🔴 Discours sur la situation de la Nation : Premier bilan d’étape pour le Premier ministre Apollinaire Kyélem

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👉🏽« Quand le capitaine Ibrahim Traoré est arrivé au pouvoir, il s’est trouvé confronté à la réalité. Il n’est pas exagéré de dire que le pays n’avait pas une armée digne des défis du moment. »

 

👉🏽« La machine est déjà en marche. (…) Personne (…) ne peut nier l’évidence. La peur a changé de camp. »

 

👉🏽« Quand on a un bon général, on a de bons soldats. Le bon général, nous l’avons enfin trouvé, c’est notre président. »

 

👉🏽« Nous ne sommes pas sûrs de réussir. (…) Mais, on ne pourra pas nous reprocher de n’avoir pas essayé »

 

L’intégralité du discours est à lire ici ⤵️   

 

Discours sur la situation de la nation (Burkina Faso)

 

Alors que les factures d’achat d’armes que nous avons trouvées étaient excessivement chères, nous avons pu, avec nos nouveaux partenariats, acquérir en toute transparence, des armes performantes cinq à dix fois moins chères. Ce qui nous permet d’avoir une plus grande quantité d’armes efficaces avec moins d’argent. Et surtout de mieux utiliser l’argent du contribuable. Il s’agit maintenant de constituer une vraie armée avec des unités combattantes organisées, composées d’éléments qui se connaissent, qui connaissent les forces et les faiblesses des uns et des autres, qui savent à quel moment on peut avoir recours à un tel plutôt qu’à tel autre. Des unités qui vont fonctionner en parfaite complicité pour des objectifs partagés.

 

La machine est déjà en marche. De ce fait, personne aujourd’hui, à moins d’avoir perdu le sens des réalités, ne peut nier l’évidence. La peur a changé de camp. Les bandits armés reculent partout sur le territoire où nos forces combattantes mettent le pied. Qu’ils se le tiennent pour dit, la puissance de feu de notre armée va encore croitre, et même de façon exponentielle, une fois que toutes les commandes auront été livrées. Il faudra qu’à l’avenir, le Burkina devienne une citadelle imprenable pour tous ceux qui rêveraient de porter atteinte à son intégrité, à sa sécurité et à sa souveraineté. Il reviendra aussi aux Burkinabè de savoir protéger et défendre leur armée. De ne plus permettre qu’un autre régime, sous quelque prétexte que ce soit, procède au démantèlement de leur armée.

Ce sont les épreuves qui fortifient les nations. Toutes les grandes nations sont passées par des épreuves qui ont renforcé en eux le désir de rester ensemble.

Ces épreuves que nous vivons ne doivent pas être perçues comme une fatalité.

Elles doivent plutôt nous fortifier et faire de nous une grande nation. Le terrorisme

qui nous a été imposé, a fait comprendre à tous les Burkinabè, qu’ils soient du

Nord ou du Sud, de l’Ouest ou de l’Est, qu’ils ont un même destin et un même

territoire à défendre.

Quand les bandits font irruption dans une localité, tout le monde subit le

même sort, que l’on y soit venu du Nord ou du Sud, de l’Ouest ou de l’Est. Que

l’on soit musulman, traditionnaliste ou chrétien. Que l’on soit alphabétisé ou

analphabète. C’est le même destin pour tous face à ce terrorisme. Bientôt il sera

vaincu et notre nation, j’en suis certain, en sortira renforcée. Ceux qui nous l’ont

imposé s’apercevront, malgré eux, qu’ils auront abouti à l’effet inverse. Il y en a qui parlent de négocier avec ces hordes terroristes. Je suis tenté de

dire que ce qui se ressemble s’assemble. Ils ont sans doute des intérêts communs.

Chacun peut négocier avec qui il veut, au nom des intérêts qu’il défend. Pour

nous, il n’y a pas de négociation possible avec l’immoralité. La seule négociation

qui vaille avec les bandits armés est celle qui se fait actuellement sur le champ de bataille. Nous ne négocierons jamais, ni l’intégrité territoriale du Burkina Faso,

ni sa souveraineté. Nous défendrons notre territoire et nos populations coûte que

coûte. Qu’on se le tienne pour dit.

