NOUS NE VOULONS PLUS AVOIR PEUR PLUS LONGTEMPS Présenté à la quatrième conférence internationale sur la déclaration sur la sécurité dans les Ecoles (Conférence d’Abuja), Octobre 2021.

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NOUS NE VOULONS PLUS AVOIR PEUR PLUS LONGTEMPS

Présenté à la quatrième conférence internationale sur la
déclaration sur la sécurité dans les Ecoles
(Conférence d’Abuja), Octobre 2021.

Ce manifeste a été rédigé par des enfants et représente les voix de 300 enfants
venant de 10 pays, qui ont participé à une consultation avec Save the Children, en
2021, pour discuter une question clé pour eux : Garantir un accès sûr à l’Education.
Ce faisant, il représente la voix de millions d’enfants pris dans les conflits qui
vivent sous la menace de violences, de harcèlement et se voient refuser leur droit
fondamental à l’Education.

MANIFESTE DES ENFANTS – Déclaration
sur la sécurité dans les écoles

Les enfants sont l’avenir de notre monde, et nous sommes très inquiets
de ce qui s’y passe actuellement. De nombreux défis liés à l’économie, à
l’environnement et aux conflits ont un impact sur nos vies et sur nous-
mêmes. Cependant, nous sommes prêts et disposés à soutenir les décideurs
qui s’efforcent de faire progresser les droits des enfants, notamment nos
droits à la protection contre toutes les formes de violence, à une éducation
de qualité et à la protection et à la liberté pendant la guerre.

Pour nous, bénéficier d’une éducation sans danger est une préoccupation majeure. Nous
nous réjouissons que cette problématique soit abordée non seulement par les adultes,
mais aussi par nous, les enfants.

Que signifie pour nous une éducation sans danger ? Amis, sécurité, apprentissage sans
limites, émotions positives. Mais, malheureusement, parmi les nombreuses réalités du
monde actuel, de nombreux enfants ne connaissent pas celle que nous souhaitons.
Nous devons veiller à ce que les enfants du monde entier aient la possibilité de parler
des problèmes engendrés par les conflits. Il est impératif de faire en sorte que leurs voix
soient entendues.

Les enfants du Burkina Faso, de Colombie, du Guatemala, du Mali, du Mexique, du Niger,
du Nigeria, de la Palestine, d’Ukraine et du Yémen, ainsi que les enfants d’autres pays,
ont souffert de la violence et des conflits.

LES ENFANTS ONT PEUR LORSQUE

Les enfants ont peur lorsque des engins militaires passent devant les fenêtres de
leurs écoles ou de leurs maisons, et lorsqu’ils entendent le bruit des explosions et des
tirs.

Les enfants ont peur lorsque les établissements scolaires sont utilisés à des fins
militaires, soumettant les jeunes garçons et filles, les enseignants et le personnel
technique de l’école à un danger permanent.

Les enfants ont peur lorsque des militaires attaquent certains d’entre eux en pleine
rue et lorsque les effets personnels des garçons et des filles sont confisqués et qu’ils sont
persécutés et, dans certains cas, même tués.

Les enfants ont peur lorsque des jeunes sont recrutés par des groupes armés et
impliqués dans les hostilités.

Les enfants ont peur lorsque les armées viennent dans les écoles, les arrêtent ou
tirent sur eux à balles réelles ou en caoutchouc et lorsque des gaz lacrymogènes sont
utilisés.

Les enfants ont peur lorsqu’il n’y a pas d’abris dans leurs écoles ou lorsqu’ils ne
sont pas assez grands pour protéger tout le monde.

Les enfants ont peur lorsqu’il n’y a pas de police pour garder leurs écoles, alors que
des personnes armées entrent librement dans les cours et les bâtiments scolaires.
Tout cela fait naître la terreur dans le cœur des enfants sensibles.

NOS RECOMMANDATIONS

Devant ces difficultés, nous souhaitons vous faire part de nos recommandations :

1.Veiller à ce que les enfants puissent se rendre à l’école et en revenir en toute
sécurité. Certaines mesures peuvent être prises pour y parvenir :

•Améliorer les routes utilisées par les enfants pour se rendre à l’école et les
entretenir de manière à ce que les enfants ne soient pas blessés.

