🔴 Le Burkina trouve « malheureux » les propos de Mohamed Bazoum

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Après son entretien exclusif, vendredi, dans le journal Jeune Afrique – sur l’emploie des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) au Burkina et la stratégie de lutte contre le terrorisme – le gouvernement Burkinabè a aussitôt réagi, samedi, sur les propos du Président du Niger Mohamed Bazoum. Le porte-parole du gouvernement Burkinabè a qualifié de « malheureux » que le Président Bazoum affirme que les terroristes sont plus forts et plus aguerris que nos armées.

« C’est vraiment malheureux dans le contexte qui est le nôtre qu’un chef d’Etat estime que des hordes de terroristes sont plus aguerris », a déploré Jean Emmanuel Ouédraogo, le porte-parole du gouvernement.

Contrairement au Président nigérien, dit-il, « toute la dynamique de la transition aujourd’hui, toute la dynamique de reconquête de notre territoire est fondée sur notre conviction intime et profonde que le peuple Burkinabè, que nos vaillantes forces de défense et de sécurité, que nos Volontaires pour défense de la patrie (VDP), soutenus par le peuple dans son ensemble et sur le leadership du chef de l’Etat le Capitaine Ibrahim Traoré, ce peuple-là, uni, on va relever le défi. Nous allons reconquérir notre territoire, nous allons ramener la paix par nous-mêmes », s’est exprimé le porte-parole du gouvernement.

Le ministre trouve une incohérence dans les propos du chef de l’Etat nigérien.

« Nos armées ont mené à plusieurs reprises des opérations conjointes couronnées de succès et que l’histoire également nous enseigne que c’est une armée qui a toujours su relever la plupart des défis qui se sont posés à elle et au pays. Le peuple nigérien est un vaillant peuple. C’est Le peuple frère du Burkina Faso », a déclaré le ministre Ouédraogo.

« Nous pensons que le problème du Niger après cette sortie, cela vient confirmer déjà un certain nombre d’aspects (…) le Niger n’a aucun problème avec son armée parce qu’elle est vaillante. Le peuple frère du Niger est un peuple vaillant. Le Niger a surtout un problème de leadership. Cette sortie malheureuse vient le confirmer », affirme-t-il.

Le porte-parole du gouvernement Burkinabè explique que c’est d’autant plus déplorable cette sortie du Président nigérien qui, poursuit-il, en filigrane, a la faiblesse de penser que cette guerre nous pouvons la sous traiter. « Ça veut dire, confier cette guerre à des armées venues de contrées lointaines et avoir une courte vue en pensant que les soldats ont quitté l’occident et venir se sacrifier de façon désintéressée pour nos pays, pour le destin de nos pays. Mais visiblement, le Président du Niger fait l’option de confier le destin de son pays et le destin de ce combat engagé à des pays étrangers », a indiqué Jean Emmanuel Ouédraogo. « Et cette interview selon nous n’avait d’autres objectifs que de faire plaisir justement au pays d’origine de ces contingents déployés au Niger et cela se voit également à travers bien sûr l’organe auquel cette interview exclusive a également été accordée », a-t-il noté.

Dans son entretien accordé à Jeune Afrique, Mohamed Bazoum avait déclaré que la stratégie des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) n’est pas fonctionnelle. Il a aussi indiqué que les groupes terroristes dans la région sont plus puissants et mieux entraînés que les forces armées régulières, et que les civils ne peuvent pas faire face à cette menace.
« Si c’était fonctionnel, cela aurait été notre action propre. Ces terroristes sont plus forts que nos armées, ils sont plus aguerris que nos armées et des civils ne peuvent pas leur faire face », avait déclaré Mohamed Bazoum.

« Quand vous donnez des armes à des civils, vous êtes exposé à deux types de risques. Le risque qu’ils soient une proie que les terroristes viseraient délibérément avec des intentions cruelles, vous les exposez et deviennent de la chair à canon. L’autre risque vient du fait qu’ils ne sont pas militaires et vous n’avez aucune idée de leur moralité individuellement. Vous donnez à des civils que vous ne connaissez pratiquement pas des armes et vous les lâchez dans la nature, ils peuvent en abuser. Malheureusement aujourd’hui on en voit le résultat », avait expliqué dans l’entretien le Président Bazoum.

Cette déclaration de Mohamed Bazoum vient davantage détériorer les relations entre Ouagadougou et Niamey qui avaient pris un coup après la sortie du Général de Division, Mahamadou Tarka en avril dernier.

Ce haut gradé de l’armée nigérienne avait prédit un « réveil douloureux » aux autorités burkinabè et maliennes qui selon lui se « gargarisent de slogans creux et font la guerre à coup de communiqués mensongers et de propagande sur les réseaux sociaux ».

Lamine Traoré / Oméga médias

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