Notre ambition est de porter le nombre des V.D.P. à cent mille (100 000)

et même au-delàs, afin que les populations, en tout temps, soient en mesure

d’assurer elles-mêmes leur propre sécurité. À cet effet, il a été mis en place un

Fonds de soutien patriotique (F.S.P.) À ce jour, les sommes réunies dans ce fonds

s’élèvent à plus de dix milliards F CFA. Un état sera fait bientôt, en début juin, à

la prochaine rencontre du Comité de suivi. J’invite les Burkinabè à s’approprier

ce fonds qui peut être un des leviers de notre volonté de construire une économie

nationale indépendante.

C’est le lieu ici de saluer les autorités du Mali qui nous ont été d’un secours

inestimable dans la lutte contre le terrorisme. Dans l’épreuve, les deux armées ont

appris à coordonner leurs opérations pour plus d’efficacité. Cette expérience à

renforcer notre conviction que pris isolément, nos petits États sont très fragiles,

surtout face aux grands ensembles qui existent ou qui sont en formation. Nous avons perçu notre communauté de destin à travers la lutte contre le

terrorisme. Nous pensons donc, qu’au-delàs de la simple coopération entre États,

qui est fonction des humeurs des chefs d’État et des régimes en place, il nous faut

oser inventer un autre avenir pour la postérité, en engageant un processus de

fédération avec le Mali, et la Guinée. La plus ancienne fédération au monde, la Confédération helvétique, s’est

constituée à la suite de problèmes de sécurité. De même les États-Unis

d’Amérique ont vu le jour quand les treize États ont pris conscience que pris

isolément, ils ne pouvaient venir à bout de la puissante armée anglaise. Mais qu’en

conjuguant leurs efforts, ils pouvaient atteindre leurs objectifs. Et c’est ce qui fut,

donnant ainsi naissance aux États-Unis d’Amérique. Nous entendons les sarcasmes des petits esprits incapables de grandeur, et

de tous ceux dont l’intérêt n’est pas dans la grandeur de nos peuples. Mais nous

sommes là pour oser inventer l’avenir. Pour être grand, il faut avoir des rêves de

grandeur. Nous invitons nos peuples à ces rêves. Il nous suffit de montrer la voie, et il reviendra aux peuples d’écrire leur histoire.

Excellence ! Honorables députés !

Dès que nous avons émis l’idée d’une fédération avec le Mali, les forces

obscurantistes ont vite fait de susciter, aussi bien au Mali qu’au Burkina, des

éléments à leur solde pour étouffer l’idée dans l’œuf. Ainsi le projet a-t-il été traité

de tous les noms, et surtout d’échappatoire pour cacher un manque de programme

Discours sur la situation de la nation (Burkina Faso)

du Premier ministre burkinabè. Les petits esprits, je le répète, sont incapables de

rêver grand. Ils ont même peur de ce qui est grand, car cela les fait trembler sur

leur fragile base.

Quant à nous, nous sommes des conquérants de l’impossible. Nous sommes

des bâtisseurs de l’avenir. Comme disait Thomas Sankara, il faut oser inventer

l’avenir. Nous ne sommes pas sûrs de réussir, car les obstacles sont nombreux, et

des puissances étrangères, avec leurs complices à l’intérieur, intriguent dans

l’ombre pour nous faire échouer. Mais, on ne pourra pas nous reprocher de n’avoir pas essayé. Nous refusons le fatalisme. Ce que nous n’aurons pas réussi, d’autres reprendront le flambeau.

Excellence ! Honorables députés !

Vous êtes témoins que le 19 novembre 2022, j’ai présenté devant vous, ici même, mon Discours de politique générale et d’engagement patriotique. Je

demande à la population de s’en approprier et de le transformer en réalité. En tout

cas, le Gouvernement s’y est engagé.

 

 

 

De la réponse à la crise humanitaire

Excellence ! Honorables députés !

