UNITE DâACTION SYNDICALE (UAS) / BURKINA FASO
LES CENTRALES SYNDICALES :
CGT-B â CNTB â CSB â FO/UNS â ONSL â USTB
LES SYNDICATS AUTONOMES :
SAMAEâSATBâSATEBâSBMâSNEABâSNESSâSYNAPAGERâSYNAPIBâSYNATEBâSYNATELâSYNATICâSYNATIPBâSYNATRADâSYNTASâSYNTRAPOSTâSYSFMABâUGMB
DECLARATION A LâOCCASION DU 8EME ANNIVERSAIRE DE LâINSURRECTION POPULAIRE DE 2014
Les 30 et 31 octobre 2014, le peuple BurkinabĂš, en particulier sa jeunesse, sâinsurgeait contre le rĂ©gime de Blaise COMPAORE qui sâĂ©tait installĂ© au pouvoir depuis 27 ans.
A la base de cette insurrection populaire, il y avait certes lâentĂȘtement du rĂ©gime COMPAORE Ă se pĂ©renniser au pouvoir, Ă travers la tentative de rĂ©vision de lâarticle 37 de la Constitution. Si cette volontĂ© de rĂ©vision de la Constitution peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme lâĂ©lĂ©ment dĂ©clencheur de cette action, elle traduisait fondamentalement lâoption de rejet de politiques nĂ©olibĂ©rales engendrant des consĂ©quences Ă©normes dans tous les domaines de la vie. Il importe donc de souligner quâelle est le fruit dâun vaste et profond travail de sensibilisation et dâĂ©ducation des masses populaires menĂ© par les organisations dĂ©mocratiques de notre pays.
En effet, lâassassinat notamment le 13 dĂ©cembre 1998 du journaliste Norbert ZONGO et de ses trois compagnons sur la route de Sapouy, a dĂ©clenchĂ© une crise sociopolitique qui a Ă©voluĂ© depuis en plusieurs phases. Le mouvement syndical de notre pays a pris une part active Ă ce travail patient et profond de sensibilisation et dâorganisation. Il a aussi, comme il lâa toujours fait aux tournants majeurs de lâhistoire de notre peuple, activement pris part Ă cette lutte du peuple ayant abouti Ă la chute du rĂ©gime de Blaise COMPAORE qui a dĂ» fuir le pays, en compagnie de certains de ses proches, avec la complicitĂ© des autoritĂ©s françaises.
En ce 8Ăš anniversaire de lâinsurrection populaire des 30 et 31 octobre, lâUnitĂ© dâAction Syndicale salue la mĂ©moire de tous ceux qui ont sacrifiĂ© leur vie pour lâavĂšnement de cette insurrection. Elle dĂ©plore quâĂ ce jour, justice ne leur soit pas encore rendue.
Au moment oĂč nous commĂ©morons le 8Ăš anniversaire de lâinsurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, notre pays vient de vivre, en lâespace de 8 mois, un deuxiĂšme coup dâEtat. En effet, le 30 septembre 2022, les armes ont encore crĂ©pitĂ© Ă Ouagadougou, mettant fin au pouvoir du Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA. Les putschistes ont annoncĂ© la dĂ©mission du Lieutenant-Colonel DAMIBA et son remplacement par le Capitaine Ibrahim TRAORE Ă la tĂȘte du MPSR.
Ce retour des coups dâEtat prĂ©sente Ă nos yeux deux dangers majeurs.
Le premier, câest quâil y a une banalisation des coups de force et surtout le risque que sâinstaure un cycle de prise de pouvoir par la force des armes, synonyme dâinstabilitĂ© et de complication de la lutte contre lâinsĂ©curitĂ©. La rĂ©alitĂ© de notre ArmĂ©e aujourdâhui, qui est un terrain fertile pour les coups dâEtat, ne peut que susciter des inquiĂ©tudes. Au regard des nombreuses interventions intempestives de lâArmĂ©e dans la vie politique nationale, lâUAS estime que celle-ci doit retourner urgemment dans les casernes et sâen tenir Ă son rĂŽle rĂ©galien de dĂ©fense du territoire national, en un mot, ĂȘtre une ArmĂ©e rĂ©publicaine.
Le deuxiĂšme, câest le dĂ©veloppement de lâesprit putschiste au sein mĂȘme de la population, particuliĂšrement au niveau de la jeunesse qui en arrive Ă reposer tous ses espoirs sur des putschs, sur des messies. Cet esprit putschiste est favorisĂ© par la crise sĂ©curitaire qui constitue pour les BurkinabĂš un grand souci, un tourment.
Lâattente dâun salut qui viendrait dâun messie est aux antipodes de lâesprit qui a prĂ©valu Ă lâavĂšnement de lâinsurrection populaire de 2014 en tant quâĂ©vĂ©nement majeur et exploit de notre peuple qui a suscitĂ© admiration et espoir chez de nombreux peuples du monde. Faut-il le rappeler, le mouvement syndical burkinabĂš a apportĂ© sa contribution Ă de nombreux Ă©vĂ©nements historiques porteurs dâespoir pour notre peuple : 3 janvier 1966, 17-18 dĂ©cembre 1975, 16 septembre 2015, etc.
Pour revenir au coup dâEtat du 30 septembre 2022, nous notons que les manifestations de soutien dont il a bĂ©nĂ©ficiĂ© tĂ©moignent, non seulement du sentiment anti impĂ©rialiste de la jeunesse mais aussi sa soif du changement.
En ce jour anniversaire de lâinsurrection populaire de 2014, lâUAS exige :
– la lumiĂšre sur les auteurs et commanditaires des tirs contre les manifestants des 30 et 31 octobre 2014 ;
– la vĂ©ritĂ© et la justice sur les crimes Ă©conomiques et de sang ;
– la sĂ©curisation des populations ;
– la prise de mesures sĂ©rieuses contre la vie chĂšre ;
– lâarrĂȘt des atteintes aux droits et acquis des travailleurs ;
– le respect des dĂ©cisions de justice.
Pour ce faire, elle invite ses militantes et militants, les travailleuses et travailleurs Ă poursuivre dans la voie tracĂ©e par les aĂźnĂ©s. Elle recĂšle Ă©galement de faits qui attestent du gĂ©nie et de la force du peuple burkinabĂš. La persistance, voire lâaggravation de la crise sĂ©curitaire, de la vie chĂšre, les menaces constantes contre les libertĂ©s nous commandent de renforcer nos organisations, de dĂ©velopper la vigilance et surtout dâĂȘtre optimistes. Comme nous lâavons Ă©crit dans notre dĂ©claration du 3 octobre 2022, lâUAS « appelle ses militant(e)s, les travailleuses et travailleurs :
– Ă suivre lâĂ©volution de la situation avec toute lâattention requise ;
– Ă renforcer leurs organisations et Ă se tenir prĂȘts pour la dĂ©fense de lâintĂ©gritĂ© de notre territoire, pour la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts matĂ©riels et moraux des travailleurs et pour le maintien et lâĂ©largissement des libertĂ©s ».
Vive lâinsurrection Populaire des 30 et 31 octobre 2014 !
Vive lâUnitĂ© dâAction Syndicale (UAS) !
Ouagadougou, le 31 octobre 2022
Pour les Secrétaires Généraux :
Ont signé :
Le PrĂ©sident de mois des centrales syndicalesâ        Le PrĂ©sident de mois des syndicats autonomes
El Hadj Inoussa NANA âââââAlain SOME
SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral / FO-UNSâââ     SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral / SYNTRAPOST