Ce dimanche, peu avant 22h, un groupe de soldats a fait une descente punitive au quartier Nagrin de Ouagadougou.
Des militaires ont mis et ce pendant plusieurs minutes, pour ainsi parler, le quartier sur un pied. Une autre sĂ©ance de bastonnade. Dans des vidĂ©os amateurs largement diffusĂ©es sur des mĂ©dias sociaux, on y voit ces soldats – munis de matraques, de cordelettes, Kalachnikov en bandouliĂšre pour certains – frapper sur tout ce qui bouge. Un soldat la veille, selon des tĂ©moins, a Ă©tĂ© poignardĂ© dans ce quartier. En signe de soutien, ses « frĂšres dâarme » ont dĂ©cidĂ© de « muscler la prĂ©sente descente » dans le pauvre quartier, voisin de celui huppĂ© de Ouaga2000. Sauf que certains jeunes du quartier ont dĂ©cidĂ© de rĂ©sister Ă cette descente. Dans les vidĂ©os amateurs, plusieurs motos, selon des sources, appartenant Ă ces soldats, ont Ă©tĂ© incendiĂ©es. Pour lâheure, lâĂ©tat-major nâa pas communiquĂ© sur cet incident ou doit-on dire, cette bavure, qui nâest pas une premiĂšre.
Puisquâon se souvient de cette nuit du 24 septembre 2022 dans le quartier Dapoya de la capitale oĂč des soldats avaient effectuĂ© une descente similaire. Un des leurs avait Ă©tĂ© tuĂ© la nuit dâavant dans le dit quartier. Encore en signe de reprĂ©sailles, un groupe de soldats a fait une descente pour se rendre justice. Ils sâen sont pris Ă dâinnocentes personnes. ImmĂ©diatement le Chef dâEtat-Major GĂ©nĂ©ral des ArmĂ©es a condamnĂ© la barbarie des soldats et a prĂ©sentĂ© « ses excuses aux populations ». Le patron de lâarmĂ©e avait aussi reconnu que agissements inadmissibles nâhonoraient pas les Forces ArmĂ©es Nationales surtout, avait-il dĂ©plorĂ©, dans cette pĂ©riode difficile que traverse le pays.
Plus loin Ă PĂŽ dans le Nahouri, en octobre 2021, des militaires avaient aussi effectuĂ© une descente musclĂ©e dans la ville suite Ă un diffĂ©rend qui a opposĂ© un des leurs Ă un groupe de civils. Plusieurs blessĂ©s avaient Ă©tĂ© enregistrĂ©s suite Ă la bastonnade. Des missions sâĂ©taient rendues dans les localitĂ©s pour calmer le jeu.
Tous ces actes qui rappellent la difficile collaboration entre forces de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ© et les populations. La prĂ©sence de lâarmĂ©e auprĂšs des populations qui devait ĂȘtre un signe dâassurance suscite finalement des inquiĂ©tudes, la peur et la terreur.
En pleine lutte contre lâinsĂ©curitĂ©, le terrorisme et au moment oĂč la collaboration des populations est vivement souhaitĂ©e, câest dans ce contexte que ces agissements surviennent. Quand la pluie vous bat, il faut Ă©viter de se battre !
Lamine Traoré