Les bandits armés, dont les soutiens extérieurs et les complices s’évertuent

à trouver d’autres qualificatifs, en vue de l’atteinte de leurs funestes entreprises,

ont contraint des milliers de personnes à l’exil dans leur propre pays. Des centres

de santés, des écoles, des récoltes ont été brûlés, saccagés, pillés. Ces exilés sont

connus sous le nom de personnes déplacées internes (P.D.I.) et sont pris en charge

progressivement, du mieux que l’on puisse, par le Gouvernement et ses

partenaires, mais aussi, il faut le souligner, avec l’appui des fils et filles du pays

qui ne cessent de faire des dons pour leurs frères et sœurs déplacés. Il convient

cependant de noter que des salariés ont même été enregistrés dans le rang des

P.D.I., de même que des personnes ne répondant en rien aux critères de P.D.I.

C’est par exemple le cas de ceux qui ont vendu leur terre et qui, n’ayant plus rien,

se font enregistrer comme P.D.I.

Pour prévenir des abus, des comités mixtes de veille, composés de

représentants de P.D.I. et de la communauté hôte, sont mis en place pour assister

les équipes d’enregistrement. Grâce aux efforts consentis, selon un décompte non exhaustif, à la date du 23 mai 2023, plus de 20 457 ménages, comprenant plus de

125 227 personnes, sont retournés dans leur localité d’origine. Des instructions ont été données de tenir compte des imperfections dans les enregistrements, pour établir un décompte plus réaliste du nombre des P.D.I.

 

Chacun est témoin de ce que des personnes déplacées internes se trouvant

dans des localités difficiles d’accès ont été ravitaillées en produit de première

nécessité, par des opérations spéciales terrestres et aériennes. On peut citer entre

autres Djibo, Solhan, Sébba, Seytenga, Sollé, Kalsaka, Kelbo, Bourzanga et j’en

passe. À ce titre, 21 494 tonnes de vivres ont ainsi été livrées. Pour la saison

pluvieuse qui s’annonce, des projets sont initiés pour procurer de meilleurs abris

aux déplacés et assurer leur insertion dans l’agriculture et l’élevage.

Excellence, monsieur le président

C’est dans ce cadre que dans le but d’accompagner l’Exécutif, vous-même

avez initié un projet de construction d’urgence d’abris pour les P.D.I. de la Boucle

du Mouhoun, du Centre-Nord, de l’Est et du Sahel. Et cela se fait de concert avec

le Gouvernement.

Il convient d’ailleurs de noter que la mise en œuvre du plan opérationnel

d’appui à la campagne sèche 2022-2023, d’un coût global de plus de Onze

milliards F CFA a permis d’occuper certains déplacés internes et aussi

d’approvisionner les marchés en produits de contre-saison.

Il a également été lancé, à partir de cette saison humide, l’Initiative

présidentielle pour la production agricole. Elle englobe plusieurs projets qui vont

impliquer, non seulement les forces de défense et de sécurité et les volontaires

pour la défense de la patrie, pour la production et la sécurisation des sites, mais

aussi les P.D.I., les populations hôtes, et le milieu carcéral. À ce titre, plusieurs

sites ont été identifiés, et les travaux ont déjà commencé pour la mise en valeur

de plus de onze mille (11 000) hectares. Les aménagements sont prévus pour

assurer également la production irriguée en saison sèche.

Dans le cadre de l’exécution du plan de réponse et de soutien aux personnes

vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition, d’un coût de Deux cent

trente-huit (238) milliards F CFA, le Gouvernement a apporté assistance à plus de

Trois millions de personnes grâce à un financement cumulé de l’État et des

partenaires humanitaires.

En ce qui concerne les élèves affectés par le terrorisme, l’exécution de la

stratégie d’éducation en situation d’urgence a permis la rescolarisation de

nombreux élèves déplacés internes, et leur accompagnement par des bourses, des

kits et la prise en charge des frais de scolarité.

La mise en œuvre de certains projets de stabilisation comme le Programme

d’urgence et de développement territorial (PUDTR), le Projet communautaire de

relèvement et de stabilisation du Sahel (PCRSS), et le plan de stabilisation de

l’axe Ouaga-Kaya-Dori ont permis de doter les communautés d’ouvrage

Discours sur la situation de la nation (Burkina Faso)

d’adduction d’eau potable, d’assainissement, de formations sanitaires, et de

financer des micro-projets agro-pastoraux des jeunes et femmes déplacés internes.

