Reporters sans frontiĂšres (RSF) a dĂ©noncĂ© mercredi dans un article, les « nombreuses menaces » que subit la Radio OmĂ©ga, suspendue le 10 aout dernier par une dĂ©cision du gouvernement de Transition.Â
La direction de Radio OmĂ©ga a saisi le Conseil dâĂtat du Burkina et RSF dans son article, demande au Conseil de rĂ©tablir la diffusion des programmes de Radio OmĂ©ga, afin que ses journalistes puissent reprendre leur travail sans crainte de reprĂ©sailles.
Reporters sans frontiÚres « encourage les médias locaux à résister face aux mesures contre la liberté de la presse prises par la junte ».
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Burkina Faso : RSF appelle à la levée de la suspension de Radio Oméga, un média burkinabÚ particuliÚrement ciblé par la junte
Une semaine aprĂšs la suspension de Radio OmĂ©ga pour avoir diffusĂ© lâinterview dâun opposant Ă la junte nigĂ©rienne, la direction du mĂ©dia a saisi le Conseil dâĂtat du Burkina Faso pour lâannulation de la mesure. Reporters sans frontiĂšres (RSF) dĂ©nonce les nombreuses menaces contre cette radio indĂ©pendante et encourage les mĂ©dias locaux Ă rĂ©sister face aux mesures contre la libertĂ© de la presse prises par la junte.
Câest la quatriĂšme suspension dâun mĂ©dia en moins dâun an au Burkina Faso. Elle concerne cette fois-ci la station locale Radio OmĂ©ga, que la junte au pouvoir a dĂ©cidĂ© dâinterrompre, jeudi 10 aoĂ»t, jusquâĂ nouvel ordre. Le prĂ©texte ? Avoir diffusĂ© le mĂȘme jour, lâinterview dâOusmane Abdoul Moumouni, porte-parole du Conseil de la rĂ©sistance pour la RĂ©publique (CRR), un mouvement proche du prĂ©sident nigĂ©rien renversĂ© le 26 juillet. Le 11 aoĂ»t, le journaliste qui a rĂ©alisĂ© lâinterview, Abdoul Fhatave TiemtorĂ©, a Ă©tĂ© convoquĂ© par la SĂ»retĂ© de lâEtat, qui lâa auditionnĂ© pendant prĂšs de cinq heures.
La dĂ©cision du gouvernement burkinabĂš de rĂ©duire au silence Radio OmĂ©ga a immĂ©diatement Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e par les Organisations professionnelles des mĂ©dias. Elles condamnent une âĂ©niĂšme intrusion dans la rĂ©gulation des mĂ©diasâ avec cette suspension quâelles considĂšrent comme âillĂ©galeâ. Selon la loi, au Burkina Faso, seul le Conseil supĂ©rieur de la communication a les prĂ©rogatives de suspendre un mĂ©dia. La direction de la radio a saisi le Conseil dâĂtat pour user de ses droits de recours.
Les juntes sahĂ©liennes peinent Ă accepter toute voix dissidente, comme le montre la suspension arbitraire et illĂ©gale de Radio OmĂ©ga au Burkina Faso, qui a toujours fait son travail dâinformation dans le paysage mĂ©diatique local. En rĂ©duisant au silence lâun des mĂ©dias les plus Ă©coutĂ©s du pays, la junte cherche Ă imposer un narratif qui lui est favorable, alors que la population a besoin dâun paysage mĂ©diatique pluriel et dâinformations indĂ©pendantes fiables. Nous demandons au Conseil d’Ătat de rĂ©tablir la diffusion des programmes de Radio OmĂ©ga, afin que ses journalistes puissent reprendre leur travail sans crainte de reprĂ©sailles.
Créée en 2011, Radio OmĂ©ga est une filiale du groupe OmĂ©ga MĂ©dias – qui compte aussi une chaĂźne de tĂ©lĂ©vision et des plateformes digitales non concernĂ©es par la suspension, qui a su se faire une place dans le paysage mĂ©diatique burkinabĂš. Elle emploie une centaine de personnes dans ses stations de la capitale Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, la deuxiĂšme ville du pays (sud-ouest).
Depuis lâarrivĂ©e au pouvoir de la junte en septembre 2022, la radio a Ă©tĂ© particuliĂšrement ciblĂ©e et ses journalistes menacĂ©s, sans quâaucune mesure de protection et de condamnation ne soit Ă©mise de la part des autoritĂ©s judiciaires et policiĂšres. Le 13 octobre 2022, un chroniqueur de la radio, Alain TraorĂ©, a dĂ©posĂ© une plainte contre X aprĂšs avoir reçu des menaces de mort qui circulaient sous forme dâaudios dans des groupes Whatsapp. Lâauteur lui reprochait dâavoir âmanquĂ© de respect au peupleâ dans une de ses Ă©missions. Le groupe OmĂ©ga avait reçu plusieurs appels Ă âincendierâ ses locaux, circulant sur les rĂ©seaux sociaux. Une plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e le 18 octobre 2022. Par ailleurs, en avril 2023, le journaliste de Radio OmĂ©ga Lamine TraorĂ© a fait lâobjet dâune campagne de dĂ©nigrement avec deux de ses confrĂšres burkinabĂš particuliĂšrement violente.
RSF a dĂ©montrĂ©, dans son enquĂȘte sur le journalisme au Sahel, que les juntes au Sahel, nâhĂ©sitent pas Ă refaçonner le paysage mĂ©diatique, pour mieux servir leurs intĂ©rĂȘts. Câest ainsi quâau Burkina Faso, la chaĂźne dâinformation en continue française LCI, accessible par le bouquet satellitaire, a Ă©tĂ© suspendue pour trois mois le 29 juin 2023. France 24 lâa Ă©tĂ© sine die depuis le 27 mars 2023 et Radio France Internationale depuis le 3 dĂ©cembre 2022. Les correspondantes du Monde Afrique et de LibĂ©ration ont aussi Ă©tĂ© expulsĂ©es en avril dernier.
