LâinvitĂ© de la rĂ©daction est le porte-parole du gouvernement Lionel Bilgo. Avec lui on parle des discours de haine, des audios qui ont fait le tour des rĂ©seaux sociaux la semaine derniĂšre. Le gouvernement avait fermement condamnĂ© ces messages et avait rassurĂ© de retrouver les auteurs. Aucune raison ne peut justifier de tels propos selon le porte-parole du gouvernement qui, pour lui, la situation sĂ©curitaire devrait amener [les BurkinabĂš] Ă plus de solidaritĂ© et dâunion. Par ailleurs, le porte-parole du gouvernement estime quâen ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, il y a des avancĂ©es et de nouvelles stratĂ©gies sont mises en place par lâarmĂ©e. Lionel Bilgo rĂ©pond aux questions de Lamine TraorĂ©.
Radio Oméga : La semaine derniÚre vous avez fermement condamné des discours de haine sur les réseaux sociaux pourquoi ?
Lionel Bilgo : Avec la derniĂšre Ă©nergie, le gouvernement a condamnĂ© ces messages et il n’y a pas que le gouvernement, toute la population, burkinabĂš, tous ceux qui sont pour la paix dans ce pays, qui rĂȘvent dâun Burkina meilleur ont condamnĂ© ces messages. C’est inimaginable quâen 2022, des individus puissent sâadonner Ă de tels messages pour mettre les composantes de notre sociĂ©tĂ© en conflits. Nous devons tous, nous mettre debout avec toutes lâĂ©nergie qui sied pour mettre en dĂ©route ceux qui ont des agendas cachĂ©s, pour faire semer la terreur et vivre la misĂšre au peuple burkinabĂš. Le Burkina Faso est une belle mosaĂŻque, constituĂ©e de plusieurs ethnies et câest au nom et Ă cause de cette mosaĂŻque que nous avons le titre de burkinabĂš. Le Burkina nâest rien sans une seule de ces composantes et au nom de ce que nous avons hĂ©ritĂ© de nos ancĂȘtres nous devrons nous battre ensemble pour lutter contre ce genre de message, ignoble, abominable, câest condamnable et donc nous condamnons ce genre de message.
Radio OmĂ©ga : Des populations qui appellent dâautres Ă sâen prendre Ă une franche de la population, pensez-vous quâil y a un problĂšme dâethnie au Burkina ?
Lionel Bilgo : De toute les façons quelque soit la raison, câest inimaginable et ce nâest pas normal quâon arrive Ă avoir de tels propos mais il faut le dire câest vrai il y a eu ces rancĆurs ou ces erreurs du passĂ© que nous avons mis sous le couvert du tabou qui font quâaujourdâhui effectivement il y a encore ces sĂ©diments de conflits inter-ethniques qui existent mais nous devons ensemble nous donner la main pour rompre avec ce lien ancestral de conflit continue et sortir le Burkina Faso de cette terreur ou de ce terreau fertile Ă une crise communautaire.
Radio OmĂ©ga : Le gouvernement a rassurĂ© quâil va rechercher et retrouver les auteurs de ces propos incendiaires pour reprendre vos termes est-ce possible ?
Lionel Bilgo : Quâest ce qui est impossible dans un pays oĂč les populations sont ensemble motivĂ©es et ont la mĂȘme vision? Câest possible de retrouver ces auteurs et je puis vous dire que le ministĂšre de la SĂ©curitĂ© met tout en Ćuvre pour mettre ces auteurs hors dâĂ©tat de nuire, le ministĂšre de la sĂ©curitĂ© est en train dâavancer, collecter les informations nĂ©cessaires et va justement apprĂ©hender ces individus.
Radio Oméga : Est-ce que la dégradation de la situation sécuritaire ne pourrait pas expliquer ces messages diffusés ?
Lionel Bilgo : Oui mais quelle que soit la raison je vous assure M. TraorĂ©, quelle que soit la raison, câest inimaginable et ce nâest pas possible quâon sâadonne Ă certains propos. Il nây a aucune raison, aucune raison qui puisse justifier que nous puissions avoir de tels propos, au contraire, la situation sĂ©curitaire devrait nous amener Ă plus de solidaritĂ©, Ă plus dâentraide, Ă plus de communion, Ă plus de sincĂ©ritĂ© Ă plus de travail en commun pour justement lutter contre cette insĂ©curitĂ©. Ce nâest pas en divisant les burkinabĂš que nous allons y arriver, nous avons deux problĂšmes dans ce pays nous avons une guerre terroriste, et nous avons une guerre fratricide mais tant que nous nâallons pas nous donner la main pour rĂ©gler la deuxiĂšme guerre il sera difficile non pas impossible parce que nous allons y arriver, il sera difficile de rĂ©gler la premiĂšre guerre.
Radio OmĂ©ga : Câest la derniĂšre question, vous avez rĂ©pondu en partie, vous ne cessez justement dâappeler Ă la cohĂ©sion et Ă lâunion pour combattre le terrorisme, ne faut-il pas peut ĂȘtre miser sur les stratĂ©gies de lutte ?
Lionel Bilgo : Les stratĂ©gies de lutte sont lĂ , lâarmĂ©e a opĂ©rĂ© plusieurs stratĂ©gies et aujourdâhui il y a une nouvelle stratĂ©gie qui est mise en place avec la montĂ©e en puissance de lâarmĂ©e. M. TraorĂ©, dites-vous une chose, toutes les attaques que vous voyez ces derniers temps, ce sont des attaques de reprĂ©sailles, lâarmĂ©e a fait une saignĂ©e dans le rang des terroristes il y a de cela quelques jours ou quelques semaines, vous mĂȘme en tant que mĂ©dia, vous lâavez relayĂ©, câest un travail continu de longue haleine. Il nâest pas dit que nous allons gagner ça de façon alĂ©atoire ou en tout cas dans le grand calme câest sĂ»r que les forces du mal vont tout mettre en Ćuvre pour nous dĂ©sunir, pour nous sĂ©parer, pour nous mettre en conflit entre nous-mĂȘmes, câest Ă nous dâavoir une intelligence collective. Quand un terroriste veut une couverture mĂ©diatique, il va commettre de exactions, vous et moi si nous voulons une couverture mĂ©diatique, nous devons dĂ©bourser de lâargent alors il faut que nous fassions tout pour barrer la route Ă ces actes barbares, les condamner rĂ©guliĂšrement et surtout nous mettre en solidaritĂ© avec les forces de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ© pour lutter contre ce terrorisme et nous allons y arriver. Les stratĂ©gies sont lĂ , mais au-delĂ des stratĂ©gies, il faut appeler lâensemble des BurkinabĂš Ă la rĂ©conciliation, nous ne pouvons pas continuer comme ça, nous ne pouvons pas faire des marches aller-retour nous ne pouvons pas continuer ce conflit sans cesse latent, cette guerre entre des personnes qui nous amĂšne dans des relents communautaristes et surtout qui mine notre vivre ensemble. A un moment donnĂ© pour que vous Lamine TraorĂ© et que moi Lionel Bilgo nous puissions avoir un pays en paix pour nos propres enfants comme nos ainĂ©s lâont hĂ©ritĂ©, il va falloir quâon fasse la paix entre eux et que nous les amenons Ă faire la paix entre eux parce que la jeunesse burkinabĂš aspire Ă mieux que ça, la jeunesse burkinabĂš aspire Ă un Burkina de paix, Ă une terre en paix et nous devons nous donner la main pour y arriver.
Entretien réalisé par Lamine Traoré.
Retranscription: Yasmina Ouili