🔮 RĂ©inhumation des Martyrs du 15 octobre 1987 : le cercueil de la famille Bamouni rejetĂ© (DĂ©claration)

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Quatre jours aprĂšs la cĂ©rĂ©monie de rĂ©inhumation des restes des martyrs d’octobre 87, Ă  laquelle plusieurs ayants droits biologiques des victimes n’ont pas pris part, la famille de feu Paulin Babou Bamouni donne sa part de vĂ©ritĂ©.

Dans une dĂ©claration dont radio OmĂ©ga a obtenu copie, elle regrette que sa  dĂ©marche n’ait pas Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©e jusqu’au bout.

« Nous avons Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  une mise en scĂšne orchestrĂ©e de toutes piĂšces par les organisateurs » peut-on lire dans la note en date du 26 fĂ©vrier 2023, qui indique que le cercueil n’a pas Ă©tĂ© utilisĂ©. Les faits sont relatĂ©s par Celine Bamouni.

Lire l’intĂ©gralitĂ© de la dĂ©claration ici đŸ‘‡đŸœđŸ‘‡đŸœđŸ‘‡đŸœ

Réinhumation des Martyrs du 15 octobre 1987 : notre part de vérité !

A cheval sur les valeurs de la politesse et du bon sens, nous les Ayants droit de Feu BAMOUNI Babou Paulin, remercions toutes les personnes qui ont ƓuvrĂ© pour que notre dolĂ©ance, de voir les restes de notre pĂšre dans un cercueil de notre choix, ait pu aboutir.

Mais, nous sommes au regret de vous informer que notre dĂ©marche n’a pas Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©e jusqu’au bout, car nous avons Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  une mise en scĂšne orchestrĂ©e de toutes piĂšces par les organisateurs. Les faits !

Suite Ă  la livraison du cercueil, par nos soins, le 22 fĂ©vrier 2023 dans l’aprĂšs-midi au lieu indiquĂ©, j’ai Ă©tĂ© contactĂ©e dans la nuit, soit quelques heures avant la cĂ©rĂ©monie officielle de la fameuse rĂ©inhumation au Conseil de l’Entente, par l’Officier de Garnison qui m’a informĂ© que le cercueil n’allait pouvoir ĂȘtre utilisĂ© et que celui-ci pouvait ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©.
Motif avancĂ© : dimensions du cercueil non conformes aux tombes prĂ©fabriquĂ©es du Conseil de l’entente. Ces tombes seraient de 1m80 de long sur 0.60 cm de large, en clair, des dimensions qui ne correspondent mĂȘme pas Ă  celles de cercueils standards.

Ce qui est Ă©tonnant c’est que lors de la visite de la dĂ©lĂ©gation du ComitĂ© international du mĂ©morial Thomas Sankara suite Ă  notre dĂ©claration dans la presse de notre pays, l’un des membres dudit comitĂ©, m’a communiquĂ©, Ă  propos des tombes creusĂ©es au Conseil de l’Entente, des dimensions de 2m de long sur 1m de large qui se rapprochent davantage des dimensions standards, ce qui aurait permis au cercueil de notre pĂšre d’ĂȘtre utilisĂ©.

Par consĂ©quent si les dimensions annoncĂ©es et qui justifieraient le rejet de notre cercueil sont bien celles des tombes prĂ©fabriquĂ©es, cela voudrait dire que l’histoire s’est bel et bien rĂ©pĂ©tĂ©e, comme en cette nuit du 15 octobre 1987, oĂč les corps du PrĂ©sident Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, dont notre pĂšre, ont Ă©tĂ© enfouis en terre dans la prĂ©cipitation au cimetiĂšre de DagnoĂ«n.
Le sort rĂ©servĂ© Ă  ces Martyrs est toujours le mĂȘme !

Qu’est-ce qui pourrait bien justifier cette organisation hĂątive qui n’aura permis de rĂ©aliser que des trous Ă  rats qui ont fait office de tombes Ă  ces camarades de lutte ? Des casiers prĂ©fabriquĂ©s de moins de 2m !
Certes, il s’agit de restes mortels mais nos Martyrs mĂ©ritaient d’avoir pour la premiĂšre fois, Ă  l’occasion de leur rĂ©inhumation, des vraies tombes et des vrais cercueils !

Malheureusement, la bĂȘtise humaine s’acharne encore contre eux ! 35 ans aprĂšs !
Ou bien, est-ce une rĂ©tractation qui serait plutĂŽt due au fait que nous les ayants droit avons annoncĂ©, aprĂšs livraison dudit cercueil, notre non-participation aux inhumations, et cela suite aux dĂ©sagrĂ©ments subis ? Était-ce la sanction inique trouvĂ©e par les organisateurs, contraints de nous avoir permis de fournir le cercueil ? Pourquoi avoir attendu la nuit, soit juste Ă  quelques heures de la cĂ©rĂ©monie pour m’informer, me laissant ainsi le dos au mur ? C’est vraiment mesquin et ignoble !

Durant les diffĂ©rents Ă©changes concernant cette requĂȘte visiblement encombrante pour mes interlocuteurs, l’un des acteurs du dossier brulant des « restes » m’a plutĂŽt vue, en tant que promotrice d’une sociĂ©tĂ© de pompes funĂšbres que je suis ; comme une commerçante sans vergogne et non comme une victime et m’a proposĂ© de leur vendre des cercueils pour ces mĂȘmes Martyrs en Ă©change du droit de fournir celui de notre pĂšre ! Une proposition indĂ©cente que j’ai catĂ©goriquement rejetĂ©e et Ă  la place de laquelle j’ai plutĂŽt proposĂ© d’offrir des cercueils Ă  tous nos Martyrs. Sans tapage aucun.

Nous ayants droit sommes enfin offusquĂ©s du fait qu’une certaine autoritĂ© suite Ă  notre requĂȘte de rĂ©cupĂ©rer les restes mortels de notre pĂšre, Ă  oser dĂ©clarer que les inhumations du 23 fĂ©vrier 2023 au Conseil de l’entente Ă©taient intangibles et que l’inhumation des civils auprĂšs des militaires permettrait Ă  ces civils de pas rentrer dans l’oubli.

Ces propos, pour nous, sont dĂ©placĂ©s, insultants et choquants pour la mĂ©moire de l’homme intĂšgre que notre pĂšre agent civil de l’état a Ă©tĂ©, lui qui a pĂ©ri pour son pays et pour ses idĂ©es.

Tant que ses ayants droit, sa descendance et des Burkinabù patriotes vivront, Paulin Babou BAMOUNI ne rentrera jamais dans l’oubli !
Paix à l’ñme de tous nos Martyrs !
Pour les Ayants droit de Feu BAMOUNI Babou Paulin

CĂ©line BAMOUNI

 

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