Burkina : Présidentielle 2020 : «Je suis la personne la mieux indiquée pour apporter le changement dans notre pays» (Tahirou Barry)

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Tahirou : j’estime que je suis la personne la mieux indiquée pour apporter le changement dans notre pays, parce que simplement je suis un homme attaché foncièrement à la volonté, à la vérité et aux valeurs. La volonté, parce que c’est la force qui indique le chemin quel que soit les obstacles. Les pyramides d’Egypte ont battues par des personnes au grand dénouement qui n’avaient que la seule volonté. Aujourd’hui ça fait parties des sept merveilles du monde. La foi parce que c’est elle qui illumine la vie, c’est elle qui donne de l’énergie, c’est elle qui donne de la motivation. Les valeurs parce que c’est elle qui nous permet de nous remettre sans cesse en cause et de nous élever vers ce qui est essentiel dans la vie et de nous éloigner de la futilité et de tout ce qui est éphémère.

Oméga : plus de la moitié de vos adversaires que nous avons reçu ici ont donné ces éléments aussi comme qualités. Qu’est-ce qu’il y a de plus en peigne roue ? Pourquoi  est-ce que c’est vous qui devez être chef d’Etat ?

Tahirou : André Mayreau l’a dit, l’homme n’est rien d’autre que la somme de ses actes. Il faut apprécier l’histoire de ceux qui défilent devant vous pour vous faire une opinion. J’ai un parcours, j’ai un passé, j’ai des principes, j’ai une trajectoire, il appartiendra donc à vous d’apprécier et au peuple de décider de façon libre en son âme et conscience.

Omega : et ce peuple vous écoute, ceux des campagnes et des villes. On commence par ceux des campagnes, pourquoi ils doivent voter pour vous et qu’est-ce que vous leur offrirez ?

Tahirou : Ce que j’offre à mes frères et sœurs de la campagne, c’est de faire en sorte que l’essentiel de leurs activités qui reposent dans le secteur rural soit valorisées. C’est de faire en sorte qu’il y ait pour eux après un travail digne, après un travail rigoureux qu’il y ait des revenus qui les permettent d’être à l’abri du besoin. Ce n’est pas le cas parce que nous avons un système agricole qui est appauvri, nous avons un système rural qui est appauvri. Nous avons un certain nombre d’investissement dans le milieu qui ne sont pas valorisés. Si vous regardez la courbe des différents pourcentages accordés à ce secteur dans la part du budget, ça n’a jamais atteint 10%. Dans la loi qui a été votée pour 2021, loi de finance si ma mémoire est bonne, le pourcentage tourne autour de 6 %. Cela n’est pas normal. Donc nous, nous disons que nous allons effectuer un investissement massif dans le secteur rural qui emploie près de 77 % de la population burkinabè afin que ce secteur soit source de création de richesse, source de revenu pour ceux qui y travaillent et en même temps un facteur de la marche vers l’émergence.

Oméga : en milieu rural comme en milieu urbain les jeunes nous avons les jeunes  qui constituent la grande partie de la population, qu’est-ce que vous leur proposez ?

Tahirou : en milieu urbain, la solution passe nécessairement par la refondation du secteur éducatif. Si vous me permettez le terme, je peux même dire de révolution du secteur éducatif parce qu’il faut faire en sorte que le secteur éducatif soit porteur de chance, porteur de valeur et soit plus qualifiant. Donc il faut transformer le système de telle sorte que tous ceux qui bénéficient de la formation sortent avec des connaissances adaptées aux milieux sociaux professionnels et aux besoins des différents employeurs. Cela n’est pas le cas.

Oméga : ce que beaucoup de gens disent, il faut adapter la formation mais quel lien on peut faire justement entre cette formation dont les jeunes vont bénéficier et le cadre peut être qui puisse leur permettre du travail rémunéré ?

Tahirou : non, il faut simplement faire des études. Il faut faire des études avec les besoins du milieu de l’emploi et naturellement avec les modules qui sont enseignés. Il faut aller vers la professionnalisation du secteur éducatif. Quand je prends les mines où j’ai travaillé pendant plusieurs années en tant que gestionnaire des ressources humaines, je ne peux pas vous dire combien de fois il y a des postes qui n’ont pas été pourvus du faite de l’inexistence de compétence. Quand vous prenez des postes comme les instrumentistes  au niveau de l’usine, la mécanisation au niveau de l’usine, vous prenez des ingénieurs miniers avec une certaine expérience, vous prenez des mécaniciens d’un certain niveau, donc il y a nécessité d’étudier l’environnement professionnel ; en conséquence de prévoir des systèmes de formations qui intègrent cela dans le contenu des modules. Et c’est ça qui peut nous permettre de faire face aux besoins.

Oméga : il y a des lycées professionnels, il y a même des lycées scientifiques, vous dans ce domaine qu’est-ce que vous allez faire ? Est-ce que vous allez créer par région je ne sais pas peut être des lycées  scientifiques, professionnels, comment vous allez le faire, combien de centres vous allez créer justement pour ces jeunes-là ?

Tahirou : c’est exactement ce que vous dites. Nous allons vers la création de lycées professionnels, des lycées techniques, de lycées agro-pastoraux dans chaque région en fonction de la  spécificité de chaque région. Il ne suffira pas seulement de les créer mais il faut les équiper. Et il faut faire en sorte que ceux qui vont s’y retrouver, se retrouvent dans des conditions d’études optimales. C’est-à-dire que nous allons prévoir un accompagnement boursier. Il n’est pas normal que dans ce pays avec plus de deux cent mille étudiants et près d’un million d’élèves que nous ayons à peine vingt mille boursiers. Cela n’est pas normal, c’est une démission totale de l’Etat. C’est pourquoi dans notre programme, nous envisageons octroyer près de six cent mille bourses à des élèves et étudiants méritants, parce que je connais pour avoir vécu cela, l’importance d’une bourse pour un élève, pour un étudiant. Sans la bourse je n’allais pas être devant vous pour vous parler de ce que je suis en train de dire.