Avec l’opérationnalisation du Centre opérationnel de veille, d’alerte et de

coordination des opérations de secours (COVACOS), et la poursuite de la mise

en place des Plans ORSEC dans les provinces, les actions en matière de protection

civile vont se poursuivre.

III- Les autres secteurs de l’État

Excellence ! Honorables députés !

L’action de mon Gouvernement a aussi porté sur d’autres secteurs. La

réforme du système éducatif est ainsi engagée pour le conformer à nos valeurs, à

nos aspirations, et au modèle de société qui nous convient. Et ce, dans l’esprit du

Discours de politique générale, d’orientation et d’engagement patriotique. C’est

actuellement le cheval de bataille des ministres de l’Éducation nationale en charge

de la formation professionnelle, et de celui en charge de l’Enseignement

supérieur. Vous n’ignorez pas l’ampleur de la tâche. Il faut former du personnel,

recycler certains, concevoir des ouvrages, réadapter l’existant. Mais la volonté y

est, malgré la rareté des moyens financiers dont l’essentiel est orienté vers la

formation du personnel de combat et l’acquisition de matériels de combat.

Pour ce qui est de la Justice, le palais de justice de Bobo-Dioulasso qui avait

été saccagé lors de l’insurrection populaire de 2014 est en réfection, et nous

pensons le remettre bientôt à la disposition des justiciables. Des locaux ont été

trouvés pour le fonctionnement de la cour administrative d’appel de

Ouagadougou, et un nouveau bâtiment est en chantier pour accroître les capacités

de la cour d’appel de Ouagadougou. Nous étudions la possibilité de la mise en

place d’une forme de justice communautaire, pour désengorger les tribunaux, et

rendre la justice plus accessible.

La lutte pour la bonne gouvernance et contre la corruption est engagée. Il

est difficile de contester la volonté du Gouvernement sur ce point. Ceux qui

pensent que la lutte contre la corruption n’est pas engagée, ou qu’il y a des

corrompus en liberté sont vivement invités à apporter leur concours. Ils peuvent

saisir les institutions de l’État, et même la Primature qui fera suivre, si elle estime

les éléments assez sérieux. Nous recevons des plaintes et des dénonciations, souvent anonymes. Ce qui

ne permet pas de contacter les auteurs pour d’éventuels éclaircissements. Il ne

s’agit pas d’imaginer ou de supposer des faits de corruption, mais d’apporter les

preuves pouvant permettre à la justice de faire son travail. Chacun sait que seules

des preuves ou des indices sérieux et concordants permettent de mettre quelqu’un en cause sans tomber dans l’arbitraire. Dans ce domaine nous attendons donc la

contribution de tous.

Dans le cadre de la réduction du train de vie de l’État, nous avons voulu

commencer par le sommet de l’État pour donner l’exemple. Ainsi, le chef de l’État

a renoncé à son traitement mensuel pour ne conserver que son traitement de

capitaine. Cette décision il la prise avant même la formation du premier

Gouvernement. Les ministres ont renoncé à la moitié de leur traitement en

revenant sur la rémunération antérieure à l’augmentation opérée sous le régime

du président Damiba. En outre, sur le premier mois, 50% du traitement de chaque

ministre a été reversé au Fonds de soutien à la patrie. En outre, tout au long de

cette année, chaque ministre a décidé librement de reverser un pourcentage de son

traitement au Fonds de soutien patriotique. L’ensemble des mesures préconisées

dans le cadre de la réduction du train de vie de l’État ont permis jusque-là une

économie d’environ vingt-deux milliards de francs.

45- Dans le domaine de la santé, il faut souligner la réouverture du centre de

radiothérapie qui avait été fermé pour des motifs qui nous échappent. Il y est prévu

la gratuité des soins pour une catégorie de malades. La construction de l’hôpital

de référence de Bobo-Dioulasso est entamée avec les partenaires chinois et assez

avancée. Le financement de la construction de l’hôpital de Gaoua est acquis, et

celui de Fada N’Gourma est en phase d’être bouclé. Le recrutement de quinze

mille agents de santé communautaire contribuera à l’amélioration de la santé à la

base.

