🔴 Arbinda : « Il n’y a pas à manger depuis un certain temps », Issouf Maiga , président de l’Association pour le soutien et l’inclusion des enfants et parents en situation de détresse dans la province du Soum (ASIEPD/PS)

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« Il n’y a pas à manger depuis un certain temps » à Arbinda, avait alerté Issouf Maiga, président de l’Association pour le soutien et l’inclusion des enfants et parents en situation de détresse dans la province du Soum (ASIEPD/PS), dans une interview accordée à Oméga Médias, le vendredi 13 janvier dernier.

« La population de Arbinda se nourrit de jujube » avait indiqué¸ Issouf Maiga. Et à la recherche de jujube, une « cinquantaine de femmes » a été enlevé entre les 12 et 13 janvier à quelques kilomètres de localité. Un rapt commit « par des hommes armés » selon les autorités.

Instituteur et ressortissant d’Arbinda, Issouf Maïga appel à une régularité des convois de ravitaillement Djibo-Arbinda et Dori-Arbinda et Ouagadougou-Djibo.

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Oméga Médias : monsieur Issouf Maïga, bonjour, en tant que ressortissant de Arbinda, vous êtes à Ouagadougou depuis le mois de novembre et vous ne pouvez plus repartir dans votre région. Qu’est ce qui explique cela ?

Issouf Maïga : beaucoup de raisons expliquent cela. D’abord on ne peut plus aller à Arbinda par voie terrestre. Les convois sont devenus rares. Nous avons profité des camions et maintenant on est bloqué et on ne  peut plus repartir.

Oméga Médias : vous avez surement de la famille, des contacts à Arbinda. Quelle est la situation maintenant ?

Issouf Maïga : aujourd’hui la situation est très critique à Arbinda parce qu’il n’y a pas à manger depuis un certain temps. Ça vaut au moins deux semaines qu’il n’y a plus rien dans les boutiques. Ce que l’on peut trouver c’est  du sucre et aujourd’hui la population de Arbinda se nourrit de jujube. Et une boîte de jujube coûte 400 Francs à Arbinda. Il faut souvent que les enfants partent chercher les jujubes en brousse et revenir dans la soirée et revendre le lendemain. le dernier ravitaillement remonte à fin novembre et cela a été fait par voie aérienne et ce n’est pas suffisant.

Oméga Médias : vous souhaitez que les autorités  fassent en sorte qu’il ait des convois par voie terrestre et de façon régulière ?

Issouf Maïga : nous souhaitons que les autorités règlent vraiment la question des convois parce que si  chaque deux semaines nous pouvons avoir des convois, du ravitaillement, vraiment cela plaira à la population de Arbinda, cela va plaire à la population du Soum.

Oméga Médias : parlant de la population de Arbinda, la plus grande commune avait 43 villages, à cela il faut ajouter deux communes qui sont venus se retrouver à Arbinda. Actuellement combien de personnes sont à Arbinda ?

Issouf Maïga : aujourd’hui on ne peut pas dire exactement le nombre de personnes qui se trouvent à Arbinda, mais on estime à plus de 100 000 habitants. Nous avons la commune de Koutoukou qui est à Arbinda avec tous ses villages, plus de 8 villages. Nous avons aussi Bélédé, la commune de Tongmael qui se retrouve à Arbinda plus les autres villages de Arbinda. Il y a un nombre très important de population qui s’y trouve.

Oméga Médias : et comment cette population qui vit à Arbinda a accueilli justement ces personnes qui ont fuis Koutoukou, Tongmael pour venir se retrouver à Arbinda ? Comment elles ont été accueillies ?

Issouf Maïga : elles ont été accueillies par la population hôte. D’autres ont leurs familles là-bas. Et on a demandé à tout un chacun d’accueillir ces familles dans leur propre famille. Vous allez voir dans une famille ou dans une concession qu’il y a au moins 5 ; 6 ; 7 voire même 10 ménages qui sont venus s’ajouter au ménage de la famille hôte. C’est dans l’intention de ne pas créer un site, car ce sont souvent les sites de déplacés internes qui nous envoient souvent des problèmes.

Oméga Médias : ces sites de déplacés internes vous envoient quels genres de problèmes ?

Issouf Maïga : on ignore ce qu’ils font sur ces sites. Mais s’ils sont à côté de nous, on est ensemble, on est tous mélangé, nous avons l’œil sur eux.

Oméga Médias : côté sécuritaire vous avez demandé plus de convois, de ravitaillement cela signifie que la route n’est pas sure.

Issouf Maïga : oui !  La route est impraticable. Actuellement le risque c’est Arbinda-Dori. Les volontaires ont demandé mainte fois pour y aller mais ils n’ont pas eu l’autorisation. Les VDP sont sous la coupe des Forces de sécurité et c’est eux qui doivent donner leur ok  pour que les VDP fassent le convoi.  Sans leur ok, les VDP ne peuvent pas y aller. Ceux qui sont à Ouagadougou ne peuvent plus aller à Arbinda, passer ni par Dori. Vous voyez chaque fois on essaie de contrôler la route à partir de Kaya, Wanogouya jusqu’à Dori, tu n’oses même pas. Nous souhaitons vraiment qu’il ait un nettoyage pour que nous puissions rejoindre Arbinda.

Oméga Médias : monsieur Issouf Maïga, vous êtes aussi instituteur. Comment vous vous organisez avec les élèves ? Avec la situation où il n’y a plus à manger, est ce que les élèves arrivent à venir à l’école ? Comment vous faites avec eux ?

Issouf Maïga : aujourd’hui les élèves viennent à l’école mais il y a un problème qui est là. Il n’y a pas à manger. Un enseignant ou un élève qui ne mangent pas, quelle qu’en soit la discipline, il ne peut pas apprendre. Nous souhaitons vraiment que ceux qui s’occupent de la nourriture, surtout le Programme mondial alimentaire et l’UNICEF qu’ils veillent à ce qu’il ait un ravitaillement côté des vivres pour les enfants et même pour les enseignants. Un enseignant qui va aller là-bas, qu’est ce qu’il va manger ?

Oméga Médias : vous, vous êtes là, il y a combien qui reste à Arbinda ?

Issouf Maïga : actuellement il y a deux titulaires qui se trouvent à Arbinda, les autres  sont à Ouagadougou et ils cherchent un moyen pour rentrer mais en vain. Si non, actuellement l’école fonctionne parce qu’il y a le CM2 et les autres classes qui sont là. Les élèves partent mais il n’y a pas d’enseignant.

Oméga Médias : votre appel s’adresse aux autorités, aux ONG et à toute la population burkinabè.

Issouf Maïga : mon appel s’adresse au Président du Faso. On attire son attention sur la régularité des convois Djibo-Arbinda et Dori-Arbinda, Ouagadougou-Djibo, que cela soit fait au moins chaque deux semaine. Cela nous fera vraiment plaisir. Aux ONG aussi ils n’ont qu’à mettre de l’effort pour revoir Arbinda, car ça ne va.

Oméga Médias : Arbinda ça ne va pas. On sait que c’est une zone qui a été plusieurs fois attaquée par les groupes terroristes. Aujourd’hui, est ce que avec l’arrivée de nouvelles autorités la donne à changer ?

Issouf Maïga : côté sécurité ça va. Lorsque moi je suis à Arbinda je dors bien. Le seul problème est celui de la nourriture. Les forces de l’ordre, les VDP, chacun fait de son mieux pour qu’il ait la sécurité dans Arbinda.

Oméga Médias : Issouf Maïga, merci.

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