🔮Niger : l’UAS condamne le coup d’Ă©tat mais rejette les sanctions de la CEDEAO (dĂ©claration)

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L’unitĂ© d’action syndicale (UAS) a condamnĂ© « sans ambages« , dans une dĂ©claration rendue publique ce 29 aoĂ»t, le coup de force perpĂ©trĂ© par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le 26 juillet 2023 au Niger.

Elle a, par contre, rejetĂ© les sanctions prises par la CEDEAO au sortir de son Sommet extraordinaire du 30 juillet 2023 Ă  Abuja, en rĂ©action au coup d’Ă©tat.

Pour l’UAS, qui s’oppose Ă  toute intervention militaire au Niger, ces sanctions sont « iniques, cyniques et injustes… »

L’intĂ©gralitĂ© de la dĂ©claration Ă  lire ici đŸ‘‡đŸœ

DECLARATION DE L’UAS SUR LE COUP D’ETAT AU NIGER

 

 

Le 26 juillet 2023, un groupe de militaires constituĂ©s en un « Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie » (CNSP), a perpĂ©trĂ© un coup d’Etat, mettant fin au pouvoir de M. Mohamed BAZOUM.

 

En rĂ©action Ă  ce coup de force, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, Ă  l’issue d’un sommet extraordinaire tenu le dimanche 30 juillet 2023 Ă  Abuja ont donnĂ© un ultimatum d’une semaine Ă  la junte militaire pour restituer le pouvoir de M. BAZOUM. A l’expiration de cet ultimatum, les chefs d’Etat se sont de nouveau rĂ©unis et ont ordonnĂ© l’activation de la « force en attente » de l’Organisation en vue de restaurer l’ordre constitutionnel au Niger. Au passage, le sommet du 30 juillet a adoptĂ© une batterie de sanctions contre le pays.

 

Sur le coup d’Etat

 

L’UnitĂ© d’Action Syndicale condamne sans ambages le coup d’Etat intervenu au Niger le 26 Juillet 2023. Elle reste convaincue que les coups d’Etat ne peuvent nullement apporter des solutions durables aux prĂ©occupations des masses populaires, notamment la sĂ©curitĂ© et le dĂ©veloppement. Bien plus, ceux-ci sont des moyens utilisĂ©s souvent par des puissances impĂ©rialistes pour mettre au pouvoir des hommes acquis Ă  leurs causes. C’est ainsi que de nombreux patriotes ont Ă©tĂ© Ă©vincĂ©s du pouvoir par des coups d’Etat orchestrĂ©s par les anciennes puissances coloniales. Le rĂŽle rĂ©galien des armĂ©es est de dĂ©fendre les territoires nationaux contre toute attaque extĂ©rieure et non d’interfĂ©rer dans les affaires publiques.

 

Sur les sanctions de la CEDEAO

 

Les sanctions adoptées sont entre autres les suivantes :

 

  • la fermeture des frontiĂšres terrestres et aĂ©riennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger ;

 

  • l’établissement d’une zone d’exclusion de la CEDEAO pour tous les vols commerciaux Ă  destination ou en provenance du Niger ;

 

  • la suspension de toutes les transactions commerciales et financiĂšres ;

 

  • le gel des avoirs du Niger dans les Banques centrales de la CEDEAO et dans les banques commerciales ;

 

  • la suspension de toute assistance et de transactions financiĂšres en faveur du Niger par la Banque d’Investissement et de DĂ©veloppement de la CEDEAO (BIDC) et la Banque Ouest Africaine de DĂ©veloppement (BOAD).

 

L’UAS rejette ces sanctions iniques, cyniques et injustes contre les travailleurs et le peuple frĂšre du Niger, car celles-ci vont davantage aggraver les souffrances des populations nigĂ©riennes qui subissent dĂ©jĂ  les affres des attaques terroristes. Du reste, la CEDAO prĂ©tend s’opposer aux coups d’Etat par principe; mais on constate que cette opposition est Ă  gĂ©omĂ©trie variable.

 

Par ailleurs, l’UAS rejette l’idĂ©e d’une intervention militaire au Niger, car elle est attachĂ©e aux droits des nations Ă  disposer d’elles-mĂȘmes et s’oppose par principe Ă  toute ingĂ©rence extĂ©rieure dans les affaires intĂ©rieures des Etats. Bien plus, l’idĂ©e d’une intervention militaire est incongrue de la part d’une communautĂ© qui prĂ©tend disposer d’une force en attente mais est restĂ©e indiffĂ©rente aux attaques terroristes auxquelles font face les pays du Sahel (Mali, Burkina, Niger). En effet, la CEDEAO n’a jusque-lĂ  apportĂ© un quelconque soutien militaire Ă  ces pays. Pourtant, ces attaques ont fait des dizaines de milliers de morts, des millions de dĂ©placĂ©s, des destructions d’infrastructures et menacent les pays du golfe (BĂ©nin, Togo, CĂŽte d’Ivoire). MĂȘme sur le plan humanitaire, le soutien est insignifiant.

 

Les sanctions prises contre le Niger auront pour effet :

 

–              d’aggraver la situation dĂ©jĂ  difficile; si, comme on peut le deviner, ces mesures visent Ă  plonger les populations dans la dĂ©tresse et ainsi les inciter Ă  la rĂ©volte contre le nouveau pouvoir, il s’agit de mesures inhumaines et sadiques;

 

–              de gĂ©nĂ©raliser l’insĂ©curitĂ© dans toute la sous-rĂ©gion en fragilisant les armĂ©es face aux groupes terroristes et en favorisant la circulation des armes.

 

Face Ă  ces risques, l’UAS, tout en condamnant le coup d’Etat du CNSP, dĂ©nonce les sanctions prises par la CEDEAO contre le peuple nigĂ©rien, de mĂȘme que le projet d’intervention militaire de la CEDEAO comme de toute force Ă©trangĂšre pour replacer Mohamed BAZOUM Ă  la tĂȘte de l’Etat. Elle exprime son ferme attachement au respect des libertĂ©s dĂ©mocratiques et syndicales, Ă  la sauvegarde des acquis des travailleurs, au respect du droit Ă  la vie et Ă  la sĂ©curitĂ© des populations dans tous les pays.

 

NON aux sanctions inhumaines, injustes et illégales de la CEDEAO contre le Niger !

 

NON Ă  toute intervention militaire au Niger !

 

Ouagadougou, le 28 août 2023

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