Oméga : mais il faut de l’argent, où est-ce que vous allez avoir de l’argent pour construire ces écoles dont vous parlez, ces centres de formations et aussi octroyer ces bourses ?

Tahirou : c’est parce que nous n’avons pas commencé par les différentes priorités, sinon j’allais vous dire que la priorité de notre action, c’est le système éducation.

Oméga : les femmes font plus de la moitié de la population burkinabè, elles vous suivent sur Oméga Tv et la Radio Oméga, pourquoi toutes les femmes doivent-elle voter pour vous ?

Tahirou : je pense monsieur sur ce point je n’ai aucun doute. Il faut dire que les femmes constituent le pilier de toute société. Généralement quand l’homme est à l’extérieur, c’est la femme qui devient l’œil et l’oreille des enfants, et c’et qui veuille sur la santé de la famille. Donc nous, nous estimons qu’il faut faire en sorte que toutes les activités génératrices des femmes soient promues. Cela passe par la facilitation à l’accès aux crédits, à l’accès aux subventions, à l’accès aux garanties. Au niveau des femmes rurales, il faut surtout travailler à sécuriser les accès à la terre, les attestations de possession tertiaire doivent être généralisées de telle sorte que lorsqu’une femme exploite la terre, il ne faut pas que plus tard  elle puisse être dépossédée. Il faut en sorte que les femmes aient accès à la formation. C’est pourquoi nous avons prévu dans notre programme un certain nombre de structures de formations de coures durée pour permettre à ces femmes de se spécialiser dans leurs domaines d’activités. Nous ferons en sorte que les femmes soient représentées dans les différentes instances de décisions qui les concernent en premier chef. Quand vous prenez par exemple les CASEM, vous prenez les différents conseillers municipaux, il y a nécessité que les femmes soient entendues sur les aspirations profondes afin que leurs préoccupations soient intégrées dans les différents politiques qui sont engagés. C’est un ensemble donc de mesures et j’estime qu’elles doivent permettre à la femme véritablement d’être autonome du point de vue économique et de contribuer au développement de la nation.

Oméga : Parlez par exemple de permettre aux femmes d’être propriétaires de terres. Dans certains milieux sociaux culturels vous pensez que la pullule va passer ?

Tahirou : mais il faut procéder à des sensibilisations. Dès lors que nous avons conscience que la femme est une actrice privilégiée de développement, mais il n’y a aucune raison que l’homme s’oppose à l’expansion de ses activités, à la croissance de ses activités, sauf si l’homme lui-même est opposé à la femme. Je ne pense pas que ça soit le cas, c’est une question de sensibilisation, c’est une question de compréhension. Et dès lors que la plupart des revenus de la femme sont orientés vers la satisfaction des besoins de la famille, il faut travailler à ce que ces revenus-là soient valorisés.

Oméga : Tahirou Barry la campagne qui a lieu pour la présidentielle du 22 novembre, il y a un sujet qui va beaucoup peser dans la balance : l’insécurité. Quelle est votre offre pour ces populations de l’est du Burkina, du Sahel  et de la région du Sourou qui ne peuvent pas retourner dans leurs villages aujourd’hui, qui ne peuvent pas voir leurs enfants allés à l’école du fait de l’insécurité. Quelle offre concrète vous avez pour eux ?

Tahirou : la résolution du problème de la sécurité se trouve dans l’articulation entre la sécurité et le développement. Il faut non seulement dans un premier axe accroitre les moyens affectés aux forces de défenses et de sécurité pour faire face à l’ennemi.

Oméga : vous trouvez qu’actuellement ces forces de défenses et de sécurité n’ont pas assez de moyens ?

Tahirou : Mais ils n’ont pas de moyens. Il y a un véritable problème, un sérieux problème d’équipement. Quand vous regardez les différentes attaques qui ont endeuillées les familles des forces de défenses et de sécurité, qui ont endeuillées la nation, quand vous analysez, c’est en partie dû à un déficit d’équipement. Ce qui fait qu’ils sont  pratiquement livrés à la boucherie. Combien de familles ont été endeuillées suite à cette négligence coupable de l’Etat ? Je prends un exemple,  prenez le budget 2021 sur deux cent cinquante-quatre (254)  milliards affectés à la sécurité, vous pouvez lire, il n’y a qu’à peine huit (08) milliards consacrés au volet équipement. Pensez-vous que c’est normal ? Dans cette guerre contre le terrorisme, les forces de défense et de sécurité n’ont pas suffisamment de moyens aériens pour effectuer leur travail ? N’ont pas suffisamment de moyens de communication pour essayer de procéder aux alertes ? N’ont pas suffisamment de moyens de protections ou des moyens de visibilités notamment à travers les drones ?

Oméga : combien vous allez mettre à la disposition de l’armée en terme d’équipements ?

Tahirou : c’est ce que j’ai dit, nous, nous allons prévoir la relecture de la loi de programmation militaire qui est actuellement à 725 milliards, nous, nous comptons l’apporter à 1000 milliards parce que nous estimons que la question sécuritaire est une question urgente qu’il faut absolument traiter avant d’aller vers le développement.