46- Au niveau des infrastructures routières, outre les travaux de réhabilitation

ou de bitumage en cours ou déjà réalisés, un maillage du territoire en routes

bitumées est en projet avancé. L’objectif est de rendre tous les centres importants

accessibles pour faciliter la circulation des biens et des personnes. Il sera question

pour nous de faire du bitume en multicouches capables de résister au temps.

47- Nous avons ainsi en vue la route Gounghê-Fada-frontière du Niger qui,

pour faciliter le trafic, sera sans doute d’abord réhabilitée, avant d’être

entièrement reprise de façon définitive. Il y a aussi, entre autres, les routes Fada-

Bogandé, Tougan-Lanfiéra, Koudougou-Solenzo, Dori-Gorom, Zorgho-Mégué,

Gaoua-Batié, Ouahigouya-Djibo, Kalwartenga-Boulsa, Dandé-Kourouma qui

devront être bitumées. Les négociations sont en cours avec nos partenaires chinois

pour le financement du tronçon Banfora-Gaoua. La route Dori-Sébba est aussi à

l’étude. Nous avons également en vue la réhabilitation des tronçons Pâ-Dano-

Diébougou et Bobo-Orodara dont les travaux sont déjà en cours.

48- Des travaux sont prévus à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso pour fluidifier le trafic. À titre d’exemple, toutes les voies de sortie de Ouagadougou sont concernées et seront élargies en deux fois deux voies là où ce n’est pas le cas.Les travaux ont déjà commencé sur la sortie Est de Ouagadougou. De mini- échangeurs dans les principaux carrefours de Ouagadougou sont à l’étude.

Plusieurs infrastructures du même type sont en étude à Bobo-Dioulasso pour soulager les usagers.

Dans le domaine des transports, l’étude du projet de chemin de fer Bobo-

Dioulasso-Sikasso est engagée, ainsi que d’autres lignes à travers le pays. Nous ne perdons pas de vue la ligne Accra-Ouagadougou, de même que celle de Lomé Ouagadougou. Les Ghanéens et les Togolais y sont aussi intéressés. L’aéroport de Bobo-Dioulasso est maintenant fonctionnel 24h/24, et répond aux normes internationales. Des études sont en cours pour en faire un grand aéroport de référence en Afrique de l’Ouest. Nous cherchons aussi à trouver une solution durable pour Air Burkina. Nous sommes également en pourparlers avec d’autres compagnies aériennes. Nous explorons toutes les possibilités pour un meilleur désenclavement et un meilleur rayonnement du Burkina Faso. Pour l’affirmation de notre identité, et pour encourager la production locale, les artisans et les créateurs, un décret portant sur le port du Faso dan fani et le Kokodonda a été adopté lors du Conseil des ministres de Bobo-Dioulasso le 28avril dernier. Il encadre et stimule l’usage de la cotonnade locale dans la

confection des vêtements. Tous les corps de la société sont concernés. Un forum

sur la « Problématique de l’accessibilité financière du Faso dan fani » s’est tenu

le 19 mai dernier pour envisager les pistes possibles de vulgarisation de ce produit

national.

À partir des conclusions du Forum, un groupe de travail proposera un plan

d’action opérationnel engageant toutes les parties prenantes à trouver des

solutions à la contrainte d’accessibilité financière du Faso dan fani. À terme, il

s’agira de voir les toges des enseignants d’université et des agents du monde

judiciaire, de même que les blouses des médecins et du personnel soignant, et les

tenues de cérémonies des F.D.S. en Faso dan fani.

Nous avons en projet la labellisation des produits locaux. Ce qui

contribuera à établir un label de qualité et rendra nos produits compétitifs. De ce

fait, les produits étrangers similaires qui ne correspondraient pas à ce label de

qualité ne seront pas acceptés. Nos produits seront ainsi mieux protégés.

