🔮 La France annule le dĂ©cret d’extradition de François CompaorĂ©

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(FILES) In this file photo taken on December 20, 2012, Francois Compaore, brother of the deposed Burkinabe president Blaise Compaore, looks on during a summit in Ouagadougou. - The French Council of State validated on July 30, 2021, the extradition of François Compaore to Burkina Faso, where this brother of ousted President Blaise Compaore is implicated in the investigation into the assassination in 1998 of an investigative journalist. (Photo by Ahmed OUOBA / AFP)

La France a annulĂ© le dĂ©cret ministĂ©riel autorisant en 2020 l’extradition du frĂšre de l’ancien prĂ©sident Blaise CompaorĂ©, François CompaorĂ©, vers le Burkina Faso, oĂč il est accusĂ© de l’assassinat d’un journaliste en 1998, a annoncĂ©, jeudi, l’Agence France presse (AFP) citant une source judiciaire. 

Selon l’AFP qui cite le prĂ©sident de la chambre des extraditions de la cour d’appel de Paris lors d’une audience mercredi sur la levĂ©e du contrĂŽle judiciaire de M. CompaorĂ© prononcĂ© en 2017 dans le cadre de la procĂ©dure d’extradition, le dĂ©cret a Ă©tĂ© abrogĂ© le 13 dĂ©cembre.

L’abrogation de l’extradition de M. CompaorĂ© est « intervenue Ă  la suite de l’arrĂȘt de la CEDH (Cour europĂ©enne des droits de l’Homme) du 7 septembre 2023 qui a conclu Ă  la violation de l’article 3 en cas d’extradition du requĂ©rant vers le Burkina Faso », a rĂ©sumĂ© le ministĂšre français de la Justice. Cet article de la Convention europĂ©enne des droits de l’Homme interdit la torture, ainsi que des peines ou des traitements inhumains ou dĂ©gradants.

L’AFP indique que le dĂ©cret d’abrogation, signĂ© par la premiĂšre ministre, Elisabeth Borne, est un acte rare, ont relevĂ© deux sources proches du dossier.

François CompaorĂ©, frĂšre cadet de Blaise CompaorĂ© et l’un de ses proches conseillers, est poursuivi pour l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo et de trois de ses compagnons, le 13 dĂ©cembre 1998.

Il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le 29 octobre 2017 Ă  l’aĂ©roport de Roissy, prĂšs de Paris, en exĂ©cution d’un mandat d’arrĂȘt international lancĂ© par Ouagadougou.

Le Burkina avait rĂ©clamĂ© Ă  la France son extradition, assurant par la suite que mĂȘme si M. CompaorĂ© Ă©tait condamnĂ© Ă  mort par un tribunal indĂ©pendant, la peine ne serait pas mise Ă  exĂ©cution.

Remis en liberté sous contrÎle judiciaire le 30 octobre 2017, M. Compaoré, qui vit en France, a multiplié les recours.

La justice avait autorisĂ© son extradition dĂšs 2018, puis un dĂ©cret ministĂ©riel avait Ă©tĂ© signĂ© en 2020, validĂ© l’annĂ©e suivante par le Conseil d’État (plus haute instance juridique administrative française). Mais la CEDH, saisie par la dĂ©fense de M. CompaorĂ©, a estimĂ© le 7 septembre que la France devait rĂ©examiner ce dĂ©cret.

« Le contexte a changé », relĂšve le prĂ©sident de la chambre des extraditions, faisant allusion aux deux coups d’État successifs qu’a connus le pays en 2022.

L’AFP rĂ©vĂšle que François CompaorĂ© n’a pas souhaitĂ© s’exprimer lors de cette brĂšve audience.

« M. CompaorĂ© n’a eu de cesse de contester son extradition » qui comportait « des risques graves pour ses droits fondamentaux », a rappelĂ© son avocate, Me Clara GĂ©rard-Rodriguez toujours citĂ©e par l’agence.

« Il n’a plus aucune procĂ©dure en cours » et rien ne justifie son placement sous contrĂŽle judiciaire, a-t-elle ajoutĂ©.

Les relations entre la France et le Burkina se sont considĂ©rablement dĂ©gradĂ©es depuis l’arrivĂ©e au pouvoir en septembre 2022 du capitaine Ibrahim TraorĂ©.


Lamine Traoré / Oméga médias

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