Oméga :   mais il y’en a qui vous disent qu’il ne suffit pas d’avoir le matériel peut être les hommes aussi que peuvent les utiliser. On parle de moyens aériens est-ce qu’il y a suffisamment de pilotes au niveau de l’armée pour conduire ? Est-ce qu’il y a aussi un budget qui est prévu pour l’entretien de ces appareils ?

Tahirou : Quand je parle de loi de programmation militaire de 1000 milliards, ce n’est pas exclusivement l’équipement. C’est un ensemble, parce que quand l’Assemblée nationale par exemple a fait son analyse de la situation sécuritaire, qu’est-ce qu’elle a proposé ? 14 recommandations et dans les 14 recommandations, il y avait une recommandation qui était relative au soutien massif d’urgence qu’il faut accorder au secteur de la sécurité pour leur permettre de jouer sur les effectifs, d’améliorer la motivation, d’améliorer les renseignements et d’améliorer les équipements. Est-ce que cela a été fait convenablement ?  Il y a problème. Il y a également nécessité comme vous l’avez dit de former, d’actualiser, de perfectionner, de spécialiser nos forces de défense et de sécurité parce que sur le terrain les techniques de combat évoluent, la nature du danger évolue ; je ne suis pas spécialiste mais j’estime que ces genres de combats nécessitent une actualisation permanente, donc c’est tout cet ensemble qui doit s’intégrer dans le budget qu’on doit octroyer à l’armée. Mais à côté de cela nous prévoyons également une loi de programmation sécuritaire en plus de celle militaire parce qu’il y a la gendarmerie, il y a la police qui sont aussi au front et qui se battent mais qui malheureusement souffrent d’un déficit en terme d’équipement, en terme d’effectif, en terme de motivation. Voyez-vous par exemple que nous avons près de 30 % de localités qui n’ont ni commissariat ni gendarmerie.

Oméga : A vous entendre la solution est beaucoup plus militaire ?

Tahirou : je n’ai pas terminé. J’ai dit deux volets : articulation sécuritaire. Maintenant articulation développement, là, la question de l’insécurité doit être traitée dans ses racines. Et la racine, c’est quoi ? C’est la misère, c’est les inégalités, c’est les tensions sociales, c’est le chômage. Vous ces zones comme l’Est, ces zones comme le nord, comme le Sahel, comme la Boucle du Mouhoun ont été pendant longtemps les oubliettes les zones du Burkina Faso dans le processus de développement. Il faut corriger cela et c’est cette tentative qui est engagée à travers le plan d’urgence pour le Sahel. Mais à quel prix et avec quel retard ? C’est pourquoi nous disons que la solution de la sécurité se trouve dans l’articulation entre les moyens sécuritaires qu’il faut affecter aux forces de défenses et de sécurité et les actions de développement qu’il faut engagées

Oméga : quel plan vous allez lancés ? Il y a le plan d’urgence pour le Sahel, vous n’en êtes pas satisfait. Est-ce que Tahirou Barry, président il y aura un plan, je ne sais comment on va l’appeler, de combien de milliard pour développer ces localités ? 

Tahirou : non je ne suis pas satisfait en termes de mise en œuvre mais pas même dans la philosophie. La philosophie est bonne. Dans la mise en œuvre si vous faites le point des différentes réalisations qui sont effectuées, il y a assez d’écart qu’il faut chercher à comprendre et à rattraper.

Oméga : est-ce que vous de ceux qui pensent qu’il faut aujourd’hui négocier avec les terroristes ?

Tahirou : c’est une question qui à mon humble avis ne doit pas être abordé de façon officielle. Il y a dans un Etat, une diplomatie, il y a un certain nombre de données qui ne sont pas à la portée du citoyen moyen, disons du citoyen ordinaire, donc ceux ont en charge de la gestion de la question sécuritaire doivent intégrer tous les éléments dans l’appréciation de la question. Le plus important, c’est des dispositions doivent être prises pour sécuriser la population, pour sécuriser le territoire et faire en sorte que les Burkinabè vivent dignement et dans la tranquillité.

Oméga : La vie en communauté au Burkina Faso souffre ces deux temps pour des questions politiques. Il y’en a qui pensent qu’il faut aller à la réconciliation, Tahirou Barry pense quoi ?

Tahirou : la ligne directrice dans la réconciliation doit se fonder dans le tri type : vérité, justice et enfin réconciliation.

Oméga : en d’autres termes ?

Tahirou : pour qu’il ait réconciliation, il faut que les zones d’ombres soient éclairées. Il faut que les torts soient connus et réparés. Il faut que la vérité soit connue et enfin c’est à ce prix que les uns et les autres peuvent s’assoir et connaitre l’apaisement du cœur. Ce n’est pas du théâtre la réconciliation. Ça doit être un processus du cœur et accepter librement. Si on fait le théâtre que nous avons connu en 2001, il est évident que ça ne servira ni notre histoire, ni notre nation.

Oméga : quand on prend l’exemple de l’ancien président Compaoré qui est actuellement en Côte d’Ivoire, qui a exprimé le vœu de renter, est ce que s’il se confesse ça suffit ou bien il faut forcement le juger pour les dossiers où il est soupçonné avant de le libérer ou est-ce que au nom du repenti vous pensez qu’on peut l’accepter parce que c’est cas même un ancien chef d’Etat qui a fait 27 ans au pouvoir ?

Tahirou : c’est ce que j’ai dit. Dès lors que les différentes questions non élucidées sont élucidées, si la vérité est connue, il appartient maintenant à la nation d’adopter le projet de la réconciliation.

Oméga : A travers une juridiction, un jugement ou simplement à travers une journée de pardon ?