•Mettre en place un service de transport scolaire aller-retour sans danger
pour les enfants. Ne pas permettre aux armées de soumettre les enfants à des
inspections. Mettre fin aux longs retards causés par les points de contrôle.Veillez
à ce que les enfants soient à l’abri de tout recrutement par des groupes armés
sur le chemin de l’école.

•Garantir que les chemins empruntés par les enfants sont sûrs, qu’ils soient
exempts de mines et d’explosifs et qu’ils ne traversent pas des zones où se
trouvent des groupes armés, des bases militaires ou des postes de contrôle.

2. Demander au personnel de sécurité civil autorisé, qui ne fait pas partie du conflit
armé, de monter la garde dans les établissements scolaires et de vérifier qu’il n’y
a pas de danger pour les enfants, comme des mines ou des explosifs à proximité
ou dans l’enceinte des écoles. Vérifier régulièrement que les locaux sont sécurisés
avant le début des cours le matin, afin que les enfants n’aient pas peur d’aller à
l’école.

3. Favoriser les espaces de dialogue entre le gouvernement et les groupes impliqués
dans le conflit armé. Conclure des accords pour que les enfants et les écoles ne
puissent pas être impliqués dans les conflits. Souligner que les écoles doivent être
protégées et que les enfants doivent être tenus à l’écart des attaques.

4. Les parties prenantes au conflit doivent penser à nous, les enfants, à notre avenir et
à l’avenir du pays. Déposer vos armes et faire la paix. Nous souhaitons que la paix
soit instaurée afin de pouvoir retourner dans nos villages et nos écoles.

5. Empêcher les personnes extérieures d’entrer et de nuire aux élèves ou à tout autre
membre personnel de l’école grâce à un système de fichage et à des contrôles
d’identité qui seraient mis en place à l’entrée des établissements.

6. Les gouvernements devraient aider les établissements scolaires à faibles revenus
à se doter de tous les équipements dont ils ont besoin pour dispenser leurs cours.
Cela peut rendre les cours plus agréables et motiver les enfants à poursuivre
leur apprentissage. Certains enfants pensent que les cours sont ennuyeux et
abandonnent l’école, ils sont donc davantage à risque d’être recrutés par des
groupes armés.

7. Les gouvernements devraient installer des détecteurs de métaux dans les écoles
pour empêcher des personnes armées de pénétrer dans l’établissement et de
blesser les enseignants, les élèves ou tout autre membre du personnel.
Organiser des réunions dans les établissements scolaires où les enfants peuvent
exprimer leurs problèmes, leurs inquiétudes et leurs propositions pour rendre les
écoles plus sûres.

8. Offrir une éducation de qualité qui permette aux enfants d’effectuer la totalité
de leur scolarité près de chez eux, y compris les enfants qui vivent dans les zones
rurales. Si les enfants doivent quitter leur communauté pour terminer leur scolarité,
ils sont plus enclins à abandonner l’école, ce qui peut les rendre plus vulnérables au
recrutement par des groupes armés.

9. Veiller à ce que les ressources allouées à l’enseignement ne soient pas détournées
et ne tombent pas dans des mains criminelles ou corrompues, afin que l’éducation
soit réellement protégée.

10. Les gouvernements doivent aider les enfants victimes de guerre à bénéficier
d’un soutien psychologique professionnel pour qu’ils puissent surmonter les
traumatismes que le conflit a engendrés.

APPEL À L’ACTION
Toutes ces recommandations doivent être mises en œuvre sans discrimination d’aucune
sorte, qu’elle soit fondée sur l’ethnie, la nationalité, le sexe, la religion ou le handicap.

Nous appelons tous les pays du monde à passer à l’action.

La Déclaration sur la sécurité dans les écoles joue un rôle très important car elle nous
fait nous sentir protégés. Tous les États qui n’ont pas signé la déclaration devraient le
faire.

Nous ne voulons plus avoir peur. Nous voulons nous sentir en sécurité et cesser de nous
inquiéter pour nous-mêmes, les membres de notre famille et nos amis.

Aux pays qui ont déjà signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, nous tenons
à vous remercier d’essayer de garantir la sécurité de l’éducation des enfants et de leurs
écoles, et nous espérons que vous continuerez à le faire et que vous inviterez d’autres
pays à signer cette déclaration afin que les écoles soient complètement sans danger.

Tel est le message que les enfants du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Nigeria, du
Guatemala, de l’Ukraine, de la Colombie, du Mexique, de la Palestine et du Yémen
veulent partager.

 

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