Burkina – A Madjoari des hommes armés contrôlent les identités des personnes dans les entrées et les sorties, selon le Maire de Madjoari

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L’invité de la rédaction est le maire de Madjoari, localité située à une centaine de kilomètres de Fada, dans l’est du pays. Selon les témoignages, depuis plusieurs mois, Madjoari est sous le contrôle d’hommes armés qui vérifient les entrées et les sorties de la localité. Le maire lance un dernier appel aux autorités qui doivent agir urgemment pour sauver la localité.

Oméga : Adjima Thiombano Bonjour

Adjima Thiombiano : Bonjour Lamine Traoré

Oméga : Dites-nous à ce jour quelle est la situation sécuritaire dans votre commune ?

Adjima Thiombiano : La situation actuelle de la commune de Madjoari est trop triste, vraiment, c’est trop triste. Aujourd’hui nous ne savons pas quoi dire.

Oméga : On apprend que Madjoari est placé sous embargo par des groupes armés, qu’en est-il ?

Adjima Thombiano : Tout à fait, des personnes non identifiées contrôlent les identités des entrants et des sortants, elles assurent la police de proximité dans les deux axes Arly-Madioari et Pama-Madjoari, elles exigent aux hommes de laisser leurs barbes et de porter des pantalons sautés. Tout cela nous on a accepté mais cela n’a pas suffit jusqu’à ce qu’on commence à dire aux populations de quitter le village totalement. Ces hommes armés ont donné un ultimatum à Kodiari. De Kodjari, ils ont continué à Namouhiri, de Namouhiri, ils ont continué à Monbar, de Monbar, Tanli, chaque village avait son tour. Ils disent qu’il reste maintenant Madjoari et Tanbarga. Ces hommes disent qu’ils vont sauter le pont de Singou alors qu’il y a un camp militaire à côté à Tanbarga à quelques kilomètres de là où ils font leur travail, leur opération… ils ont commencé à tuer les gens, ils ne sont même pas inquiétés, ils sont assis à deux par poste et ils font le contrôle normalement, les entrées et les sorties.

Oméga : Il y a un mouvement qui a lancé un SOS « Madjoari se vide », le mouvement est d’ailleurs en conférence aujourd’hui (NDLR lundi) à Ouagadougou, vous confirmez que votre localité se vide ?

Bien-sûr, la ville est vide parce que sur les 14 000 habitants il ne reste que 1 000 habitants, la ville se vide y a rien là-bas aucun… 6 villages sur les 8 villages ont quitté. Il ne reste que Madjoari et Tanbarga seulement qui restent dans la commune.

Oméga : Est-ce que le situation vous préoccupe sérieusement ?

Adjima Thombiano : Cette question posée vous devez la poser à l’autorité centrale qui doit vous répondre, parce que depuis les premières heures on a eu à informer tout le monde, l’information est passée partout, en province, à la région, au niveau national, partout on a pleuré, partout on a informé qui de droit. Moi j’ai quitté moi-même venir à Ouagadougou. Je suis passé dans les bureaux… là où je pouvais taper, j’ai tapé les portes… mais rien. Cette question, vous allez poser ça à l’autorité centrale qui doit vous donner la réponse et voir si Madjoari est dans le Burkina ou bien Madjoari appartient à un autre pays ?

Oméga : Est-ce que vous pensez que les autorités doivent agir urgemment ?

Je vous demande, c’est quelle autorité vous dites ? Dès les premières heures on a informé. Elles devraient agir, le détachement était là-bas. On devait donner même des instructions aux détachement de tout faire pour au moins venir en aide à ces populations. Si c’est aujourd’hui que les autorités vont agir, nous estimons que c’est trop tard au regard du nombre important de déplacés. Nous ne savons plus où partir? C’était leur devoir d’agir rapidement. Si le pont de Singou saute, ce n’est pas seulement Madjoari qui est coupé, c’est la Tapoa et je vous assure que vraiment la question sécuritaire dans la commune de madjoari est très dégradée de telle sorte que la Kompienga est là, mais la Kompienga aussi va partir. Il faut savoir que Madjoari va partir, Pama va partir, il n’y aura pas la province de Kompienga s’il n’y a pas Madjoari il faut le savoir. A tous les Burkinabè, que chacun se cherche, que chacun se prépare, cette situation sécuritaire va nous bouffer. On ne voit rien, on n’a pas d’autorité…vraiment il n’y a pas d’autorité vous allez m’excuser parce que si Madjoari part, il n’y a pas d’autorité dans ce Burkina, moi j’ai dit ça aussi.

Oméga : Adjima Thombiano merci

Adjima Thombiano : merci beaucoup Lamine Traoré

Entretien réalisé par Lamine Traoré

Retranscription: Yasmina Ouili

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