Tahirou : moi je pense qu’il faut combiner les deux facteurs. Il y a le processus transactionnel, pour accélérer le processus et si on combine les deux, moi je pense que les Burkinabè ont une tradition de pardon, les Burkinabè ont une tradition de tolérance. Le plus important que les victimes puissent connaitre pourquoi leurs parents ont subi le sort qui s’est abattu sur eux ? Ils ont besoin de comprendre, ils ont besoin de savoir.

Oméga: la difficulté est que   ceux qui sont considérés comme bourreaux après jugement, pensent systématiquement devenir des victimes. Est-ce qu’on n’essaie pas de se trouver dans un cercle vicieux où les bourreaux deviennent des victimes, des victimes des bourreaux et puis chacun s’accusent?

Tahirou: non, je pense que dès lors que les choses sont clarifiées, l’histoire est clarifiée, les faits sont établis0. Il n’y a pas lieu de se perdre dans les conjonctures.

Oméga: Quelle condition vous allez poser pour le retour de Blaise Compaoré?

 

Tahirou: aucune condition. J’estime que le président Blaise Compaoré  est fils de la nation. Il a servi le pays pendant 27 ans. Il a le droit de revenir dans son pays et se mettre à la disposition de son pays et de répondre à toutes les sollicitations. Il n’y a aucune raison pour le président Blaise Compaoré de se soustraire de cette nation qu’il a tant aimé et qu’il a contribué à bâtir. J’estime donc que si monsieur Blaise Compaoré  doit rentrer au Burkina Faso, il doit rentrer librement et se soumettre aux instructions de  la république.

Oméga: le Burkina Faso vit une situation économique pas très enviable, classé parmi les pays les plus pauvres du monde. Est-ce que Tahirou Barry a la solution magique?

Tahirou: la question du développement économique du Burkina Faso ne doit pas occultés des faits qui sont têtus. Regardez aujourd’hui le budget qui est l’expression chiffrée de la politique de l’Etat. Quand vous regardez le budget depuis un certain nombre d’années, la part de l’investissement ne fait que décroitre. Aujourd’hui nous sommes à une tendance à la baisse de près de 15%. Nous avons les recettes fiscales qui sont absorbées à plus de 90% par les dépenses courantes. C’est avec quel mécanisme on peut aller vers le développement? C’est avec quel mécanisme on peut aller vers l’investissement quand on sait que c’est l’investissement qui a fait les trames glorieuses en Europe. Quand on sait que c’est l’investissement qui a fait les dragons d’Asie, qui a fait les tigres d’Asie? Il y a donc cet obstacle qu’il faut lever.

Oméga: comment?

Tahirou: il faut lever en réduisant les charges budgétaires de l’Etat.

Oméga: ce qui veut dire qu’il faut revoir le salaire des fonctionnaires et autres avantages ou au moins qu’est-ce que vous allez faire?

Tahirou: les salaires des fonctionnaires ne suffisent même pas. Aujourd’hui ils sont nombreux ceux qui ont peurs de travailler dans l’administration publique; parce que tu vois un peu le cout de la vie et tu regardes ce qui rentre dans poche, tu ne peux pas vivre dignement en tant que salarié. Qu’est-ce qu’il faut faire? Il faut accroitre les recettes de l’Etat. Et l’accroissement des recettes de l’Etat passe par la lutte contre l’incivisme et la fraude. Quand vous voyez dans les rapports d’activités de la direction des impôts, l’Etat perd chaque année près de 100 milliards du fait de la fraude, du fait de l’incivisme fiscale. Il y a des dettes fiscale qui dorment qui vont de près de 400 à 600 milliards. Il y a la fraude sur l’or. A travers l’orpaillage par exemple nous avons autour de près de 6 tonnes d’or fraudés chaque année qui représente autour de 10 milliards. Nous avons la fraude sur les motos. Selon le comité de lutte contre la fraude, c’est à cout de milliards. Nous avons la fraude sur le carburant.

Oméga: et là ce sont des réseaux bien organisés, comment vous allez les affronter? On a vu en ce qui concerne les motos et autres, les douaniers qui ont essayé justement de s’interposer, des fonds ont été pris par des populations entières.

Tahirou: mais il faut permettre à ces douaniers d’avoir les moyens et de lutter contre les fraudeurs qui sont constitués en organisations mafieuses. Mais si vous vous présentez devant un adversaire armé d’un revolver et vous, vous vous présentez devant lui avec une hache, vous connaissez l’issu du combat l’homme à distance.

Oméga: donc il faut mettre beaucoup de moyens à la disposition des services chargés donc de recouvrir les recettes de l’Etat?

Tahirou: il faut mettre les moyens. Ce sont les services qui sont de gariens. Souvent, même le simple carburant  peut effectuer des sorties qui n’existent pas. Cela n’est pas normal. Il faut les motiver également. Il faut faire en sorte que les différents services de recettes aient les moyens pour recouvrir les recettes.

Oméga: Est-ce que votre idée va croitre les investissements et réduire les charges de l’Etat? Ça, ça ne pourra pas faire miracle, il faut aller au-delà.

Tahirou: et pourtant! Je vous dis que c’est une solution miracle contrairement à ce que vous pensez. Supprimer les institutions inutiles et budgétivores comme le conseil économique et social, comme le médiateur du Faso, comme les différents hauts conseils, hauts conseil réconciliation, haut conseil dialogue social, les différents colloques qui sont organisés, les différents séminaires à ne pas finir, les voyages inutiles. Vous voyez ce que ça peut repenter comme masse dans la caisse de l’Etat. Vous pensez que l’Assemblée nationale doit fonctionner avec 127 députés? Le CNT a fonctionné avec combien de députés? Ils n’ont pas été aussi efficaces comme l’Assemblée actuelle? Moi, je pense qu’avec deux députés par province et un député supplémentaire pour le Kadiogo et le Houet suffisent pour effectuer la mission de contrôle de l’action gouvernementale, la mission de représentation et la mission de vote du budget.

