[INVITÉ] Burkina « On a voté une loi qui empêche les journalistes de faire librement leur travail ». (Charles Kiendrebeogo, Journaliste Président de Reporters du Faso)

0
486

Le journaliste Charles Kiendrebeogo, Président de l’association « Reporters du Faso » est l’invité de la rédaction. Avec lui on parle de la journée mondiale de la liberté de la presse célébrée ce 3 mai. Le journaliste Charles Kiendrebeogo est interrogé par Brigitte Yoda.

 

Radio Oméga : Vous êtes le président de l’Association Reporters du Faso et ce 03 Mai c’est la journée mondiale de la liberté de la presse, au plan national la journée est célébrée sous le thème :《les médias Burkinabè face à la révolution numérique, comment mourir pour mieux renaitre ? 》Est-ce un appel à la résilience ou une adaptation face au numérique ?

 

Charles Kiendrebeogo: C’est une adaptation et on est obligé d’aller vers cette adaptation à partir du moment où notre outil de travail évolue. Aujourd’hui le numérique est incontournable, on ne peut pas toujours rester dans le traditionnel et pouvoir être à la page. Vous voyez que les choses évoluent, l’internet est là et les choses avancent et nous en tant que médias traditionnels on est obligé de développer des initiatives pour survivre, pour ne pas rester à la traine donc ce thème nous interpelle à plus de travail pour ne pas perdre le terrain face aux réseaux sociaux par exemple.

 

Radio Omega : Selon le dernier classement du Reporters sans frontières, le Burkina Faso est 41e sur 180 pays, en 2021 il était 37e, une réaction par rapport à cette régression ?

 

Charles Kiendrebeogo: Vous voyez que l’on ne peut pas dormir sous les lauriers, la liberté de presse ce n’est pas donnée pour toujours, on avance en dents de scie et on doit veiller pour que cette liberté qu’on acquiert de jour en jour que l’on puisse garantir aussi qu’on ne perdra pas cette liberté d’un jour au lendemain. Donc c’est un travail de la part des journalistes, c’est un travail de la part des dirigeants, surtout le politique qui pèse un peu beaucoup sur cette liberté de presse.

 

Radio Omega : Vous avez parlé de travail qu’il faut faire pour mériter un meilleur classement et selon toujours le rapport de reporter sans frontière cette régression de quatre points est liée d’une part à la situation sécuritaire qui fait que les journalistes ne peuvent pas aller partout pour travailler.

 

Charles Kiendrebeogo: Justement ça c’est une vérité ! Vous savez qu’ici même on a voté une loi qui empêche un peu les journalistes de faire librement leur travail en ce qui concerne tout ce qui est lié au terrorisme donc cela réduit un peu ces marches qui en voulant aussi trop protéger ce qu’on appelle le secret militaire, on en vient souvent à empiéter sur le terrain de la liberté de presse. Et vous savez que le terrorisme est là, c’est quelques choses qui empêche naturellement les journalistes à faire leur travail et il y a eu des risques et Reporters du Faso a souligné ce qui est arrivé aux européens. Mais il n’y a pas que les européens, les journalistes qui sont sur le terrain, il y en a qui ont dû abandonner leurs localités, y a des radios qui ont dû fermer et des journalistes qui ont dû abandonner leur média pour se retrouver dans des endroits plus sécurisés.

 

Radio Omega : Outre la question sécuritaire, le rapport de Reporters sans frontières pointe du doigt l’avènement du MPSR. Le nouveau régime ne semble pas faciliter la tâche aux Hommes de média, on l’a vu dans la déclaration des organisations professionnelles des média la semaine dernière.

 

Charles Kiendrebeogo: Je dirai même que Reporters du Faso a été le premier à lever le lièvre. Depuis l’installation du président Paul Henri Sandaogo Damiba, il a eu des incompréhensions avec la presse au niveau de la place des nations que nous avions relevées à l’époque. Il y avait aussi, lors de certains évènements, les journalistes n’ont pas accès directement à ces évènements, on recevait les images pour les traiter. Reporters du Faso avait fait un communiqué à l’époque pour dire que c’est le début mais on ne voudrait pas qu’on s’installe dans cette manière de faire parce que la presse a besoin d’être sur le terrain, d’être témoin de certaines choses pour pourvoir relater ce qui est réellement, parce que traiter des images en inbox pourrait aussi ouvrir à des dérives. On a vu des gens qui ont été trahis en voyant des images et qui ont tenté de donner des informations à partir de ces images. Ce n’est pas le travail du journaliste. Il faut que le journaliste puisse être sur le terrain pour faire un travail professionnel. Nous avions lancé cet appel et les média et d’autres associations viennent de reprendre cela, avec des arguments tendent à montrer que cette liberté de presse n’est pas totale et on profite réitérer l’appel à ce que la presse puisse travailler. C’est cela qui va faire avancer cette démocratie que nous voulons dans notre pays.

l’intégralité de l’invité à écouter  ici :

 

Laisser un commentaire