 

 

 

 

En matière immobilière, une loi sur la promotion immobilière est en

discussion au niveau de votre Assemblée. Elle vise à réorganiser le secteur en y

mettant de l’ordre, en redéfinissant sa mission. Nul ne peut contester que nos

villes, surtout les plus grandes comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso s’étendent à l’infini. Ce qui rend difficile toute maîtrise de leur développement, de leur assainissement, et de leur encadrement. Si l’extension des villes n’est pas maîtrisée, bientôt il n’y aura plus d’espace pour l’agriculture, pour l’élevage, pour l’environnement. Il est temps de comprendre qu’il faut construire en hauteur et contribuer ainsi à l’amélioration du cadre de vie en rendant plus accessibles les commodités essentielles comme l’eau courante, l’électricité et la voirie.

 

Dans les ressources minières, le Gouvernement a déjà facilité l’implantation d’une unité de transformation sur place des déchets miniers, appelés charbon fin. L’objectif à court terme est de construire une raffinerie d’or afin que l’or extrait puisse être traité sur place. Un contrôle effectif doit être effectué afin que l’on sache la quantité exacte d’or produite par an. Nous étudions des mesures contre la contrebande de l’or. Les produits de l’orpaillage ont souvent tendance à traverser les frontières pour se retrouver dans l’escarcelle de pays voisins.

 

 

En ce qui concerne l’entreprenariat des jeunes et l’emploi, plusieurs mesures sont prises. L’un des faits marquants est la création de l’Agence pour lapromotion de l’entreprenariat communautaire (A.P.E.C.) qui propose un mécanisme de financement basé sur l’actionnariat populaire, pour pallier les défaillances du système financier, et contribuer à développer des unités de transformation des produits locaux. Des réformes portant mesures d’incitations fiscales et douanières, au profit des petites et moyennes entreprises (P.M.E.), sont également en cours. Ces mesures permettront, entre autres, d’inciter à la création d’entreprises, à la formalisation des entreprises, à l’auto-emploi des jeunes et la création d’emploi. Et aussi de renforcer la compétitivité et la capacité de production des P.M.E. burkinabè, et d’améliorer la viabilité de ces P.M.E.

 

 

Le président de la Transition, chef de l’État, a profité de son récent passage à Fada N’Gourma pour lancer l’initiative bureaux Bilan de compétence et accompagnement (B.C.A.) au sein des institutions d’enseignement supérieur et de recherche. En fin avril à Bobo-Dioulasso, le chef de l’État a lancé une initiative présidentielle de soutien à l’emploi des jeunes et des femmes par la promotion de l’entreprenariat agro-sylvo-pastoral. L’objectif est d’inciter la jeunesse à s’investir dans l’entreprenariat agricole dans toutes les régions du pays.

 

 

 

IV- De la réconciliation nationale et de la refondation de l’État

Honorables députés

Comme l’on dit, quand on a un bon général, on a de bons soldats. Le bon général, nous l’avons enfin trouvé, c’est notre président. Avec lui, l’espoir renaît,et nous sommes convaincus que bientôt, le grand banditisme et l’insécurité ne seront plus qu’un mauvais souvenir au Burkina. Pour ce qui est de la refondationde la société, elle consistera d’abord à doter le pays d’une Constitution qui soit le reflet des aspirations de nos populations. Nul ne peut réellement s’émanciper àpartir des valeurs et des références d’autrui. Sans tomber dans le chauvinisme,nous devons éviter le mimétisme culturel irréfléchi. Prenons conscience des forces de nos cultures pour mieux nous projeter sur les autres en toute responsabilité.

La réconciliation nationale se fera dans le cadre de cette refondation. D’ores et déjà, un Comité interministériel a été mis en place le 16 mai dernier pour examiner spécifiquement le problème de la réconciliation sous l’angle strictement politique. Une certaine somme a été dégagée pour l’indemnisation des victimes des violences politiques. Le Comité devra veiller à éviter le cumul des indemnisations pour les mêmes faits. Car, bon nombre de victimes ont déjà été indemnisés par le passé. Ne pas tenir compte de cela, créera d’autres injustices.