Oméga: Où est-ce que vous allez investir alors le plus  s’il y a surplus?

Tahirou: Mais, le secteur éducatif est un secteur prioritaire. C’est un secteur qui est source de transformation mentale et le développement socio-économique dans ce pays.

Oméga: ça ne crée pas, ç a en crée par de la richesse.

Tahirou: mais je sais pais comment vous, vous tirez une telle conclusion? Le secteur éducatif c’est un investissement qui crée de la richesse à long terme.

Oméga: On rentre de plein pied dans l’éducation puisque le sujet est revenu deux fois. Selon quel est le problème du système éducatif actuellement?

Tahirou: le système éducatif souffre dans son contenu, dans sa finalité dans son efficacité. Dans son contenu les modules ne sont pas adaptés à l’environnement de travail, il faut les revoir. Dans sa finalité à travers ses valeurs, il faut introduire des modules sur le civisme, il faut introduire l’enseignement des langues nationales qui doivent etre vecteur de promotion culturelle et de cohésion sociale. Il faut faire en sorte que le système éducatif soit à la portée du Burkinabè moyen, parce qu’il ya un certain nombre de couches socio-professionnelles qui voient leurs enfants exclus de l’école parce qu’ils n’ont les moyens de faire face aux charges.

Oméga: l’école primaire est gratuite, on ne renvoie plus à un certain niveau déscolarisation. on une des universités où la scolarité n’est pas extraordinairement élevé.

Tahirou: je pense que c’est très simple. Faite une petite enquête en tant que journaliste et je suis sur qu’après l’enquête vous n’allez pas  dire ce que vous venez de me dire. L’école aujourd’hui coute chère .

Oméga: la scolarité coute combien actuellement?

Tahirou: quand vous prenez les lycées privés. L’offre publique n’est pas suffisante. Il y a combien de familles qui ont leurs enfants dans les établissements publics même ceux qui ont leur entrée en sixième, leur entrée en seconde? Ils sont combien? L’école burkinabè a été privatisée et malheureusement les écoles privées n’ont pas le

soutien qu’ils doivent bénéficier de la part de l’Etat afin de jouer cas même sur les frais d’inscriptions. Sous la révolution, moi personnellement j’ai fait le lycée Djomba mais les frais de scolarité étaient à 40 000 F et ça permet à mes parents de faire face à ses charges. Ça veut dire que si l’Etat subventionne de façon conséquente ces établissements on peut une certaine baisse dans les frais.

Oméga : L’Etat le fait. Il y a beaucoup de fonds qui sont envoyés dans les établissements privés.

Tahirou : Regardez, j’étais dans une mission parlementaire à Bobo Dioulasso, nous avons rencontré les promoteurs des établissements privés. Qu’est-ce qui nous revient ? La subvention qui est accordée, c’est 250 millions et nous revient que même un établissement privé ne gagne pas 100 mille francs. Qu’est-ce que 100 mille francs  représente  dans les charges de fonctionnement d’un établissement ? C’est de la poudre aux yeux. Il ne faut pas divertir l’opinion. Aujourd’hui, c’est une évidence que quand vous êtes un enfant issu de famille pauvre, vous n’avez pas la chance de bénéficier une éducation de qualité. Et pire c’est le spectacle triste et humiliant de l’exclusion des élèves  qui n’ont pas payé leur frais scolarité restant que nous assistons quotidiennement. Cela n’est pas normal.

Oméga : vous allez faire quoi ? Vous allez rendre l’école gratuite jusqu’à quel niveau ? Comment est-ce que vous allez résoudre le problème ?

Tahirou : au-delà de la proclamation de la gratuité de l’école, il y a des actions concrètes. Il faut accroître l’offre publique de formation à travers la création de structures publique. C’est vrai que la gouvernance actuelle avait promis quand je prends le secteur universitaire qu’est-ce qu’il avait promis ? 26 amphithéâtres, faites déjà le point c’est combien qui ont été construits ?  C’est moins de 10. Ils avaient promis quoi ? 7 bibliothèques. Ils avaient promis 6 cités universitaires. Ça n’a pas été atteint. Nous disons qu’il faut un investissement massif dans le secteur éducatif en termes de pourcentage  qui sera bien représenté 30%  du budget de l’Etat soit 4500 milliards pour le quinquennat. En plus de cela il faut faire en sorte que les différentes années soient normalisées dans les universités. Cela passe par la création d’une université virtuelle avec les différents centres numériques. Nous prévoyons autour de 20 centres numériques parce qu’avec ces chevauchements, personne ne sait en quelle année sommes-nous. Et tout cela doit s’accompagner avec l’octroi de bourses aux élèves méritant pour leurs permettre de suivre dignement la formation et de réussir à leur formation.

Oméga : Est-ce que vous allez tout chiffrer ça en termes de nombres d’écoles, de nombres d’amphithéâtres que vous allez construire et en termes aussi de milliards de francs cfa ?   

Tahirou : nous avons chiffré en termes de milliards tout ce qui concerne l’accrîssement de l’offre des infrastructures, l’octroi de la bourse. Quand je prends par exemple l’octroi de la bourse, nous sommes autour de 180 milliards en raison de 20 mille francs pour 400 mille élèves pendant dix mois et de 40 mille francs pour deux cent mille étudiants pendant dix mois également. Cela fait 180 milliards. Nous avons estimé également qu’il faut aller vers le recrutement des enseignants. Vous voyez également aujourd’hui les ENEP privées ont des difficultés  alors que les ENEP publiques à eux seules n’arrivent pas à la disposition de l’Etat tout le personnel qu’il faut. Donc c’est un ensemble d’actions rigoureuses, énergiques, audacieuses qu’il faut engager pour permettre à notre pays véritablement de se repositionner sur les chantiers de l’émergence.

