🔴 [EXCLUSIF] Nouna : Le récit d’un rescapé

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Aux lendemains de la mort de 28 personnes à Nouna, des suites de représailles d’une première attaque, des ressortissants de la province de la Kossi – parents de victimes et rescapés – ont animé un point de presse sur ces événements qu’ils qualifient de « représailles orchestrées » contre la communauté peule.

« Ils ont (…) sillonné toutes les autres cours des familles peules et tiré à bout portant sur tout homme rencontré sur leur chemin », a laissé entendre un rescapé qui a, lors de ce conférence, fait un récit des évènements survenus dans la nuit du 29 au 30 décembre à Nouna.

Intégralité du témoignage à lire ici👇

Propos recueillis par : Paul Soma/Oméga médias
Bobo-Dioulasso

« C’est le vendredi au petit matin que nous avons reçu la visite d’individus armés venus à moto. Lorsqu’ils sont arrivés chez nous , ils nous ont demandé de rentrer dans nos maisons. J’ai demandé ce qu’on a bien pu faire pour qu’on nous demande de nous enfermer dans nos maisons. Sans réponse et face à l’insistance des hommes, nous avons obtempéré et ma femme a refermé la porte.

Un autre a demandé à ma femme d’ouvrir à nouveau la porte sinon il va tirer sur elle.
C’est en ce moment que j’ai dit d’ouvrir la porte pour que je me rende, pour qu’il me tue.

Lorsque je suis sorti ils m’ont obligé à les suivre. Je leur ai demandé de me dire où ils comptent me conduire, à la police ou à la gendarmerie? Et ils ont rétorqué de les suivre sans poser de questions.

Ils m’ont ensuite fait asseoir devant la cour et bandé mes yeux avant de me remorqué à moto. Je leur ai encore précisé que j’étais prêt à les suivre à la gendarmerie mais pas vers une autre destination notamment en brousse.

Et lorsqu’ils ont démarré, juste quelques mètres après, ils ont marqué un arrêt et fait demi-tour. C’est en ce moment je me suis laissé tomber en leur demandant de me tuer. Il ya un de mes ravisseurs qui a alors demandé à son compagnon de faire son travail. Tue-le, tue-le , tue-le criait-il.

L’autre à son tour, pointa son arme sur moi, deux ou trois fois, sans tirer. Celui qui donnait l’ordre de me tuer s’approcha et dit à son acolyte : « si tu ne vas pas faire ton travail, laisse moi je vais le tuer ». Ensuite ce dernier m’ordonna de partir. Quand j’ai donné dos, il a tiré sur moi mais fort heureusement les balles ne m’ont pas atteint. J’ai ensuite couru pour me trouver une cachette.

Depuis ma planque, j’entendais les cris de ma femme et de mes enfants convaincus que j’étais mort. Derrière moi, les hommes armés ont tué mon enfant de 16 ans à mon domicile. Ils ont également exécuté mon beau-frère et son neveu qui avaient trouvé réfuge chez mon voisin.

Ils ont ensuite sillonné toutes les autres cours des familles peules et tiré à bout portant sur tout homme rencontré sur leur chemin.
Voici ce que nous avons vécu ».

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