🔴 Lettre à Damiba : « Les populations du Sahel ne demandent qu’à vivre ». (Manifestants)

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À Dori, ce samedi, les populations ont marché pour réclamer et exiger de l’Etat plus de sécurité dans la région du Sahel. « Les populations du Sahel ne demandent qu’à vivre, vivre dignement », ont-elles indiqué dans une lettre adressée au Président du Faso. Et de poursuivre: « C’est pourquoi, dans un élan solidaire, nous, populations du Sahel, unies au sein d’une coalition d’organisations de la société civile et de syndicats exigeons : Que notre droit à la sécurité et à la vie soit garanti sous toutes ses formes, ainsi que l’intégrité du territoire national ».

LA LETTRE ADRESSÉE AU CHEF DE L’ETAT

 

 

A Son Excellence Monsieur le
PRESIDENT DU FASO

Excellence Monsieur le Président du Faso, Chef de l’Etat,

Depuis quelques années, notre patrie le Burkina Faso est secouée par une crise sécuritaire profonde qui endeuille la nation au quotidien. Sur l’ensemble du territoire national, les attaques terroristes ne cessent d’arracher à notre affection nos compatriotes tant civils que nos forces de défense et de sécurité. Nous louons à juste titre, l’esprit de résilience de nos populations, la bravoure et la détermination de nos forces de défense et de sécurité sur le champ de l’honneur. A la mémoire de nos soldats tombés au front, à leurs familles et à leurs camarades, nous exprimons nos condoléances sincères et notre reconnaissance éternelle.

Excellence Monsieur le Président du Faso, Chef de l’Etat,

Dans la région du Sahel particulièrement, les conséquences désastreuses de cette crise minent le quotidien des populations. Dans ces moments sombres de notre Histoire commune, la présence, la protection, et l’assurance de l’Etat devraient être ressenties de manière forte et indubitable par les populations meurtries. Fort malheureusement, le constat est tout autre au Sahel. Le délaissement de la région par les autorités centrales de notre pays, conjugué à l’indifférence, débutées depuis les indépendances sont de plus en plus accrus. Ce constat amer se vérifie à travers l’état des infrastructures, le taux de chômage très élevé particulièrement chez les jeunes, les statistiques des écoles fermées, le nombre de positions abandonnées par les forces de défense et de sécurité, la situation humanitaire désastreuse, les coupures incessantes d’eau, les délestages, le manque de carburant, le départ des administrations publiques à l’image de la justice inexistante dans toute la région, la flambée incontrôlée des prix des produits de première nécessité, etc.

Excellence Monsieur le Président du Faso, Chef de l’Etat,

Ces dernières semaines au Sahel sont marquées par une très forte dégradation de la situation humanitaire, situation qui était déjà calamiteuse depuis des années. En effet, plusieurs villes voire des provinces entières sont sous blocus terroriste et inaccessibles. Dans les provinces du Yagha, de l’Oudalan, du Seno et Soum, le quotidien est une survie. Les villes de Gorom-Gorom, Markoye, Déou, Oursi Tin-Akoff, Sebba, Solhan, Mansila, Arbinda, Djibo, Gorgadji, et bien d’autres encore sont agonisantes et ne doivent leur survie qu’à des convois irréguliers et l’aide des organisations non gouvernementales (ONG). Quant à Dori, chef-lieu de la région, elle est constamment en rupture de carburant, d’électricité, d’eau etc. Malgré des efforts que nous apprécions et qui sont, hélas, très insuffisants, des villes entières à l’image de Sebba, Mansila, Solhan et Tin-Akoff attendent désespérément d’être ravitaillées. Au sahel, les enfants ne vont plus à l’école et leurs parents, pour ceux qui sont encore vivants, n’ont plus leurs moyens de productions. Les champs ne sont plus accessibles et le bétail a été emporté.

Excellence Monsieur le Président du Faso, Chef de l’Etat,

C’est au regard de tout ce qui précède que les populations du Sahel, fatiguées par la détérioration de la crise sécuritaire et humanitaire, indignées par la faible réactivité de l’Etat pour protéger et assister ses citoyens et ce sentiment grandissant d’indifférence voire d’abandon, ont décidé de sortir massivement pour vous interpeler et prendre l’opinion publique à témoin à travers une marche pacifique ce samedi 27 août 2022 à Dori.

En vous interpelant ainsi sur votre devoir de père de la nation, nous, citoyens du Sahel, préoccupés par la situation de la nation et soucieux de sa sauvegarde, vous assurons et vous rassurons de notre attachement à la mère patrie, de la bonne disposition et de la détermination des populations du Sahel à rester debout et unies face aux forces du mal. Pour ce faire, nous avons, aujourd’hui plus que jamais, besoin de la présence et de l’aide de l’Etat.

Excellence Monsieur le Président du Faso, Chef de l’Etat,

Les populations du Sahel ne demandent qu’à vivre, vivre dignement. C’est pourquoi, dans un élan solidaire, NOUS, populations du Sahel, unies au sein d’une coalition d’organisations de la société civile et de syndicats exigeons :

– Que notre droit à la sécurité et à la vie soit garanti sous toutes ses formes, ainsi que l’intégrité du territoire national ;

– La facilitation de l’accès aux produits de première nécessité, le contrôle des prix et le contrôle de l’inflation;

– L’arrêt immédiat du départ et le retour des agents de l’administration publique ;

– Le ravitaillement régulier des zones à fort défi sécuritaire, y compris par voie aérienne si la situation l’impose ;

– La facilitation de la libre circulation des personnes et des biens sur l’axe Dori- Ouaga, Dori – Sebba – Mansila, Dori – Djibo, Djibo – Ouaga ainsi que sur tous les axes à l’intérieur de la région et du territoire national ;

– La mise en place d’un système d’évacuations sanitaires des malades dans la région ;

– La levée de l’interdiction de circuler de certains types d’engins motorisés à l’intérieur des villes chefs-lieux de provinces (Gorom-Gorom ; Djibo et Sebba) ;

– L’allègement du couvre-feu à l’intérieur des villes chefs-lieux de provinces ;

– La facilitation du retour des réseaux téléphoniques ;

– La réouverture du Centre Universitaire Polytechnique de Dori ;

– L’arrêt de la stigmatisation dans la lutte contre l’extrémisme violent, la conduite d’enquêtes rigoureuses et l’application de la loi sur les allégations d’exactions extra-judiciaires et l’ouverture des procès des dossiers pendants en justice ;

– Le respect et la protection des défenseurs des droits humains au Sahel ;

– Le contrôle rigoureux des actions des Volontaires pour la Défense de la Patrie tel que prévu par la loi.

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La coordination

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