Oméga : un autre terrain sur lequel vous n’allez pas vous reposer sur le milieu social les grèves intempestives. Comment vous comptez faire face à la grogne sociale une bombe assez délicate aux mains des gouvernants ?

Tahirou : non c’est la conséquence d’une rupture de confiance entre gouvernants et partenaires sociaux. C’est une rupture après tant de promesses non tenues ou mal tenues. Combien d’engagements n’ont pas été tenus ? Combien d’engagements ont été partiellement tenus ? Combien d’engagements ont été mal tenus ?  Mais avec cela, ça devient un  dialogue de sourd. Moi je pense qu’il faut agir sur la qualité du dialogue social. Il faut agir sur le respect de la parole donnée et il faut se parler de façon sincère, de façon franche, il faut se dire la vérité, telle est la capacité réelle de l’Etat, telles sont les possibilités de mobilisation de ressources de l’Etat et quel sont les besoins pressant des partenaires sociaux ? Les besoins indispensables à l’accomplissement de leurs missions professionnelles. Et c’est autour de ça que les engagements doivent être pris.

Oméga : mais la sincérité n’est pas toujours le défaut mais ce que l’autre demande  et que vous ne pouvez pas trouver souvent est pompe de discorde. Les syndicats veulent qu’on augmente les salaires. Vous êtes devant une situation où vous n’avez pas forcement les capacités financières. Ça peut créer la rupture ?

Tahirou : oui mais s’il y a une inadéquation entre le train le train de vie de l’Etat et la misère crache entre griffe des travailleurs qui se saignent chaque jour dans les campagnes, des villes vous pensez qu’ils vont supporter cela ? Il faut que quand on parle de réduction du train de vie de l’Etat il faut que ça soit du sommet jusqu’à la base.

Oméga : vous revenez sur cette expression, vous avez l’impression que les fonctionnaires burkinabè vivent très mal ?

Tahirou : ce n’est pas une impression, c’est un constat.

Oméga : pourtant les gens trouvent que c’est le contraire.

Tahirou : mon frère, je vous donne un exemple simple. Souvent nous discutons mais on oublie qu’il y a des réalités qui sont évidentes. Le fonctionnaire moyen a une rémunération de 100 mille francs.

Oméga : vous êtes dans quel niveau ?

Tahirou : Catégorie A. Bon quand je dis moyen c’est vraiment moyen parce que je ne parle pas ni de la catégorie B, ni de la catégorie C. De façon global si on ajoute même les indemnités, c’est une rémunération moyenne de 100 mille. Vous avez un loyer que vous payez autour de 30 à 40 mille et ça même c’est vous êtes peut être jeune et vous n’êtes pas encore marié. Si vous êtes mariés, vous êtes obligés de prendre à un standing autour de 60 mille. Vous avez combien pour éduquer vos enfants ? Vous avez combien pour payer votre moyen de déplacement ? Vous avez combien pour faire face à vos charges de santé ? Vous avez combien pour au moins un peu de loisir ? Vous avez combien pour vos parents ? Quand on sait que le travailleur a au moins dix personnes à sa charge.

Oméga : mais avec les indemnités la plupart se trouve au-delà de 150 mille 200.

Tahirou : mais j’ai pris juste la moyenne.

Oméga : donc il faut augmenter déjà ? On peut aller déjà sur le principe que pour vous il faut augmenter les salaires des fonctionnaires. S’il y a lieu d’augmenter les salaires des fonctionnaires en fonction des entrées fiscales, nous devrons aller vers cela, parce que la situation salariale des fonctionnaires n’est pas satisfaisante.

Oméga : on a une économie qui dépend beaucoup de deux secteurs : l’agriculture et l’élevage. Comment est-ce que vous allez développer ces deux secteurs ?

Tahirou : j’ai tout à l’heure que le système rural n’est pas suffisamment valorisé. Et qu’est-ce qu’il faut faire ? Au niveau du système rural, il faut aller vers l’accroissement de la productivité. Et l’accroissement de la productivité passe  d’abord par l’investissement. Si je prends le secteur agricole, il faut les terres, nous avons prêt de 9 millions hectares de terres cultivables exploitées à peine de 50%, nous avons prêt de 500 mille hectares de baffons non aménagés. Nous avons prêt de 200 mille hectares de terres irrigables non  aménagés. Mais nous, nous disons qu’il suffit seulement d’aménager ne ce reste que 25 mille hectares pour installer sur ces terres des coopératives agricoles, cinq, dix et ce problème est résolu. Deuxièmement, il faut l’eau. Nous avons prêt de 200 milliards de m3 d’eau que nous recevons chaque année, mais il y a peine 5% qui sont retenues à travers les barrages. Les barrages eux-mêmes autour de 1400 barrages, il y a près de  la moitié qui sont dégradés. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut les aménager. Il faut créer les petits barrages   et faire ce qu’on appelle la valorisation agricole des petits barrages. Ça doit permettre aux agriculteurs d’opérer de façon optimum leurs activités et maintenant on accompagne par la mécanisation, la motorisation, les intrants agricoles, la formation, l’organisation. Et en dehors de cet aspect on va vers l’élevage et là il y a la question de l’aliment de bétail qu’il faut revoir. Il y a la question des pistes pastorales, nous envisageons près de 1000 hectares à aménager chaque année. C’est parce que ce n’est pas aménagé qu’il y a des conflits meurtris. Il faut sécuriser les accès à la terre notamment tout ce qui peut être source de richesse. Et il faut surtout interdire aux promoteurs immobiliers de s’y aventurer. Les terres réservées aux activités agro-pastorales ne doivent pas faire l’objet de spéculations foncières. Et après cela, nous partons maintenant vers la transformation.  Pour la transformation il faut accompagner les structures de transformations, il faut aller vers la modernisation. Il faut faire en sorte que ceux qui sont engagés dans ce processus puissent avoir des produits qui seront compétitifs. Et c’est à travers ces produits compétitifs qu’on peut créer de la valeur ajoutée, qu’on peut créer la richesse, ce n’est pas avec l’or qui est précaire. Moi j’ai été au Ghana, nous avons visité l’usine de pagnes, mais notre coton quitte ici pour aller là-bas. Ces pagnes fabriqués et nous sont revendus ici.

