par l’explosion du pont de WoussĂ©.
 Comment vont-ils s’en sortir, ces centaines de milliers de BurkinabĂš des provinces du Soum, de l’Oudalan, du SĂ©no et du Yagha dans cette pĂ©riode de soudure pendant laquelle, mĂȘme en temps de paix, tout venait de Ouagadougou ? Comment poursuivre la surveillance sĂ©curitaire et les interventions militaires d’urgence pour tirer d’affaires ces mĂȘmes populations frĂ©quemment prises Ă partie par les hommes armĂ©s, quand on sait que le dynamitage du pont de NarĂ© isole le Sahel des deux rĂ©gions militaires basĂ©es Ă Kaya et Ouagadougou ? D’oĂč l’urgence de renforcer la vigilance sĂ©curitaire sur les axes Ouagadougou – Dori et Ouagadougou -Djibo afin de favoriser la rĂ©habilitation des ponts dĂ©truits et de renouer le cordon ombilical entre la RĂ©gion du Sahel et le reste du pays.Â
Au demeurant, ce mode opĂ©ratoire des terroristes, sâattaquant aux ponts et aux autres infrastructures de communication, semble ĂȘtre une stratĂ©gie qui dĂ©coule dâun programme progressivement dĂ©roulĂ© pour aussi dynamiter le tissu social entre les communautĂ©s. Câest en cela quâil est tout aussi urgent de rĂ©adapter la stratĂ©gie de lutte et dâanticiper sur lâennemi, et faire Ă©chec Ă ce plan stratĂ©gique des terroristes. Cela passe par le renforcement de la surveillance sĂ©curitaire de toutes les infrastructures de communication que sont les ponts, les rĂ©seaux tĂ©lĂ©phoniques, les interconnexions Ă©lectriques, etc.Â
Paul-Miki Roamba