🔮 Rapport d’Inata – « Tout le monde est coupable ». (Damiba Ă  New York)

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Le PrĂ©sident du Faso a reconnu, Ă  New York lors d’une rencontre avec la communautĂ© burkinabĂš, que la responsabilitĂ© de tous est engagĂ©e dans le drame d’Inata (Sahel).

« Il faut savoir que tout le monde est coupable », a dĂ©clarĂ© le lieutenant-colonel. Pour lui, le commandement est coupable dans l’affaire d’Inata, les hommes qui Ă©taient sur la position sont coupables, les hommes qui devaient les relever sont coupables. « Toute cette chaĂźne, tous ces gens peuvent ĂȘtre sanctionnĂ©s », a affirmĂ© Damiba expliquant qu’il y a eu des dysfonctionnements au niveau de la chaĂźne de commandement militaire. Et ces problĂšmes de commandement et de dysfonctionnements, selon le lieutenant-colonel entourĂ© de ses compatriotes, ne peuvent pas se rĂ©gler dans la place publique. « MĂȘme ceux qui Ă©taient Ă  Inata au moment de l’attaque peuvent ĂȘtre sanctionnĂ©s. Les messages qui ont Ă©tĂ© communiquĂ©s n’étaient pas la vĂ©rité », a-t-il lĂąchĂ©.

Les militaires quand ils sont dĂ©ployĂ©s dans un environnement de stress, quand l’heure de la relĂšve arrive et les gens ne sont pas relevĂ©s, ça devient insupportable, indique le PrĂ©sident Damiba justifiant qu’il n’y a pas un dispositif derriĂšre qui encourage le militaire. « C’est la mĂȘme chose que les militaires amĂ©ricains dĂ©ployĂ©s en Irak. Souvent tu pĂštes les plombs, il y a des cas malheureux qui arrivent », a-t-il notĂ© au passage et d’ajouter que ce ne sont pas des problĂšmes qu’on peut ouvrir.
« Permettez-nous de régler ça et de trouver des normes pour pouvoir arranger pour avoir une armée forte et structurée », a dit le lieutenant-colonel.

Damiba n’a rien à se reprocher dans le dossier !

Le PrĂ©sident du Faso a Ă©tĂ© catĂ©gorique. Une certaine opinion fait un lien entre le coup d’Etat et le rapport d’Inata. Des hauts gradĂ©s de l’armĂ©e y compris Damiba seraient citĂ©s dans le rapport. Faux, rassure le PrĂ©sident du Faso.

« J’ai lu le rapport d’Inata parce que le rapport m’a Ă©tĂ© transmis et nous avons transmis le rapport Ă  la direction de la justice militaire pour poursuivre. Mais le contenu que j’ai lu, ce que nous avons comme donnĂ©es, ce n’est pas la vĂ©ritĂ© de ce qui s’est passé », a dĂ©clarĂ© Paul-Henri Damiba et de dire: « les gens qui citent mon nom dans Inata, ils vont fouiller ça 1000 fois ils ne vont pas trouver mon nom lĂ -bas ».

« Les gens qui pensent qu’il y avait des problĂšmes d’alimentation, le rapport d’Inata montre clairement, les gens qui sont allĂ©s aprĂšs l’attaque pour enquĂȘter, ont vu du repas lĂ -bas », a lancĂ© le PrĂ©sident. « Y avait Ă  manger. Y avait du poisson sec, y avait des sardines », a-t-il insistĂ©.

Pour le lieutenant-colonel, s’il n’a pas abordĂ© le dossier Inata jusqu’à maintenant, cela ne veut pas dire qu’il essaie de couvrir quelqu’un encore moins de protĂ©ger quelqu’un.

L’attaque d’Inata dans le Sahel a fait 57 morts dont 53 gendarmes et 4 civils et plusieurs disparus le 14 novembre 2021.

L’attaque avait suscitĂ© beaucoup d’indignation au sein des populations. Plusieurs organisations de la sociĂ©tĂ© civile avaient rĂ©clamĂ© la dĂ©mission du PrĂ©sident du Faso d’alors, Roch KaborĂ©. Ce dernier avait reconnu Ă  son tour que l’attaque est survenue Ă  cause de nombreux dysfonctionnements au sein de l’armĂ©e.

Le PrĂ©sident KaborĂ© avait immĂ©diatement demandĂ© un rapport d’enquĂȘte. RejetĂ© une premiĂšre fois car n’ayant pas suffisamment d’élĂ©ments pour situer les responsabilitĂ©s, il a finalement reçu le rapport le 14 dĂ©cembre 2021.

Le PrĂ©sident KaborĂ© avait opĂ©rĂ© plusieurs changements au sein de l’armĂ©e. Presque tout le commandement avait Ă©tĂ© renouvelĂ©. Le PrĂ©sident du Faso avait nommĂ© un nouvel exĂ©cutif, un nouveau Premier ministre et de nouveaux ministres. Un gouvernement dit resserrĂ© de 25 membres Ă©tait Ă  la tĂąche.

Mais cela n’aura pas suffit. Le 24 janvier 2022, Roch KaborĂ© est renversĂ© par un coup d’Etat. Le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba devient le nouvel homme fort du pays.

Quelque quatre mois soit mi-mai, « 13 personnes ont Ă©tĂ© entendues en qualitĂ©s de tĂ©moins, pour des faits susceptibles d’ĂȘtre qualifiĂ©s de mise en danger de la vie d’autrui, abstention de porter secours Ă  des personnes en pĂ©ril, refus d’obĂ©issance ou tous autres infractions que l’instruction viendrait Ă  dĂ©couvrir », avait annoncĂ© le Tribunal militaire dans un communiquĂ©.

Lamine Traoré

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