Oméga : mais là c’est l’intention, la volonté vous voulez faire. Mais concrètement comment est-ce que vous allez réaliser tout cela pour pouvoir transformer ces produits, pouvoir construire des barrages ? De l’argent vous allez l’avoir où, combien au juste ? Concrètement comment ça va se passer avec vous ?   

Tahirou : mon frère Paré, j’ai tout à l’heure qu’il y a des masses d’argent qui dorment dans les tiroirs. Il y a les dettes fiscales.

Oméga : mais est-ce que vous avez un schéma ? Vous allez prendre l’argent où ?

Tahirou : nous allons voter un budget. J’ai dit c’est le budget qui est l’expression chiffrée de la politique de l’Etat. Nous envisageons un budget annuel de 3000 mille milliards. Dans ces 3000 mille milliards il y aura des pourcentages à affecter dans tel secteur, tel autre secteur en fonction des priorités.

Oméga : sur le plan régional, l’économie est relationnelle. Le Burkina fait d’une communauté, la CEDEAO, on a un destin monétaire le CFA. Aujourd’hui Tahirou Barry, chef d’Etat, demain on reste dans le CFA ou bien on quitte  seul ou avec les autres ?

Tahirou : non seul ne me parait pas conséquent parce que dès lors qu’on a une destinée commune, une communauté de destin, il faut aller vers la coopération. Seulement, j’estime qu’il faut cesser de jouer à l’hypocrisie. Il nous faut recouvrir de façon pleine et entière notre souveraineté monétaire.  Et si les Etats francophones ne veulent pas véritablement endosser cette responsabilité, il est clair que les pays anglophones vont s’assumer. Il faut assoir le divorce entre l’euro et l’éco. C’est un divorce qui s’impose si véritablement on veut affirmer notre indépendance.

Oméga : est-ce qu’il n’y a pas trop d’enjeux autour de tout ça ?

Tahirou : le seul enjeu c’est le développement économique de l’Afrique et ça, ça ne se négocie pas. Il faut s’assumer, il faut avoir la liberté de définir par nous-mêmes ce qui est bon pour nous et ce qui n’est pas bon pour nous. Il n’y a pas lieu de maintenir un lien soi-disant un lien de convertibilité  qui n’a aucun sens.

Oméga : on s’intéresse à un autre aspect parce que quand on parle de préoccupations des Burkinabè, il y a aussi cette question, la santé. Qu’est-ce que vous avez prévu justement dans ce domaine ?

Tahirou : la question de la santé doit être orientée davantage vers la prévention. Parce que voyez-vous l’une des raisons des graves maladies, c’est l’absence de prévention, regardez le paludisme. Le président Thomas SANKARA en 1984, dans son discours à l’ONU, qu’est-ce qu’il a dit ? Il s’indignait aux noms des femmes qui voient leurs enfants mourir de paludisme alors qu’il existe des moyens simples pour les soigner. Près de 35 ans après ce discours, nous avons toujours dans ce pays près de 4000 enfants qui meurent chaque année de paludisme alors qu’à travers les moustiques et les moustiquaires imprégnés, c’est des questions qu’on pouvait régler. Il faut agir sur la prévention, l’espoir de masse. Pourquoi pas ne pas instituer un jour dans la semaine, où on invite tous les groupes socio-professionnels a s’engagé dans le sport de masse. Vous voyez le nombre de maladies qu’on peut éviter ? Donc ça, c’est un premier volet, le deuxième volet c’est surtout l’accroissement de l’offre de santé. Et l’accroissement de l’offre de santé, une fois de plus, on ne nous dit pas la vérité. Il était prévu près de 284 CSPS qui devaient être construits. Apparemment il y a peine une centaine qui sont construits. Il était prévu la transformation des CSPS en centres médicaux autour de 200 également. Mais constat, il n’y a que 32 qui ont été transformés. Donc nous sommes toujours dans une situation où il y a encore des femmes des suites de grossesses et de l’accouchement. Sur 100 mille naissances, il y a 143 femmes qui décèdent.

Oméga : il y a eu la promotion de la gratuité des soins, est-ce que vous allez poursuivre avec cette mesure

Tahirou : la gratuité des soins c’est de la poudre aux yeux. Faites des enquêtes. Vous avez la possibilité d’aller sur terrain.

Oméga : pourtant certaines personnes l’apprécie positivement

Tahirou : bon certaines personnes à quel prix ? C’est près de 100 milliards qui ont été investis. Ces 100 milliards s’il y avait une gestion transparente de cette manne financière pouvait être plus efficace ailleurs, par exemple l’accroissement de la qualité des plateaux techniques. Si les plateaux techniques sont accrus, il y a un certain nombre de drames qui ne peuvent pas survenir. Il y a eu un acteur culturel, il y a quelques années qui a perdu sa femme simplement parce que la table d’accouchement n’était pas adaptée. Vous pensez que c’est normal dans ce pays ?

