🔴Lettre Blaise Compaoré – Aida Kiemdé, unique fille de Frédéric Kiemdé, se pose des questions 

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Elle est la fille de Frédéric Kiemdé, alors Conseiller de Thomas Sankara et un de ses 12 compagnons tombés le 15 octobre 1987. Jointe au téléphone ce mercredi 27 juillet par Oméga, Aida Kiemdé, seule enfant du défunt réagit à la demande de pardon de l’ancien président Blaise Compaoré condamné à la perpétuité dans le procès de l’assassinat de Sankara et ses autres camarades. 

« Tout d’abord j’ai une pensée envers toutes les personnes qui ont été assassinées sous le règne de M. Compaoré parce qu’il n’y a pas que les victimes du 15 octobre 87. Il y a beaucoup d’autres personnes qui malheureusement n’auront jamais justice », a-t-elle dit dès l’entame de ses propos.

« Par rapport à la lettre qu’on a reçue hier moi j’ai plusieurs questions et j’aimerais vraiment les poser et qu’on puisse réfléchir ensemble pour y apporter des réponses. Dans un premier temps on a eu monsieur Compaoré qui est venu au Burkina sous un mandat d’arrêt qui a nargué la justice et aussi les familles que nous sommes. D’ailleurs son avocat a souligné que cette décision de justice était un jugement non écrit, ce qui veut dire que c’est un jugement nul ».

Selon toujours Aida Kiemdé, « alors quand je lis la lettre de monsieur Compaoré qui indique qu’il demande pardon pour les actes qu’il a commis lors de son magistère, est ce qu’il reconnaît ses fautes, ses crimes ? », s’interroge-t-elle avant d’ajouter : « demander pardon oui, mais demander pardon c’est aussi reconnaître ses fautes. Est-ce qu’on est finalement en train d’assister à une reconnaissance des fautes pénales de Blaise ? C’est la première question ».

La deuxième question c’est : « est-ce qu’il ne pouvait pas se déplacer directement chez les familles ? Monsieur Compaoré connaît les familles des personnes assassinées. On est présent à Ouaga donc on aurait pu avoir une délégation même des membres de sa famille présente au Burkina qui pourraient venir demander pardon ».

Estimant que la demande de pardon est un moment intime, la jeune dame qui n’avait que 4 mois quand son père a été assassiné pense que les familles auraient pu se retrouver sans l’intervention du gouvernement ni celle de la presse.

Des questions il y en a encore. « Qu’on nous explique et que ce soit clair, est-ce que le fait que Blaise se réconcilie avec les familles cela va arrêter le terrorisme ? Et qu’est-ce que ça implique ? Est-ce que ça veut dire qu’il y a une corrélation entre Blaise et le terrorisme ? Entre la réconciliation et le terrorisme ? Si oui qu’on nous explique clairement afin qu’on puisse comprendre et en tirer des conclusions. Est-ce que maintenant on peut tuer, assassiner, commettre tous les crimes et venir demander pardon ensuite passer à autre chose ? ».

Des interrogations qui lui font pressentir « soit une amnistie ou une grâce présidentielle et malheureusement ce serait le summum de l’impunité. Et dans ce cas moi j’invite toutes les personnes qui sont prisonnières au Burkina à écrire des lettres, à demander pardon », caricature l’unique fille Kiemdé.

« Le pardon oui on a entendu et on a applaudit, mais qu’est-ce qu’on fait de la justice ? », a posé comme ultime question Aida Kiemdé.

Brigitte Yoda

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