Burkina – Kémi Séba attaque l’État burkinabè devant la Cour de justice de la CEDEAO et exige une indemnisation à hauteur de 50 millions de francs CFA 

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Une semaine après son arrestation au Burkina suivie de son expulsion au Bénin, l’activiste Kémi Séba a décidé d’attaquer l’État burkinabè, a indiqué dimanche l’activiste sur sa page Facebook.

Selon le site Afrik.com, les avocats de l’activiste franco-béninois ont saisi la Cour de justice de la CEDEAO aux fins de condamner le Burkina Faso pour détention arbitraire, atteinte à la liberté de circulation, à la liberté d’expression, au droit à la défense, et à la dignité humaine de leur client.

Dans la requête adressée à la Cour de justice de la CEDEAO, le collectif des avocats du président de l’ONG Urgences panafricanistes –Me Juan Branco du barreau de Paris, Me Cheikh Khoureysi Ba du barreau de Dakar et Me Prosper Farama du barreau du Burkina Faso– dénonce le traitement infligé à leur client, Kémi Séba, en violation flagrante des textes en vigueur au sein de la Communauté, a révélé le site.

«Dans le cadre d’une tournée internationale de conférences et de mobilisations contre le néocolonialisme organisée par l’association Urgences panafricanistes, M. Kémi Séba a donné une série d’allocutions publiques portant sur la question du néocolonialisme à travers le continent africain, sans qu’aucun incident ni violence n’ait jamais été signalé, malgré la présence d’un public en grand nombre», ont déclaré les avocats, dans leur plainte, avant de rappeler le contexte de la présence du leader panafricaniste en terre burkinabè.

Selon Afrik.com, Kémi Seba était nvité par la Coalition des patriotes du Burkina Faso (COPA-BF) pour prendre part à une grande manifestation contre le néocolonialisme français. Il a d’abord pris «soin de s’enquérir de la régularité des conditions de sa venue. Il lui est répondu par les organisateurs que les autorités sont au fait de sa venue sur le territoire, et qu’un contact permanent avec celles-ci est établi», ajoute le site.

Kémi Séba n’est pas à sa première arrestation dans un pays africain. Le président d’Urgences panafricanistes a fait l’objet de plusieurs arrestations et expulsions de plusieurs pays africains, depuis quelques années. «Le 6 septembre 2017, le Sénégal décide arbitrairement de son expulsion vers la France. Le 2 mars 2018, M. Séba se voit refoulé du sol guinéen vers le Bénin. Le 7 Août 2018, il est reconduit du Togo vers le Bénin. En mars 2019, une nouvelle expulsion de la Côte d’Ivoire vers le Bénin intervient, et plus récemment, le 23 février 2020, il se voit expulsé du Sénégal vers la Belgique», ont rappelé ses avocats rapporté par Afrik.com

L’interpellation au Burkina Faso sonne comme l’arrestation de trop qui pousse l’activiste à porter plainte. «C’est depuis 2017 que je subis des persécutions, des restrictions de liberté ; on m’arrête systématiquement plutôt que d’opposer un débat d’idées, parce que les gens qui sont en face de moi n’ont pas la capacité d’émettre des idées contradictoires sur le terrain du néocolonialisme. La plupart des gens savent que c’est vrai, ce sont les vérités qui dérangent», a confié l’activiste au site.

«Donc on m’incarcère, on me met en dépôt, en garde à vue, on m’expulse en violant toutes les règles en ce qui concerne la libre circulation des citoyens au sein de la CEDEAO (…) A aucun moment, il n’y a eu un quelconque débordement lors des manifestations organisées par mon ONG et le Front anticolonialiste français en Afrique (…) Mais, ce que j’ai en retour, c’est la répression systématique par nos élites africaines qui sont corrompues par l’oligarchie française. Le déclic a été que sur la terre de Thomas Sankara, sur la terre des hommes intègres», a déploré le président d’Urgences panafricanistes qui poursuit : «il était inacceptable, impensable, alors que j’avais été invité par la COPA-BF, qu’on me fasse arrêter sans me notifier le motif ; ça a été un kidnapping, on ne m’a pas signifié une quelconque garde-à-vue, on m’a fait arrêter sans me dire les raisons de mon arrestation et on m’a expulsé sans me faire signer un quelconque arrêté d’expulsion, chose que normalement dans la plupart des pays où j’ai été, ils avaient au moins la décence de me présenter cela même si ceci n’était pas légal. Donc, on a estimé que cette fois-ci, c’était nécessaire de marquer le coup».

Dans leur plainte, les avocats de Kémi Séba demandent à la Cour de : « constater la détention arbitraire et les violations des droits afférents du requérant, notamment sa liberté de circulation ; enjoindre l’État du Burkina Faso à indemniser M. Séba à hauteur de 50 millions de francs CFA ; condamner l’État du Burkina Faso aux dépens», a indiqué Afrik.com.

  1. «La requête introduite par ces avocats est doublée d’une demande de procédure accélérée », a précisé le site.

Lamine Traoré

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