Oméga : mais est-ce que vous allez continuer avec la gratuité ou bien vous allez y mettre fin ?

Tahirou : la question de la gratuité sera réexaminée, elle sera réexaminée de façon approfondie, mais nous disons que cette question peut être intégrée dans la politique de l’assurance maladie, lorsqu’elle sera pleine et effective ? Si la question de l’assurance maladie est pleine et effective mais la question de la gratuité des soins sera caduque.

Oméga : admis dans le gouvernement de Roch aux premières heures de son élection, vous avez créé la sensation en claquant la porte avec des critiques  peu amicales vis-à-vis du chef de l’Etat. Beaucoup avaient conclu à l’époque à une immaturité politique de votre part. Qu’est-ce que vous les répondez ?

Tahirou : bon, avec recul si je devais rédiger ma lettre de démission, il est évident que certains termes allaient être extraits. Peut-être  simplement extrait, parce que l’intention qui m’a animé était pure. J’ai dit que je ne suis pas d’accord avec la politique qui a été menée 22 mois après. Et ce que les gens oublient, parce que j’ai entendu des propos disant que c’est parce qu’on devait m’éjecter du gouvernement et autre. Mais nous, on n’entre pas dans le gouvernement avec ces calculs. On a estimé qu’on devait m’éjecter du gouvernement  à cause de la crise avec le PAREN. Mais les premières flèches  que j’ai reçu quand j’étai dans le gouvernement du PAREN, c’était en août 2016. Pourquoi je n’ai pas démissionné à cette période ? Je suis resté. J’ai démissionné parce que un, c’était un engagement avec le bureau politique du PAREN. Avant de nous engager dans la mouvance, nous avons fait une réunion et nous avons dit, nous allons apprécier deux ans au maximum à travers un bilan à mi-parcours et à la suite de cela nous allons tirer les conséquences. Moi je ne suis pas allé là-bas en tant que Tahirou Barry, je suis allé au nom d’une formation politique et vingt-deux mois après je fais le constat. Et si vous regardez les cinq raisons que j’ai invoqué pour démissionner restent encore d’actualité jusqu’à demain je vais répéter ces raisons, ces millions de jeunes chômeurs sans perspectives d’espoir, la situation économique de désespoir, le PNDES qui a lui-même d’un plan d’urgence de sauvetage, le PNDES a été le prototype parfait de l’échec du parti au pouvoir, les pilotages à vus, les forces de défenses et de sécurité livrées aux forces ennemis sans larmes de pitié et sans moyens pour se défendre et enfin la trahison de l’esprit de l’insurrection populaire, voilà les raisons que j’ai invoquées et jusqu’aujourd’hui je les maintient.

Oméga : pensez-vous que vous ferez mieux  à la place de Roch Kaboré?

Tahirou : l’avenir appartient à Dieu, mais comme j’ai dit au début de l’émission, je suis un homme attaché à la volonté et Churchill l’a dit « là où il y a la volonté, il y a un chemin »

 

Oméga : vous pensez que les autres présidents n’avaient pas la volonté de transformer ce pays ?

Tahirou : écoutez, jugez les faits. Les problèmes du Burkina Faso sont connus, les solutions sont connues. Qu’est-ce qui manque ? C’est la volonté politique.

Oméga : Tahirou Barry, président, quelle serait votre première mesure ?

Tahirou : ma première mesure c’est dans 48h, la mise en place d’un gouvernement de 15 membres avec réduction de 30% de salaire du président jusqu’au ministre.

Oméga : vous ne disiez pas un salaire qui n’existe pas ou bien vous voulez prendre le salaire de Roch moins 30% ?

Tahirou : mais c’est ça. Puisque c’est prévu par décret.

Oméga : peut-être que vous allez réduire moins si vous découvrez que c’est beaucoup ?

Oméga : dans cette émission, les autres candidats vous allez nous dire ce que vous pensez d’eux. On a une urne. On va vous demander de tirer cinq personnes et nous dire ce que vous pensez d’eux.

Tahirou : Abdoulaye SOMA. Je ne l’ai pas trop côtoyé. Je constate que c’est un professeur d’une certaine qualité. J’apprécie donc ces différentes interventions publiques dans son domaine de compétence.

Yacouba Isaac ZIDA, je pense que c’est un soldat qui a fait preuve de patriotisme à un certain moment de l’histoire de notre pays. Aujourd’hui il est candidat à la présidentielle, je souhaite donc que sa candidature prospère dans une certaine mesure pour aider à engager le processus de changement.

Claude Aimé TASSEMBEDO, avec tout le respect que je lui doit je ne le connais pas .

Roch Marc Christian Kaboré, j’ai tellement de choses à dire sur lui, c’est mon beau. Donc je dois revoir le contenu de mon appréciation. Je l’ai dit à maintes reprises, je suis désolé de le répéter, c’est un président qui était profondément endormi au milieu d’un feu de brousse.

Oméga : il s’est réveillé maintenant ?

Tahirou : appréciez vous-mêmes.

Oméga : non c’est vous qui le dit.

Tahirou : je ne pense pas qu’il soit réveillé.

Do Pascal SOSSOUMA, je l’ai beaucoup apprécié en tant que journaliste. Aujourd’hui il est engagé sur le plan politique. Je souhaite donc bon vent à lui et succès dans sa nouvelle mission.

Oméga : Tahirou Barry, merci d’être passé à « si je suis élu ». Tous nos vœux vous accompagnent pour la réussite et qu’au soir du 22 novembre, nous puissions faire le bilan ensemble. Merci.

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