 

Toutefois, la vraie réconciliation est celle qui consiste à réconcilier la société avec elle-même, avec son passé et son histoire. La réconciliation entre la

société, son Administration et ses dirigeants. C’est ce à quoi devra s’atteler le

processus de refondation.

Honorables députés !

63- Dans le cadre de la refondation de la société, vous avez bien voulu voter à

l’unanimité la loi sur les Comités de veille et de développement (COVED). Le

décret d’application et le règlement intérieur-type viennent d’être adoptés au

Conseil des ministres de Bobo-Dioulasso le 28 avril dernier. Les COVED seront

des instruments d’organisation et d’encadrement des populations qui se prendront

ainsi en charge à la base. Les COVED contribueront à l’élaboration d’un avant-

projet de Constitution. Ils seront des artisans de la lutte contre la corruption, contre

la délinquance et le banditisme, pour l’éducation à la citoyenneté, pour

l’assainissement et pour le développement local. Les COVED seront le reflet de

la société, et la société sera le reflet des COVED.

64- Ayons le courage de tourner le dos au mimétisme servile et aliénant pour

faire face à nous-mêmes et à nos réalités. Les COVED qui sont les moyens

d’expression de la base seront un maillon essentiel dans cette entreprise. Le

Burkina Faso de demain sera-t-il une monarchie, si oui, laquelle ? Sera-t-il une

république, si oui, sous quelle forme ? Ce sera au peuple de décider.

Le mimétisme constitutionnel, que je dénonce publiquement depuis plus

d’une vingtaine d’année, a pour corollaire, non seulement le déficit démocratique,

mais aussi le mimétisme de gouvernance qui entraine un dysfonctionnement entre

le peuple et son Administration. Le tout constituant un incubateur de troubles

sociaux qui, tôt ou tard éclateront avec d’autant plus de violence que les réalités

auront été occultées. Dans ce chantier gigantesque de la refondation de la société

qui s’ouvre à nous, tout le monde y est convié. Les COVED seront ainsi les

moyens de la refondation en profondeur de la nation et de l’État burkinabè.

66- La société actuelle est gangrénée par l’affairisme, pour ne pas dire la

cupidité. Depuis la fin de la Révolution démocratique et populaire avec le

président Thomas Sankara, On s’est évertué à inoculer dans les esprits que pour

avoir de la considération, il faut avoir de l’argent. Ainsi, chacun, à quelque poste

qu’il se trouve, fait tout pour capter à son profit le moindre sou dans son

entourage. On passe des nuits à concevoir des stratagèmes pour soutirer l’argent

de l’État, parfois à l’aide de faux projets ou de fausses propositions. L’essentiel

étant de grappiller de l’argent pour pouvoir se parer des oripeaux de l’avoir, et

prétendre à la considération.

67- L’argent est futile et volatile. Il est un moyen et non un socle. Aucune

nation dans l’histoire ne s’est construite et perdurer sur la base de l’argent et de

l’affairisme. Ce sont plutôt les valeurs d’éthique, d’intégrité et de courage qui

unissent les Hommes et créent des nations. Les nations se reconnaissent dans des

héros qui ont illuminé leur époque par leur détermination, leur courage, leur

intégrité.

Excellence ! Honorables députés !

68- On n’a pas besoin d’être riche pour être respecté. La dignité n’est pas un

produit négociable sur le marché de l’insouciance. Elle se vit et se fonde sur des

valeurs humaines et sociales. C’est pourquoi je ne cesse de répéter que même si

le Burkina n’est pas particulièrement riche en ressources naturelles, nous pouvons

faire en sorte qu’il soit respecté et respectable, envié et enviable. Nous pouvons

faire en sorte que le Burkinabè soit digne et fier de lui-même et de sa patrie, avec

le minimum de richesses que regorge notre sol et notre sous-sol. Nous aurons alors

réussi la vraie refondation. C’est vers ce destin que je vous confie.

La Patrie ou la mort, nous vaincrons !

 

 

Dr Apollinaire Joachimson KYÉLEM de TAMBÈLA

Premier ministre

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