Il faut croire que le fĂącheux prĂ©cĂ©dent de Mohamed Sinon nâaura servi Ă rien. On pensait quâaprĂšs la condamnation le 10 fĂ©vrier 2023 Ă 24 mois de prison avec sursis de cet activiste pro-Ibrahim TraorĂ© pour menaces sous condition, mise en danger de la vie dâautrui et dâintolĂ©rance sur les personnes de Newton Ahmed Barry et dâAlpha Barry que les individus de son acabit tourneraient dĂ©sormais la langue sept avant de parler. HĂ©las ! Il faut croire que la leçon nâa pas Ă©tĂ© bien retenue ou que la peine nâa pas Ă©tĂ© suffisamment dissuasive pour dĂ©courager Ă jamais les futurs candidats.
On observe en effet depuis quelques jours, un retour de ces sorties nausĂ©euses qui font froid dans le dos. Dans des audios et des vidĂ©os qui ont circulĂ© ce week-end sur les rĂ©seaux sociaux, on voit en effet des pro-irissi Ă©ructer en colĂšre et baver littĂ©ralement de haine contre certains journalistes. Ils sâen prennent particuliĂšrement Ă OMEGA FM et Ă Alain Alain, appelant Ă incendier le siĂšge du groupe de presse et le domicile de son animateur-vedette, voire Ă attenter Ă sa vie ; allant mĂȘme jusquâĂ sâen prendre Ă ses parents, coupables dâavoir enfantĂ© une telle personne. Un appel public donc Ă tuer Ă lâaune duquel on mesure toute la gravitĂ© du pĂ©ril qui nous guette et dont on espĂšre quâil ne restera pas impuni. On nâavait jamais pensĂ© que notre cher Faso tomberait aussi bas.
Mais que diable le pauvre chroniqueur qui croque lâactualitĂ© sur un ton badin a-t-il pu bien commettre comme crime inexpiable pour mĂ©riter pareilles imprĂ©cations ? On cherche en vain. Et on tremble Ă lâidĂ©e que lâirrĂ©parable â Ă Dieu ne plaise â ne se produise avec des fous furieux de cette espĂšce qui pensent que le soutien au capitaine Ibrahim TraorĂ© leur confĂšre le droit de vie et de mort sur tous les BurkinabĂš, notamment ceux qui Ă©mettent la moindre critique ou la plus petite remarque sur la conduite de la Transition et lâaction de son chef. Certes on loue sa dĂ©termination, que disons-nous, sa fougue de capitaine trentenaire Ă nous sortir du bourbier sĂ©curitaire dans lequel nous nous dĂ©battons depuis sept ans mais sauf Ă nous convaincre que le prĂ©sident du Faso est bon Dieu, et donc infaillible, il faut bien souffrir quâon ne le caresse pas toujours dans le sens du poil. Sans pour autant ĂȘtre un valet local de lâimpĂ©rialisme ou un complice des djihadistes.
Serait-ce une façon de faire rĂ©gner la terreur pour faire taire toutes les voix discordantes ? On a bien peur. Hier câĂ©tait NAB et Alpha, aujourdâhui câest Alain Alain et OMEGA, Ă qui sera-ce le tour demain ? La question mĂ©rite dâĂȘtre posĂ©e dans un contexte oĂč la plume des pisse-copies tremble littĂ©ralement dĂšs quâils doivent aborder la situation nationale. La lutte contre le terrorisme doit-elle ĂȘtre prĂ©texte Ă tout, en lâoccurrence Ă lâinstauration dâun rĂ©gime de terreur et dâun terrorisme intellectuel qui peut dĂ©boucher sur tous les dĂ©rapages possibles ?
Il faut dire que lâattitude parfois Ă©quivoque des autoritĂ©s donne souvent lâimpression dâune complicitĂ© passive, un feu Ă tout le moins orange qui autorise ceux de leurs partisans Ă passer dĂšs lors quâils sont engagĂ©s. AprĂšs avoir traitĂ© ses contempteurs dâapatrides (ce quâun prĂ©sident ne devrait pas dire), IB, lors de son rĂ©cent sĂ©jour Ă Kaya nâa-t-il pas dĂ©clarĂ© lui-mĂȘme dans une posture sankariste quâil savait oĂč se cachait les rĂ©actionnaires et les soutiens des terroristes et quâil irait les chercher ?
La parole prĂ©sidentielle est si prĂ©cieuse quâil convient de lâutiliser Ă bon escient car Ă coup sĂ»r, de tels propos peuvent apporter de lâeau au moulin des Sinon et compagnie et les inciter Ă passer Ă lâacte. Attention donc, DANGER ! On vous aura prĂ©venus.
La Rédaction (Observateur Paalga)
