Le PrĂ©sident du Faso a reconnu, Ă New York lors dâune rencontre avec la communautĂ© burkinabĂš, que la responsabilitĂ© de tous est engagĂ©e dans le drame dâInata (Sahel).
« Il faut savoir que tout le monde est coupable », a dĂ©clarĂ© le lieutenant-colonel. Pour lui, le commandement est coupable dans lâaffaire dâInata, les hommes qui Ă©taient sur la position sont coupables, les hommes qui devaient les relever sont coupables. « Toute cette chaĂźne, tous ces gens peuvent ĂȘtre sanctionnĂ©s », a affirmĂ© Damiba expliquant quâil y a eu des dysfonctionnements au niveau de la chaĂźne de commandement militaire. Et ces problĂšmes de commandement et de dysfonctionnements, selon le lieutenant-colonel entourĂ© de ses compatriotes, ne peuvent pas se rĂ©gler dans la place publique. « MĂȘme ceux qui Ă©taient Ă Inata au moment de lâattaque peuvent ĂȘtre sanctionnĂ©s. Les messages qui ont Ă©tĂ© communiquĂ©s nâĂ©taient pas la vĂ©rité », a-t-il lĂąchĂ©.
Les militaires quand ils sont dĂ©ployĂ©s dans un environnement de stress, quand lâheure de la relĂšve arrive et les gens ne sont pas relevĂ©s, ça devient insupportable, indique le PrĂ©sident Damiba justifiant quâil nây a pas un dispositif derriĂšre qui encourage le militaire. « Câest la mĂȘme chose que les militaires amĂ©ricains dĂ©ployĂ©s en Irak. Souvent tu pĂštes les plombs, il y a des cas malheureux qui arrivent », a-t-il notĂ© au passage et dâajouter que ce ne sont pas des problĂšmes quâon peut ouvrir.
« Permettez-nous de régler ça et de trouver des normes pour pouvoir arranger pour avoir une armée forte et structurée », a dit le lieutenant-colonel.
Damiba nâa rien Ă se reprocher dans le dossier !
Le PrĂ©sident du Faso a Ă©tĂ© catĂ©gorique. Une certaine opinion fait un lien entre le coup dâEtat et le rapport dâInata. Des hauts gradĂ©s de lâarmĂ©e y compris Damiba seraient citĂ©s dans le rapport. Faux, rassure le PrĂ©sident du Faso.
« Jâai lu le rapport dâInata parce que le rapport mâa Ă©tĂ© transmis et nous avons transmis le rapport Ă la direction de la justice militaire pour poursuivre. Mais le contenu que jâai lu, ce que nous avons comme donnĂ©es, ce nâest pas la vĂ©ritĂ© de ce qui sâest passé », a dĂ©clarĂ© Paul-Henri Damiba et de dire: « les gens qui citent mon nom dans Inata, ils vont fouiller ça 1000 fois ils ne vont pas trouver mon nom lĂ -bas ».
« Les gens qui pensent quâil y avait des problĂšmes dâalimentation, le rapport dâInata montre clairement, les gens qui sont allĂ©s aprĂšs lâattaque pour enquĂȘter, ont vu du repas lĂ -bas », a lancĂ© le PrĂ©sident. « Y avait Ă manger. Y avait du poisson sec, y avait des sardines », a-t-il insistĂ©.
Pour le lieutenant-colonel, sâil nâa pas abordĂ© le dossier Inata jusquâĂ maintenant, cela ne veut pas dire quâil essaie de couvrir quelquâun encore moins de protĂ©ger quelquâun.
Lâattaque dâInata dans le Sahel a fait 57 morts dont 53 gendarmes et 4 civils et plusieurs disparus le 14 novembre 2021.
Lâattaque avait suscitĂ© beaucoup dâindignation au sein des populations. Plusieurs organisations de la sociĂ©tĂ© civile avaient rĂ©clamĂ© la dĂ©mission du PrĂ©sident du Faso dâalors, Roch KaborĂ©. Ce dernier avait reconnu Ă son tour que lâattaque est survenue Ă cause de nombreux dysfonctionnements au sein de lâarmĂ©e.
Le PrĂ©sident KaborĂ© avait immĂ©diatement demandĂ© un rapport dâenquĂȘte. RejetĂ© une premiĂšre fois car nâayant pas suffisamment dâĂ©lĂ©ments pour situer les responsabilitĂ©s, il a finalement reçu le rapport le 14 dĂ©cembre 2021.
Le PrĂ©sident KaborĂ© avait opĂ©rĂ© plusieurs changements au sein de lâarmĂ©e. Presque tout le commandement avait Ă©tĂ© renouvelĂ©. Le PrĂ©sident du Faso avait nommĂ© un nouvel exĂ©cutif, un nouveau Premier ministre et de nouveaux ministres. Un gouvernement dit resserrĂ© de 25 membres Ă©tait Ă la tĂąche.
Mais cela nâaura pas suffit. Le 24 janvier 2022, Roch KaborĂ© est renversĂ© par un coup dâEtat. Le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba devient le nouvel homme fort du pays.
Quelque quatre mois soit mi-mai, « 13 personnes ont Ă©tĂ© entendues en qualitĂ©s de tĂ©moins, pour des faits susceptibles dâĂȘtre qualifiĂ©s de mise en danger de la vie dâautrui, abstention de porter secours Ă des personnes en pĂ©ril, refus dâobĂ©issance ou tous autres infractions que lâinstruction viendrait Ă dĂ©couvrir », avait annoncĂ© le Tribunal militaire dans un communiquĂ©.
Lamine Traoré
